Ton Epine // Larry

d e u x i è m e s e m a i n e // (4)

Louis est de nouveau allongé contre toi, depuis que vous vous êtes éveillés ce matin.

Les canules dans vos nez pour gérer vos crises du matin, il s'est traîné jusqu'à ton lit et t'a demandé de te pousser. Il s'est allongé sous ta couverture en soupirant d'aise, se nichant au creux de tes bras sans que tu ne demandes rien. Depuis, il n'a pas bougé. À l'entente de sa respiration, tu sais qu'il ne s'est pas rendormi, mais ses yeux sont fermés et il semble presque apaisé. Délicatement, tu caresses son dos du bout des doigts, t'amusant des frissons que tu y dessines. C'est le genre de moments que tu adores, totalement en-dehors du temps, entouré d'une bulle impénétrable qui te donne envie que cela dure toujours. L'affection te manque, en donner aussi et Louis prend tout sans jamais rien te demander ; sans jamais rien contester.

Louis finit par remuer et redresser la tête, te faisant face. Ses yeux s'ouvrent et tu tombes directement dans ses pupilles. Toujours d'un bleu sombre mais limpide, il t'aspire chaque seconde un peu plus encore, te rendant incapable de t'en détacher. Tu y es ancré fermement et si c'est effrayant, tu ne souhaites pour autant pas t'en détacher un seul instant. Il finit par rompre la distance entre vous et lier tendrement vos lèvres. Tout est doux et apaisant ; tout est de nouveau parfaitement aligné et tu n'as plus peur. Plus peur de mourir, plus peur de vivre non plus ; plus peur d'aimer, plus peur de cesser d'aimer. Sous ses lèvres, tu es libre Harry ; libre et léger.

Tu es toi.

Tu peux enfin être toi.

Respirer,

sans en être terrifié.

Il roule sur toi, te surplombe. Détache ses lèvres et tu ne peux empêcher un petit geignement de passer tes lèvres ce qui te fait aussitôt rougir. Louis est là, tout près de toi, mais il parvient à te manquer encore. Tu le veux plus proche, toujours plus proche ; tu aimerais qu'il se fonde en toi complètement, que vos corps fusionnent et que vous ne fassiez plus qu'un. Une seule et même douleur pour deux personnes, cela devait être bien plus supportable, non ? Si seulement vous pouviez la séparer en deux, vous la partager, tout serait tellement plus simple. Mais tu es toi, il est lui, tu ne veux plus penser à tout ça alors

tu l'embrasses à ton tour.

Tes doigts sur ta peau,

vite

il te manque

tu rouvre les paupières.

Les yeux dans les yeux,

le bleu orage (bleu mirage)

t'y bois la tasse, tu t'y noies,

tu aimerais que ça ne s'arrête pas.

Chacun de ses doigts qui te frôle est comme une grande inspiration qu'il t'autorise à prendre. Il est le chef d'orchestre de ta respiration, le magicien de ta cage thoracique, il te touche tu vis il s'éloigne tu meurs. Ta peau frissonne lorsqu'il passe dessus, tu ne sais plus depuis quand tu n'avais pas ressenti cette tornade dans ton ventre. Ça n'est pas de l'amour mais un désir pur – désir pour le corps en face de toi, désir pour ces yeux qui grondent, la tempête qui y fait rage et lorsque tu tends les bras et les enroules autour de sa nuque, les nuages gris dans ses pupilles s'apaisent légèrement. Tu as du pouvoir sur lui autant qu'il en a sur toi et c'est cette constatation qui te secoue de part en part jusqu'à t'en faire trembler.

Il s'approche, vos lèvres se frôlent, vos souffles se mêlent, tu ne veux plus vraiment réfléchir à si c'est bien ou si c'est mal, si ça te fera claquer maintenant ou plus tard, tu ne veux plus vraiment penser alors ta nuque se tend et rompt cette si faible distance entre vous pour l'embrasser. Baiser-brouillon, vous êtes maladroits comme si vous ne saviez plus vraiment comment on faisait pour embrasser sans tout briser. Ce n'est pas si grave. Tu t'accroches, tu ne veux pas quitter ses lèvres, pas un instant, même lorsque tu le sens perdre sa respiration, même lorsque la tête te tourne par manque d'oxygène, même lorsque sa main glisse sous ton haut, trouve ton ventre et ta peau qui brûle à son contact. Tu ne veux pas le lâcher mais tu en es bien obligé – si tu ne l'embrasses pas tu fonds mais si tu continues de l'embrasser tu meurs.