Presqu'un mois s'est écoulé depuis cette nuit de rêve, hors du temps, hors de tout. Mais la réalité et la vie d'Oli nous ont rapidement rattrapés. Les concerts s'enchaînent de son côté, tandis que le quotidien morose de la vie d'étudiante me lasse.
En ce dimanche soir de janvier, je suis assise dans mon éternel fauteuil, mon cahier de photographies sur les genoux et je me contente d'en tourner les pages d'un air ennuyé. De temps à autre, je le lève les yeux vers mon téléphone sur lequel je fais défiler les nombreuses vidéos prises lors du concert du soir, au Zénith de Nantes. Je me sens envieuse, plus que n'importe qui, des Visionnaires présents dans la salle. Mon envie ne se rapporte pas à ma tristesse de ne pas assister au concert, comme sûrement de nombreux fans derrière leur écran, comme moi. Je les envie seulement de pouvoir voir le sourire de Olivio en direct, un sourire que je n'ai pas vu depuis presque un mois.
Aux dernières vacances, il est parti très tôt le dimanche matin, si rapidement que je n'ai pas pu lui dire au revoir comme je l'aurais souhaité. Ensuite se sont enchaînées les dernières rectifications pour les concerts au sujet des décors, puis les répétitions sont rapidement arrivées, si bien que je n'ai l'ai vu que deux petites heures avant leur premier concert du 18 à Montpellier. Mais tout ça, je le savais avant d'en tomber amoureuse. Alors pourquoi c'est si dur ?
Je finis par quitter mon trône et déposer mon cahier sur la table basse, puis marche d'un pas lent vers la fenêtre que j'ouvre doucement, laissant la fraicheur de la soirée s'engouffrer dans l'appartement. Je passe ma tête vers l'extérieur et m'accoude au rebord de fenêtre.
Dehors, la nuit a pris place et semble couvrir la ville comme un voile, tandis que la Lune observe chaque personne dehors. Les quelques travailleurs du dimanche rentrent chez eux avec empressement, ravis de retrouver leur cocon. Des adolescents s'amusent en bande, insouciants de ce qui se passera demain, comme si leur vie était figée sur l'instant présent. Quelques couples marchent main dans la main, ne faisant pas attention à ce qui se passe autour car le monde leur appartient. Le monde appartient à ceux qui s'aiment, mais pas à moi.
Je sens un soufflement brusque et forcé dans mon dos, me sortant de ma bulle. Emma se tient debout dans le salon, les mains posées sur sa taille et le regard sévère. Je sais d'avance ce qu'elle va me dire, chose que je n'ai pas envie d'entendre car elle a raison.
— Tu vas continuer à te trainer de cette manière, encore longtemps ? gronde-t-elle.
— Emma...ça va, je te le jure, je gémis déjà fatiguée à l'idée de la discussion qui va suivre.
Elle lève les yeux au ciel, très peu convaincue par ce que je viens de dire.
— Tu me sors cette phrase depuis quelques jours déjà. Chaque soir de concert en fait, s'agace-t-elle.
— C'est juste le temps que je m'y fasse, d'accord ?
Je l'entends rire jaune.
— Que tu t'y fasses ? Mais te faire à quoi ? Tu n'as pas à voir ça comme une punition. On dirait que tu subis cette relation depuis presque un mois.
— C'est pas ça...c'est juste dur, OK ? Mais j'irai mieux quand il reviendra de la tournée des zéniths, je lui promets en refermant la fenêtre.
— Oui, jusqu'aux prochains déplacements, aux tournées des festivals de cet été, dit-elle en soupirant. Tu ne peux pas continuer comme ça.
Et je sais qu'elle a raison sur ce point. Jamais je ne me serais imaginée que je vivrais aussi mal le rythme de vie de Olivio. Pourtant, je le comprends et je suis même la première à l'encourager dans tout ce qu'il fait. Je l'appelle après chaque concert pour le féliciter et lui parler des vidéos de fans que j'ai vu passer sur les réseaux. Seulement, une fissure vient d'apparaître me divisant doucement en deux. Je ne suis plus simplement Charline. Il y a la fan, celle qui est euphorique et l'autre, la petite-amie délaissée.
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Poliroid (Bigflo & Oli)
Fanfiction« - Désolé de te déranger, mais t'accepterais de faire une photo avec moi ? » Voilà comment tout a commencé. Elle cherchait simplement à s'éloigner des siens pendant un temps. Plus loin de sa famille, mais plus proche de ceux qui l'ont aidé à alle...