Chapitre 1

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-Sophie ! Sophie ! interpellais-je ma sœur en lui donnant un coup de coude.

Notre professeur s'approchait de nous et je tentai d'éviter la scène qui allait avoir lieu.

-Mademoiselle Foster !

M. Sweeney venait d'arracher ses écouteurs de ses oreilles. Elle plissa les yeux aveuglés par les néons du musée.

-Vous vous croyez trop intelligente pour écouter ce que je raconte ? demanda-t-il.

-Et vous ne croyez pas qu'avec notre mémoire photographique on connaît déjà tout sur le sujet ? répondis-je du tac au tac notre professeur.

Sophie baissa la tête et se cacha derrière ses cheveux mi-long blond sous le regard de nos camarades en colère.

Elle évitait à tout prix ce genre d'attention en portant des couleurs ternes et en allant au fond de la classe. Mais je ne l'aidais pas vraiment en m'attirant quelques ennuis auprès des professeurs. Pour ma part je m'en fichais un peu, je défendais Sophie depuis petite car je ne supportais pas que l'on se moque de quelqu'un pour quoi que ce soit.

En même temps, comment survivre quant à 12 ans seulement on se retrouvait en terminal ? 

Ma sœur s'arrachait un cil au coin de l'œil-un tic nerveux-. Je soupirai. Comment pouvions-nous expliquer au professeur qu'elle avait besoin de musique pour noyer un bruit obsédant qu'il n'entendait même pas ?

Pour explication, Sophie captait les brides de pensées de tout le monde aux alentour. Et étonnamment, elle ne captait pas mes pensées. A chaque fois qu'une pensée atteignait son esprit, une violente douleur la prenait. Captant les émotions des gens, je ne pouvais rien faire.

Sophie pensait que nous étions des montres, que nous portions un fardeau depuis que nous nous sommes réveillées à 5 et 7 ans à l'hôpital. On a tout fait pour étouffer ça mais vous vous doutez bien que des enfants ne pouvait rien faire.

-Dans ce cas expliquez à vos condisciples ce qui différencie le Lambeosaurus des autres espèces, continua notre professeur avec un sourire en coin, pensant sûrement qu'on ne saurait pas répondre.

Nous nous lançâmes un regard avant de décrire l'affiche que nous avions vu à notre arrivée. Nous nous connaissions tellement qu'on parlait chacune notre tour ce qui ne faisait que déprimer M. Sweeney, accentuant encore plus mon sourire.

Une fois notre tirade terminée, il se retourna, marmonna dans sa barbe : « Bêtes de foire ! » et il continua d'avancer et nous profitions de ce moment de répit pour respirer.

Vivement la Fac ! Même si nous ne pouvions pas aller à Yale comme je l'espérais, j'étais pressée de quitter cet enfer

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Vivement la Fac ! Même si nous ne pouvions pas aller à Yale comme je l'espérais, j'étais pressée de quitter cet enfer. Nous avions reçu une bourse de cette prestigieuse université mais nos parents nous trouvait trop jeune.

Un fait qu'un journaliste a mis en première de couverture : Deux prodige snobe Yale pour la fac régionale, photo de nous deux à l'appui (qui, entre nous, n'était pas avantageuse). Nos parents avaient littéralement pétés un câble et étaient allés se plaindre au quotidien. Le rédacteur avait prévu de mettre un pyromane qui brûle les villes mais il y a eu erreur lors de l'impression.

Sophie me donna un coup de coude et me montra le journal de la veille dans les mains d'un garçon brun au yeux aigue-marine. Il avait l'air d'avoir notre âge et pourtant était bien plus beau que toutes les personnes présentes dans le musée.

Il leva justement les yeux vers nous et s'approcha à grand pas. Je me cachais derrière mes épais cheveux châtains tandis qu'il n'était plus qu'à deux mètres de nous. Je détestais l'attention des inconnus. Elle me mettait mal à l'aise. Je relevai la tête lorsqu'il nous demanda :

-C'est bien vous sur la photo ?

Nous acquiesçâmes en cœur, ma sœur, prenant ma main pour se rassurer.

-Je ne m'était pas rendu compte que vous aviez les yeux marrons...

Il avait un accent que je ne reconnaissais pas, ce qui me perturbait quelque peu. Je veux dire, moins que sa réflexion sortit d'une autre planète, mais perturbant quand même.

Il s'apprêtait à partir quand une vague d'enfant de maternelle déferla autour de nous pour admirer les dinosaures. Leur joie déferla en moi. Je me tournai immédiatement vers ma soeur qui se tenait la tête.

Je m'empressai de la soutenir mais me rappelai soudain que nous n'étions pas seules et me tournai vers le jeune homme afin de m'assurer qu'il n'avait rien vu mais il avait la même expression que ma soeur et lorsqu'il s'en rendit compte il fronça les sourcils et demanda à Sophie :

-Tu les entends ?

Elle fit un pas en arrière et je la regardai en fronçant les sourcils. Elle lança un regard dans la direction de notre interlocuteur puis mit un doigt sur sa tempe. Elle n'entend pas ses pensées...

-Qui es-tu ? lui demande-t-elle.

Il ouvrit de grands yeux, visiblement heureux.

-J'en était sûr !

Il s'approcha d'elle. mais je me mis devant Sophie.

-Tu es une télépathe ?

Elle tressaillit. Je la pris par le bras et l'entrainai vers la sortie, comprenant que nous avions un ENORME problème. Le jeune homme nous suivit et lança à ma soeur :

-Ne t'en va pas ! Je suis comme toi !

Nous nous stoppions et il en profita pour faire encore un pas dans notre direction.

-Je m'appelle Fitz.

D'où vient ce nom étrange ? Peu importe ! Nous reprenions notre marche vers la sortie. Je jetai un coup d'œil à ma sœur. Elle vacillait et respirait rapidement. Elle avait besoin d'air. Nous nous mettions presque à courir. En sortant elle prit de grandes goulées d'air malgré la fumée qui emplissait notre ville depuis quelques temps.

Le garçon nous courrait après et commença à nous rattraper. Nous avons commencé à traverser sans regarder des deux côtés de la route. Un camion klaxonna. Il vira de bord, rentra dans un poteau et celui-ci tombait sur nous.

On allait mourir.

Gardien des cités perdues : JumelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant