𝐚𝐬 𝐚𝐧𝐠𝐞𝐥𝐬。𝐬𝐤𝐳

Twentieth

La nuit observait Changbin qui ne cessait de changer de position pour tenter de dormir. Il était troublé. Et peut-être qu'il culpabilisait même. Mais il ne voulait pas. Qui pouvait lui en vouloir ?

Le jeune garçon regardait la lune du coin de l'œil, il avait laissé la fenêtre ouverte, comme les nuits où il avait mal et celles où ils réfléchissaient bien assez.

"Que devrais-je faire ?" : il demandait conseil à la lune, "elle toujours si brillante, doit connaître la solution". Cependant, elle ne pouvait lui répondre.

Alors, Changbin s'allongea de nouveau sur le dos pour faire face au plafond. Puis, il se releva doucement.

- Très bien Félix, t'as intérêt à être vraiment blessé, fit Changbin, espérant abandonner sa lutte.

Il alla se chercher un survêtement, un sweatshirt oversize et des baskets, les enfila, puis sortit, avec seulement son téléphone en poche et sa carte pour le bus.

Dès qu'il était arrivé à l'arrêt de bus, le bus était présent, comme s'il l'attendait, et il ne lui laissa pas avoir une seule pensée. Et puis, grâce à Jisung, il savait quel était l'arrêt de Minho.

Le bus était presque vide, un jeune couple se trouvait au fond, partageant des écouteur, alors le noiraud décida de s'asseoir vers le devant du bus, fixant encore une fois la lune : "Sois de mon côté." pensait-il.

Au moment où il se rendit compte qu'il n'allait pas tarder à arriver, une boule au ventre lui apparu, devait-il faire demi-tour ? Après tout, rien ne disait qu'il allait réellement trouver Félix, ce dernier pouvait bien être déjà rentré.

Mais son regard vit de loin, un sweat qui lui paraissait familier, regardant de long en large, il reconnut la silhouette. Alors enfin il se décida.

Quand la porte s'ouvrit, Changbin se précipita dehors alors que Félix était sur le point de monter dans le bus. Puis il lui attrapa le bras, pour le ramener vers lui.

Félix sursauta, mais avant même qu'il n'ait pu se tourner pour découvrir la personne qui le tenait si fermement, Changbin commença à parler :

- Suis moi.

Le garçon aux cheveux roses reconnu la voix et Changbin sentit un net changement en Félix, pensant d'abord que ce dernier tremblait de froid, celui-ci s'était arrêté de trembler en l'entendant.

- C'est même pas ton arrêt, fit Changbin en soupirant.

Cela signifiait une chose, Félix ne comptait pas rentrer chez lui, ce qui irritait Changbin, qui lâcha son bras pour attraper sa main. Ils traversèrent la route, pas un chat ne se trouvait dans cet rue et rare était les passants : "Étonnant pour un vendredi soir" pensa Changbin.

À l'arrêt de l'autre côté, il vit que le bus n'arrivait que dans 5 minutes, alors il se demandait une nouvelle fois s'il faisait la bonne chose, mais il sentit une pression sur sa main et ses pensées disparurent.

Il surveillait du coin de l'œil Félix mais ce dernier baissait la tête sur laquelle se trouvait en plus de cela sa capuche.

Il s'en voulait de lui avoir fait peur mais aussi particulièrement de l'avoir "laissé", il était censé être son ami. Il savait que Félix était fragile, il l'était tant qu'il l'oubliait parfois à cause de l'image qu'il donnait à tous.

Puis le bus arriva, avec un peu plus de monde que la première fois, et Changbin paya pour deux puis se dirigea dans le fond, entraînant avec lui Félix. Il laissa ce dernier s'asseoir près de la fenêtre, il s'était ensuite assis à côté de lui.

Changbin ne savait pas réellement ce qui l'avait mené à cette situation, il l'avait fait prendre son bus sans y avoir penser plus tôt. Il levait la tête vers le plafond du bus, mettant au clair ses émotions : il avait réagi sans aucune réflexion et avait laissé ses sentiments décidaient de ses actes. Mais, sachant qu'il se mettrait à trop penser, il ferma simplement les yeux, sentant la chaleur de la main de Félix dans la sienne.

Il sentit une pression sur son épaule et comprit qu'il s'agissait de la tête de Félix. À ce moment, il n'osait même plus respirer de peur de trahir ses pensées, cependant, il entendait la respiration de l'autre garçon qui se voulait irrégulière mais qui se calmait doucement.

Les deux jeunes garçons passèrent tout le trajet ainsi et, quand il fallut descendre, Changbin émit une pression sur la main de Félix qui se leva aussitôt.

Ils étaient descendus près de chez le noiraud, mais ce n'était pas là-bas qu'il comptait se rendre en premier temps. Le quartier était calme, ne se trouvant pas dans un coin avec des attractions qui pousseraient les jeunes à y passer leur vendredi soir. Changbin se dirigeait à l'opposé de chez lui, ayant lié de lui-même ses doigts à ceux de Félix, dans un petit parc ou plutôt ce qui paraissait à Félix comme une aire de jeu de résidence. Ils s'étaient ensuite tout deux assis sur un banc et Changbin avait décidé de retirer sa main, bien que ses sentiments lui criait le contraire. Il avait de plus remarqué que Félix lui semblait d'autant plus fragile quand il ne lui tenait pas la main. Était-ce une illusion, provoquée par la noirceur du parc, n'ayant que très peu d'éclairage, ou simplement sa vision de garçon amoureux ? Car en effet, Félix avait beau embrassé Seungmin, il avait beau "ignoré" les sentiments de son aîné et même parfois s'en jouer, il avait beau draguer d'autres personnes, les sentiments de Changbin restait présent.

- Félix, tu peux enlever ta capuche ? Dit-il enfin après quelques minutes dans le silence.

- Non, répondit-il simplement.

Il s'agissait de ses premiers mots de la soirée.

- Félix, commença Changbin, ton existence me rend confus.

Félix semblait avoir du mal à saisir car il tourna la tête vers son interlocuteur. Ce dernier avait le nez rougis par le froid ou peut-être tout simplement, fixant un point inconnu dans la nuit.

- Comment ça ? Se décida-t-il de répondre.

- Tu es agaçant, tu m'irrites sans cesse... Et tu me blesses. Pourtant, la simple pensée que quelque chose de mal puisse t'arriver me met hors de moi.

Changbin prit non seulement de nouveau la main de Félix dans la sienne mais il prit la seconde, attendant patiemment la réaction de celui qui l'empêchait de dormir.

Et cela était arrivé surprenamment, car Changbin avait senti sur sa main une larme.

Il était conscient de tout. Changbin savait qu'il était lui-même un idiot. Il savait que cette larme n'était pas causé à cause d'un simple gars qui l'aurait frappé pour une querelle de couple. Il savait et il l'avait toujours su. Mais il avait été lâche et avait laissé Félix seul.

Il avait laissé celui qu'il aimait seul, à cause de ses sentiments ennuyeux : il culpabilisait et au fond, il savait que c'était en grande partie sa propre faute.