12. « J'ai pas besoin de photo pour me souvenir de toi. »

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Le taxi me dépose devant une bâtisse qui me paraît abandonnée. Je ne suis vêtue que d'une robe en jean et d'une petite veste, alors le vent me fouette les jambes. Je regarde tout autour de moi mais ne vois personne. Il n'est quand même pas dans cette maison ? Je sors mon téléphone de mon sac avec l'idée en tête de lui envoyer un message.

charline_blze : C'est un canular ton invitation ? Le taxi m'a déposé devant une maison à l'abandon.

oli_real : Cette maison n'est pas si abandonnée. Je suis sur la terrasse du deuxième étage. Monte. 🙃

Je range mon portable puis pousse la porte d'entrée de la maison, située sur le côté du bâtiment. Je ne suis absolument pas à l'aise dans cette demeure. Elle ressemble beaucoup trop à la maison du "Secret des Marrowbone" et je n'ai pas envie d'y trouver une personne emmurée. Il y a de la poussière partout, des meubles usés par le temps et des murs probablement chargés de l'histoire des derniers habitants de la maison. Je monte rapidement les marches me séparant du deuxième étage, puis une fois arrivée sur le palier, je me remets à stresser. Je ne vois vraiment personne ici et encore moins une ouverture menant à une terrasse. Si c'est une mauvaise blague de sa part, je vais faire une crise cardiaque. Je déteste les films d'horreur alors me trouver au milieu d'une maison à l'abandon ne m'enchante absolument pas.

charline_blze : Oli, sérieux. Je vois personne au deuxième étage. Je commence à flipper. 😢

oli_real : Attends. Je viens te chercher. ✌🏻

J'entends des pas dans mon dos. Mes poils se dressent sur chaque recoin de ma peau. J'espère vraiment que c'est lui. Je prends mon temps pour me retourner, essayant de voir du coin de l'œil qui arrive. Si ça continue, je vais me faire dessus. J'exécute la fin du tour sur moi-même les yeux à moitié fermés. Je les ouvre seulement lorsque j'entends un rire.

T'étais vraiment sérieuse quand t'as dit que t'avais peur ? rit-il en voyant mon teint pâle et mon visage crispé.

J'acquiesce d'un signe de tête, puis lui souris pour lui montrer que je vais quand même bien. Il me prend alors le bras pour probablement me conduire à la fameuse terrasse.

Allez, viens.

Je me laisse conduire jusqu'à une porte-fenêtre qui est entre-ouverte. Le vent passe entre les rideaux qui sont poussiéreux. Je me demande bien comment il connaît cet endroit ou surtout ce qui lui est passé par la tête quand il a décidé qu'on se verrait ici. J'arrive sur la terrasse puis je fonce jusqu'à l'extrémité de cette dernière, les yeux bercés par la vue. Je comprends parfaitement pourquoi il a choisi cet endroit. La vue est imprenable, donnant sur une partie de Toulouse, qui est, je dois le reconnaître, magnifique de nuit. Rien à voir avec ma ville natale.

J'ai eu la même réaction que toi en venant ici la première fois, me dit-il calmement, en s'accoudant à la rambarde, juste à côté de moi.

Mince. Je suis obligée de répondre à une pareille déclaration. Je pensais pouvoir m'en sortir avec des gestes de la tête, mais là je ne peux pas. Je dois me forcer un peu. Et au pire, je risque quoi ? Seulement de bégayer, mais il a l'habitude avec moi.

Co-Comment...t'as découvert...cet...cet endroit ? je parviens à dire en y mettant tout mon coeur.

Il a l'air ravi que j'essaye de lui parler, car il me fait un grand sourire avant de se refermer. J'ai dû toucher un point sensible. Cette maison est sûrement chargée de certains de ses souvenirs, à lui aussi. Je baisse les yeux avant de me concentrer sur la vue. Je préfère mille fois un long blanc plutôt que de le forcer à me répondre.

Poliroid (Bigflo & Oli)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant