Chapitre 31

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« Ces petites sorcières… Elles ne posent que des problèmes. J'aurais du me douter que les choses n'allaient pas être aussi simples. »

Elle décroisa pour recroiser les jambes, du haut de son trône, observant les tournures des évènements à l'aide de miroirs disposés autour d'elle, flottant comme s’ils étaient fixés à un mur alors que rien ne les retenaient. Magdeleine serra les poings, ses yeux de glaces continuaient à suivre les scènes, sans broncher. La reine préférait attendre qu'eux même s'embourbent dans les problèmes. Les magiciens étaient déjà hors jeu. Ils avaient osé essayer de désactiver son sceau ? Cela était impossible pour des petites têtes comme les leurs. Ils allaient stupidement perdre leurs vies pour rien. Et la seule personne qui serait vraiment en chagrin serait Mya.

Fidèle et stupide Mya. Elle qui avait toujours hésité depuis le début des affrontements, la voilà maintenant dans de sales draps, au seuil de la mort, certainement. La reine des succubes et des incubes regrettait déjà sa perte, mais elle n'était pas irremplaçable. Des tas de personnes rêvaient d'être à sa place, et certainement quelques d'entre elles en avaient assez dans le ventre. Il suffisait juste de vérifier que ces gens n'étaient pas trop sensibles, ni trop malins. Il fallait juste avoir un bon serviteur puissant et sans cervelle, et le tour était joué.

Inutile de s'inquiéter pour ces sorcières aussi, dans le fond. Elles étaient déjà perdues. Magdeleine tourna la tête quelques secondes pour faire face au grand incubateur dans lequel baignait un corps frêle. Ses cheveux blonds dorés flottaient dans l'eau, son corps était maintenant bien plus qu'aminci et sa peau était d'un pâle qui frisait la transparence. La femme pouvait même suivre le fil de ses veines. Un sourire naquit à cette pensée. C'était un très bon signe. Bientôt, la dénommée petite reine des sorcières allait donner son dernier souffle, et la succube pourrait enfin prendre possession de son corps, de sa beauté naissante et de sa puissance qui allait être dans quelques années démesurée. Flora avait toujours fait preuve d'un talent incroyable, et la future impératrice des mondes l'avait convoitée dès qu'elle en avait appris l'existence.

Il était si proche d'elle, maintenant, ce pouvoir. Dés qu'elle aura obtenu ce qu'elle désirait, elle pourra se débarrasser de ces petites sorcières d'un claquement de doigt. Et aussi de cet Alexander. Ce traître s'était détourné d'elle, allez savoir pourquoi. Il allait maintenant en payer de sa vie. La sorcière fit valser son regard vers les miroirs, et focalisa son attention sur le miroir qui suivait les sorcières. Elles allaient bientôt atteindre la salle du trône. Et bien, qu'elles viennent. Magdeleine se sentait fin prête. Elle se leva et écarta les miroirs de sa route d'un simple revers de la main. Sa longue robe ébène suivit docilement le rythme de ses pas, et la dame qui inspirait terreur et torture aux zombis de ses contrées leva la tête avec arrogance lorsque la porte de la pièce s'ouvrit.

« Magdeleine ! » Cria l'une des sorcières, celle avec des cheveux bleus en entrant. « Libérez les prisonniers ! C'était ce que vous nous aviez promis ! »

A ces mots, la femme éclata de rire. Elles y avaient donc cru ?!

« Petites sottes. Vous croyez vraiment que je vais libérer mes propres ennemis ? Je ne le ferai pas. Je ne le ferai jamais. D'ailleurs, vos quatre petits amis s'en occupent déjà. Sauf qu'ils mourront avant d'en avoir fini avec ça. »
« Es… Espèce de monstre… » Murmura la voix faible d'Oxana, qui arrivait à peine à poser un pied devant l'autre.
« Merci, ça me flatte. » Répondit-elle calmement. « Quant à toi, tu es pitoyable. Un véritable chien galeux. Comme tes deux répugnants cabots. »
« Ce sont des loups ! » Attaqua sèchement la fille aux grosses lunettes et à la robe orange.
« C'est un peu pareil, n'est-ce pas ? »

Et voilà, le groupe des idiotes au complet, suivi du traître. Elle ne lui accorda même pas un regard, de toute manière, c'était déjà terminé pour elles. D'un geste de la main, elle éleva un mur protecteur entre elles et leur reine.

« Flora ! » Cria Harukaze, cette fille qui était coiffée de deux chignons et qui inspirait tant de haine à Mya.

Sans crier gare, l'une d'elles sortit sa baguette magique et entama un sort.

« Pululu prune fami famifa ! Que ce mur protecteur aille voir ailleurs ! »

Son sort ne fit qu'effleurer son champ de protection. Elle pensait réellement que cela allait être aussi facile ? Tout en ricanant, Magdeleine ouvrit grand les bras et débuta son incantation :

« J'en appelle à vous, énergies des abysses ! Pluie d'Epines Ténébreuses ! »

Des épines sombres se matérialisèrent autour d'elle et vrillèrent vers les sorcières. Elles allaient subir son courroux, elle allait jouer avec elles jusqu'à ce qu'elle en ait marre, et ensuite elle les tuera une par une. Mais l'une des six sorcières s'interposa en levant sa baguette :

« Paparouna Parouta Palali Papon ! Que la lumière me vienne en aide ! »

Un mur de lumière protégea la joyeuse bande de son attaque. La femme serra les dents. Qu'elles étaient épuisantes. Elle en avait déjà assez. Sans même leur dire quoi que ce soit, elle leur envoya des boules ténébreuses à une grande vitesse pour les envoyer contre le sol. Sans leur accorder plus d'importance, elle tourna la tête vers l'incubateur et l'ouvrit. L'eau se versa sur le sol de la salle du trône, trempant le bout de sa longue robe. Sans se soucier plus de ça, elle avança vers le corps dénudé de la fillette qui était recroquevillée et inconsciente. La dame se pencha vers elle, et passa délicatement la main dans les cheveux de la petite fille.

« Désormais, ce corps est à moi. Meurs, et donne moi tout ce que tu as. » Dit-elle d'une voix douce, comme une mère s'adressant à sa fille.

Elle ferma les yeux pour se concentrer sur sa dernière besogne avant d'être la maîtresse éternelle des mondes. Il ne manquait plus qu'à définitivement entrer dans le corps de la jeune fille et dégager son âme de là.

« JAMAIS ON NE VOUS LAISSERA FAIRE CELA ! »

Magdeleine poussa un cri de surprise et de dégoût lorsque la fille à la robe rose bondit sur elle et la fit tomber à la renverse. Sa tête tourna ensuite, et pendant quelques secondes, peut-être une minute, elle ne comprit plus vraiment ce qui lui arrivait. Elle reprit cependant vite ses esprits, et en se relevant, constata que ses vêtements étaient trempés. Mais… Se posa ensuite une nouvelle question. Comment pouvait-elle être à la fois debout et voir son propre corps étendu contre le sol ? Elle baissa la tête, et, les yeux écarquillés, ne put qu'admettre la pire chose qu'elle avait pu imaginer.

Elle était dans le corps d'Harukaze Dorémi ! Les autres filles la regardaient maintenant avec inquiétude. Elle rit aux éclats en constatant que les choses avaient tourné en sa faveur.

« Et bien ? Que vous arrive-t-il, les amies ? Vous avez peur ? » Questionna-t-elle avec ironie.
« C… Comment ça, Dorémi ? Tu sais bien que… » Bégaya sa petite sœur, tremblante.
« Je vais te tuer. Je vais tous vous tuer ! Et vous ne pourrez rien faire, parce que je suis dans le corps de votre amie ! AHAHAHAHAHAHAHAHA ! C'est bien plus amusant que d'avoir le corps de Flora ! »


Son rire continua de résonner dans toute la salle du trône et dans les couloirs de son palais.

Magical Doremi : Le peuple oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant