Chapitre 39

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Elle observa une dernière fois son reflet au miroir et donna quelques dernières retouches à sa coupe de cheveux. Elle avait enfilé une jolie robe bleu nuit, qui lui allait jusqu'au genoux en froufrou, avec des chaussures qui avaient de petits talons. Loulou avait pris soin de lâcher ses cheveux et de se rendre belle. Elle ne faisait pas ça pour charmer un garçon. Elle ne faisait pas ça pour un public, ou même un jury. Non, elle faisait ça pour ses amies. Elles allaient passer une bonne soirée ensemble, comme au bon vieux temps, mais avec cinq ans de plus. Comme au bon vieux temps… Cela lui donnerait presque un coup de vieux !

Elle prit son sac à main, et de la main dit au revoir à ses parents avant de se glisser hors de chez elle. L'air était doux et chaud par cette nuit d'été. Cela lui fit du bien. Cela lui rappelait presque les nuits où elles et ses amies partaient dans le monde des sorcières, qu'elles furent apprenties ou mamans pour Flora. Elle sourit en songeant à ces moments passés, et songea aussi au moment qu'elle allait bientôt passé. Elle traversa la route pour se retrouver devant une voiture. La vitrine se baissa, sur monsieur Harukaze, au volant.

« Bonsoir monsieur ! » Dit-elle en souriant au père de Dorémi et Bibi.
« Et bien, Loulou, tu as bien grandi ! Monte donc, mais je te préviens, c'est serré, là dedans ! » Répondit-il en riant.

Elle rit à sa petite blague, puis ouvrit la portière arrière. Et oui, les filles étaient entassées comme des sardines. Flora avait eu la chance de se placer devant, et se pencha vers l'arrière en riant en voyant toutes ses mères écrasées sur la banquette arrière.

« Prête pour la soirée karaoké ?! » Lâcha Sophie en lui faisant un clin d'oeil.
« Ne t'inquiète pas pour elle, ce n'est pas celle qui aura le plus de soucis ! » Commenta Emilie en riant, bien que Loulou perçut qu'elle avait eu des frissons de peur en parlant. Ah, cette Emile, à toujours avoir le trac !

La voiture traversa ainsi les rues de la ville baignée de la lumière de la nuit et de la lumière produite par les lampadaires de la ville. Elle admira de la fenêtre ouverte – parce qu'arrivée la dernière, elle avait la chance de ne pas être au milieu comme Bibi et Dorémi, qui ne faisaient que se chamailler d'ailleurs – les lumières des rues, les amis, les couples, les habitants qui se baladaient tranquillement en ville.

Elle fut soulagée quand elles sortirent enfin de la voiture. Le père de Dorémi leur annonça qu'il allait revenir les chercher plus tard et qu'il préviendrait Dorémi ou Bibi par téléphone. Les filles lui firent au revoir de la main, puis entrèrent dans le petit restaurant familiale qui organisait une soirée karaoké, dans laquelle elles avaient décidé d'entrer. Elles s'assirent d'abord sur les tables, choisirent des boissons puisqu'elles avaient déjà manger le dîner dans leurs maisons respectives.

« C'est super chouette ! L'ambiance de ce monde, ça m'avait manqué ! » S'écria Flora en riant.
« Je dois avouer qu'à moi aussi, alors que nous ne sommes pas parties longtemps dans le monde magique ! » Avoua Mindy en pouffant.
« Je crois que ça a manqué à tout le monde ! » Conclut Dorémi.

Les filles explosèrent de rire, amusées. Elles continuèrent ainsi à parler de tout, de rien. A rire de Maggie Grigri, à parler du Royaume des Sorcières, à celui des Magiciens, aussi. Elles s'amusèrent ainsi à faire tourner Dorémi en bourrique en parlant de Jérémy, avant de repartir vers Emilie et Frédéric. Sauf qu'elles durent vite arrêter de la charrier car elles sentirent qu'encore quelques secondes de plus et la rousse allait se retrouver à se cacher sous la table, rouge de honte.

Elles attendirent ensuite quelques minutes, à continuer de parler en sirotant leurs boissons, en regardant les gens qui venaient chanter entre amis ou en famille sur la petite scène, les musiques connues et simples à chanter. Et puis, il y avait les paroles des musiques affichées sur un écran, au cas où. Elles décidèrent ensuite de monter à leur tour, toutes ensemble. Sept filles sur scène, ça devait amuser les clients. Beaucoup de personnes tournèrent la tête vers elles, amusées. Et puis, la ville était petite, alors, Loulou reconnut quelques personnes, et leur fit un signe de la main.

« Alors, mes demoiselles ! Vous avez choisis la musique ? » Lâcha le DJ qui s'occupait du son en souriant.

Elles se regardèrent un instant, et d'un regard se comprirent ensuite. Elles annoncèrent au DJ le titre de la musique qu'elles voulaient chanter, puis se placèrent sur la scène, prêtes à chanter lorsque la musique démarra.

Elles chantèrent ainsi, en même temps, comme si elles s'étaient entraînées durant des années. Les souvenirs et les vieilles habitudes ne disparaissaient pas, comme quoi. Loulou se sentit dans son élément, à chanter en compagnie de toutes ses amies. Ses meilleures amies. Elle avait presque l'impression qu'elles ne s'étaient jamais séparées de leur vie, que cela soit cinq ans ou seulement quelques minutes. Dans le fond, elle avait envie que cette musique ne s'arrête jamais, qu'elles continuent de chanter jusqu'à pas d'heure. Non, qu'elles ne s'arrêtent jamais, que le temps s'arrête, qu'elles soient unies pour toujours.

Lorsque la musique s'arrêta, elles ne purent s'empêcher de pousser un cri de joie. Elles retournèrent ensuite à leur place, toujours en parlant, toutes heureuses d'avoir pu s'amuser. Elles auraient aimé pouvoir chanter des tas d'autres musiques, mais d'autres personnes venaient chanter. Alors elles devront encore attendre leur tour, bien que cela ne pressait vraiment pas. Cinq années sans avoir eu le temps de parler de ce qu'elles avaient fait, ça pouvait bien tenir le temps d'une soirée, ou même plusieurs mois, non ?

« Excusez moi… Vous êtes bien Loulou Segawa ? »

Loulou se retourna, surprise. C'était un homme. Il l'avait reconnue ? Enfin, c'était normal, elle avait été très connue à une époque de sa vie, mais avec ses études et après avoir refusé de devenir une sorcière il y avait cinq ans, elle n'avait plus fait aucune apparition sur scène. Elle pensait que la plupart des gens l'avaient oublié.

« Oui, c'est moi. » Dit-elle. « Je peux vous aider ? »
« Il se trouve que ma fille vous a toujours adoré, quand vous chantiez, avant. » Dit-il tranquillement. « Et j'ai aussi toujours aimé votre voix. J'ai ouvert une maison de disque, il n'y a pas très longtemps, et je recherche des voix particulières. »

Ses yeux s'agrandirent à ces mots. Elle ne s'attendait vraiment pas à ça. Elle bégaya un peu, tout en sentant le regard de ses amies se tourner vers elle.

« Je… Je ne sais pas quoi dire… »
« Je ne vous engage à rien, ne vous inquiétez pas. Je voudrais juste faire quelques essais avec vous au studio, et si vous êtes d'accord, nous pourrons essayer un projet ensemble. »

Elle le regarda quelques secondes, toujours hésitante. Elle tourna ensuite la tête vers ses amies.

« Allons, Loulou, ne rate pas ta chance ! » Lui dit Mindy en souriant.
« Tu as toujours été faite pour ça ! » Ajouta Sophie.
« On a tous vu la tête que tu faisais quand tu chantais. » Répondit Bibi.
« Vous en êtes sûres ? » Questionna de nouveau l'adolescente aux cheveux violets.
« Oui ! » Répondirent-elles toutes en même temps, en riant.

Un peu gênée, tout en riant légèrement, Loulou tourna la tête vers l'homme.

« Alors, essayons ! » Lui dit-elle finalement.
« Je vous laisse ma carte, il y a mon numéro dessus », lui répondit-il. « Appelez moi dès que vous avez un moment de libre. »

Il s'éloigna ensuite en faisant un signe de la main aux filles, puis retrouva sa table, avec sa femme, et sa fille. La petite avait à peine dix ans. Elle tourna la tête vers elle, et lui sourit en découvrant toutes ses dents. Loulou fit de même, sentant son cœur se réchauffer de joie.

Pour ceux et celles qui sont intéressés, la musique chantée par les filles dans ce chapitre :

Magical Doremi : Le peuple oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant