25. « J'attendrais le temps qu'il faudra. »

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La semaine m'a paru horriblement longue, malgré l'avance considérable que j'ai prise dans de nombreuses matières. Les déjeuners étaient ennuyeux bien que Nathan et Nora aient fait tout leur possible pour me distraire. Mais le plus effrayant, c'est la peur de m'enfoncer dans ce quotidien barbant jusqu'aux vacances de la Toussaint.

J'assiste à ma dernière heure de cours de la semaine. Mon option de photographie. Je suis assise dans le fond de la salle, perdue aux milieux de visages inconnus. Tout le monde est pendu aux lèvres de notre professeur qui nous raconte comment il s'est intéressé à la photographie. Il s'agit probablement d'un moyen d'installer un cadre chaleureux au sein de notre groupe de dix étudiants. Mes yeux, eux, se baladent sur les murs de la salle où sont accrochés de magnifiques clichés pris avec des appareils professionnels. Rien à voir avec mon Polaroïd ou encore mon petit appareil photo. Je vais devoir investir dans un meilleur appareil.

Le projet du semestre ne sera pas des moindres, finit par dire Gaël, notre professeur, après avoir terminé son récit. Je vais vous demander de réaliser une série de photographies qui devront me raconter une histoire, une histoire qui vous tient à cœur. Je veux quelque chose de personnel et de profond. Pas de simples clichés de paysages que vous trouvez jolis. Il faut que votre art puisse nous dire qui vous êtes, ce que vous aimez, qui vous aimez.

Je suis peu emballée par le projet. J'ai toujours été discrète dans les lieux où je ne me sens pas à l'aise, et je ne le suis pas dans cette salle de classe, entourée de personnes dont j'ignore tout jusqu'au prénom. Je sais que je serais amenée à les connaître au fil des semaines, mais est-ce que j'ai vraiment envie de montrer au monde qui je suis ? Par ailleurs, je ne suis à Toulouse que depuis quatre semaines, alors qui est Charline ici ? Car elle est différente de celle de Metz, qui était entourée des mêmes amis et qui n'avait jamais eu le sentiment d'être seule.

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Je suis affalée dans mon fauteuil depuis que je suis rentrée de l'école. Je jongle entre la conversation Snapchat qui a repris du service depuis le week-end dernier et Pinterest, en quête d'inspiration pour mon projet. Qu'est-ce qui peut bien me représenter ?

Alessa : Merci des conseils. Un chaton c'est peut-être trop tôt en effet. 😉 Et sinon Charline...Oli ne devait pas rentrer hier ?

Je bloque devant son message qui me ramène directement à la réalité.

Moi : Je pensais, mais il est peut-être encore à Montréal. 🤷🏻‍♀️

Agathe : Non. Ils étaient à l'aéroport hier soir ➡️ Story Instagram

Depuis quand Agathe suit-elle les deux frères sur les réseaux ? Je souffle devant mon téléphone, agacée que mon mensonge ne soit pas passé. Mais je n'ai pas envie de leur dire que j'ai évité tous ses messages du début de semaine et que depuis mercredi soir c'est silence radio. J'ai été stupide de penser que je pourrais lui parler de Alec. Les filles ne sont pas revenues dessus depuis lundi, mais Oli ne me connaît pas assez pour savoir qu'il vaut mieux éviter de me questionner quand je veux ignorer un sujet.

Moi : Le décalage horaire, ça fatigue. Il doit se reposer.

Cette fois, ma réponse est parfaitement réfléchie. Mais ce n'est pas pour autant que je pense vraiment ce que je dis. On sait tous les deux que le silence radio est dû à la gêne entre nous deux.

Alessa : T'as essayé de le contacter au moins ?

Agathe : Je parie que non.

Je suis si prévisible que ça, pour qu'elles sachent que je ne lui ai pas envoyé de message depuis lundi ?

Poliroid (Bigflo & Oli)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant