Il se contente de me regarder sans bouger. Seuls ses yeux se déplacent, me toisent et semblent chercher à lire en moi.
— T'es rentré chez moi sans me prévenir. La moindre des choses serait de répondre, non ? je m'énerve, les mains sur la taille.
Cet abruti continue de me fixer comme si de rien n'était. De mon côté, mon sang bout dans mes veines et je dois me retenir de ne pas lui sauter dessus pour le secouer comme un pommier.
Pourtant, une part de moi sait que lorsque Alec est aussi passif, c'est qu'il prépare quelque chose, qu'une bombe va être lâchée et va exploser en pleine figure de la personne à qui il cherche faire du mal. Il ne l'a jamais vraiment fait avec moi, mais tout ça est du passé. Pour lui, je ne suis plus Charline, sa petite amie naïve et docile. Je suis Charline, la fille qui refuse de lui laisser une énième chance et qui devient, par conséquent, son plus grand défi. Alec a toujours été obstiné et lorsqu'il n'obtient pas ce qu'il veut, il n'en reste pas là et perçoit la chose quand un nouveau défi à relever. C'est là que je me rends compte que j'ai été une petite idiote en acceptant de le revoir et en jouant avec lui.
— Tu crois pas que t'as déjà assez fait de mal, comme ça ? je souffle en voyant qu'il ne daigne pas répondre. T'as déjà brisé une amitié en couchant avec Emma, alors qu'est-ce que tu veux de plus ? Mais je te préviens, le temps où j'étais amoureuse et où je te suppliais de revenir, est révolu.
Contre toute attente, il se met à pouffer, confortablement installé dans mon canapé. Au début, c'est un rire discret, puis petit à petit, son rire devient franc et un tantinet agaçant.
Je fronce les sourcils, cherchant à comprendre sa réaction. Mais ça me dépasse. Je sens juste qu'il se moque de moi et qu'il en est fier, mais à quel sujet ?
— Qui t'a parlé de coucher avec Emma ?
Sa phrase me fait l'effet d'un coup de massue sur le crâne. Je recule péniblement, tout en tremblant et m'agrippe à la bibliothèque, à l'entrée du salon, pour ne pas perdre l'équilibre. Est-ce qu'il est encore en train de me manipuler l'esprit ?
— Le week-end dernier, je n'ai jamais dit qu'il s'était passé plus qu'un baiser, murmure-t-il, de la fierté plein les yeux.
Ma vision se trouble peu à peu. Je ne sais pas si ce sont les larmes qui me montent, qui sont responsables de mon état ou si c'est la colère que j'éprouve à ce moment-là qui me brouille le champ de vision. Tout un tas de pensées devrait se bousculer dans mon esprit, mais je ne me focalise que sur une seule. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il s'amuse à jouer avec les gens pour les blesser l'instant d'après ?
— Comment...? Mais pourquoi tu...? je bégaye, les larmes déformées par la colère qui m'anime.
Je ne lui laisse pas une seule chance de répondre. Il ne le mérite pas. Je me jette sur lui et commence à le rouer de coups. Je n'ai jamais prôné la violence, mais quand il s'agit de remettre en place un sale type, chaque gifle, chaque coup de poing est justifié.
Les premiers instants, il se contente de grogner et m'injurier, puis brusquement il me repousse violemment sur le sol. Mon coude percute le coin de notre table basse en verre et le métal du rebord me transperce la peau. Et malgré l'entaille saillante sur mon bras, je ne regrette en aucun cas mon geste. Tout était mérité. Je n'arrive même pas sentir la douleur dans mon coude, tant la douleur dans mon cœur prend le dessus.
— Sors...je commence calmement. Sors de mon putain d'appart'. Et compte sur moi pour te pourrir la vie, je vocifère.
Il me contourne, sans me regarder, mais je sens sa fierté jaillir dans toute la pièce. Il a pris un plaisir tellement malsain à me voir dans cet état, et j'ai le sentiment d'avoir à nouveau été sa marionnette. Comme s'il avait souhaité que je m'en prenne à lui, pour se faire plaindre.
VOUS LISEZ
Poliroid (Bigflo & Oli)
Fiksi Penggemar« - Désolé de te déranger, mais t'accepterais de faire une photo avec moi ? » Voilà comment tout a commencé. Elle cherchait simplement à s'éloigner des siens pendant un temps. Plus loin de sa famille, mais plus proche de ceux qui l'ont aidé à alle...