« Lorsqu'elle arrivera, ne la quittez pas de yeux. Quoi qu'il arrive, ne baissez pas votre arme. Si elle attrape n'importe quel objet, même d'apparence inoffensive, tirez à vue. »
Le sous-lieutenant énumérait les ordres en faisant les cent pas. Autour de lui, les soldats formaient un cercle, entourant l'unique accès du toit de l'immeuble de banlieue délabré sur lequel ils se trouvaient.
« Vous n'êtes pas autorisés à lui parler. Si elle vous adresse la parole, restez de marbre... »
La moitié des militaires sur place n'écoutaient pas. Ils avaient été briefés il y a trois jours, puis à nouveau le matin même. L'arme à l'épaule, ils s'échangeaient discrètement des plaisanteries sur la jeune femme qui devrait arriver d'ici quelques minutes à peine.
« He bien les gars, ça doit pas être facile tous les jours comme boulot ! »
La voix clairement féminine avait parlé d'un ton moqueur, prenant par surprise tous les hommes présents, qui se retournèrent précipitamment et pointèrent tous leur arme vers l'étrangère qui se tenait sur le bord du toit, laissant ses cheveux bruns mal coupés flotter au vent.
« Mademoiselle, déclara le sous-lieutenant, il vous a été clairement demandé d'emprunter la porte qui se trouve derrière moi, par soucis de sécurité.
- Il m'a également été « clairement demandé » de rester le plus discrète possible, hors des caméras sont placées à tous les étages, et j'ai quelques petites mésententes avec les forces de l'ordre du pays. Vous comprenez ? »
La jeune femme semblait prendre cette entrevue tout à fait à la légère. Elle était venue habillée d'un simple débardeur noir qui moulait un corps maigre et sans formes extravagantes. Un physique typique d'une jeune francophone de 19 ans. Son haut était rentré dans un pantalon de travail bleu. Elle parlait au sous-lieutenant d'un ton hautain, et semblait de toute évidence le prendre pour le dernier des ahuris.
« Etant donné que vous êtes seule et désarmée, face à une troupe de militaires entrainés, qui ont reçu ordre de tirer à vue si nécessaire, je vous demanderais de vous adresser à moi avec un minimum de respect Mademoiselle.
- N'importe quel objet présent ici pourrait très bien me servir d'arme, et vous le savez. C'est pour ça que vous faites appel à moi, non ?
- C'est exacte Mademoiselle.
- Maintenant j'aimerais savoir... Comment avez-vous réussi à me retrouver ?
- Cela n'a aucune importance.
- Oh que si, ça en a.
- Avant de continuer cette entrevue, nous aimerions savoir si vous acceptez de coopérer avec nous, Mademoiselle.
- Répondez d'abord à mes questions, ensuite j'aviserais.
- Nous ne pourrons vous fournir aucune information sans avoir la certitude de votre coopération.
- Ok, alors trois questions seulement. Ça vous va ?
- Tout dépend de la question Mademoiselle.
- Vous préférez les frites ou les potatoes ? »
La jeune femme donnait de plus en plus l'impression de se ficher d'eux, ce qui avait le don d'agacer sérieusement le sous-lieutenant. On lui avait de toute évidence donné l'ordre de traiter avec une gamine immature. Mais ses supérieurs lui avaient fait un profil de son interlocutrice : cette fillette était très dangereuse, et c'est justement pour cela qu'ils avaient besoin d'elle.
« Ça va, je plaisante enfin ! Vous pourriez rigoler un peu de temps en temps !
- Plus que deux questions Mademoiselle. »
La brunette lui jeta un regard noir.
« Pourquoi moi ? Vous êtes très haut placés, je ne pige pas pourquoi vous faites appel à une femme comme moi. Vous devez surement avoir plein de sous-fifres bien plus dociles sous la main.
- De toutes les personnes à qui nous pouvions faire appel, vous êtes de loin la plus qualifiée pour ce travail.
- « La plus qualifiée » ? Vous me faites bien rire ! Je suis de loin une amatrice, il y a des gens qui font ça depuis bien plus longtemps que moi.
- De plus, continua le sous-lieutenant, vous travaillez seule et ne représentez pas de réel intérêt pour notre organisation.
- Ne jouez pas sur les mots, ce que vous voulez dire c'est simplement « personne ne vous regrettera puisque vous avez tué tous vos proches, et on se fiche totalement que vous mouriez au cours de l'opération ».
- Si c'est la signification que vous voulez donner à mes propos, je ne vous contredirais pas.
- C'est ça ouais...
- Plus qu'une question Mademoiselle.
- Qui est ma cible ? »
Le sous-lieutenant la jaugea d'un œil sévère.
« Oh pitié, ne me regardez pas comme ça ! Je ne suis pas du genre à balancer qui-que ce soit, vous savez ! Vous devriez voir le nombre de personnes chaque année qui me propose quelques billets en échange de la tête de leur ennemi.
- Il ne s'agit pas d'une opération de suppression, Mademoiselle.
- Attendez, quoi ?! Vous me faites une blague j'espère !
- Ce n'est pas une blague Mademoiselle.
- Mais dans ce cas, en quoi consiste ma mission ?
- Vous avez usé de vos trois questions Mademoiselle.
- C'est ce que vous allez dire à vos supérieurs quand vous reviendrez les mains vides ? »
Le sous-lieutenant tiqua.
« Vous l'avez dit vous-même Mademoiselle, vous n'êtes pas notre dernière option.
- Mais il me semble bien être la première. Et je ne suis pas sure que les gars à qui vous obéissez soit très heureux de devoir penser à un plan B parce que vous avez refusé de répondre à quelques questions idiotes. Votre Fondation est peut-être bien renseignée sur moi, mais j'ai fait quelques recherche aussi à votre sujet, vous savez ? »
Un sourire narquois s'était appliqué sur les lèvres de la jeune francophone, alors que le sous-lieutenant semblait de plus en plus crispé.
« Maintenant je vous demanderais de bien vouloir répondre à ma question : en quoi consiste ma mission.
- La Fondation souhaite vous employer au confinement d'une de leurs entités.
- Très drôle comme plaisanterie. Vous pensez que je vais croupir sur une chaise à regarder un truc visqueux se déplacer pour vos beaux yeux ?
- Le dossier concernant cette entité et votre contrat se trouvent juste ici, déclara le sous-lieutenant en lui tendant un dossier. Prenez tout le temps qu'il vous faudra pour le lire. »
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Transperce mon cœur...
FanfictionLa Fondation contacte une jeune francophone de 19 ans, pour lui proposer un contrat très spécial : ils l'estiment être la plus qualifié pour défendre la zone de Confinement-25b des tentatives de brèches de confinement effectués pas Abel. Pourtant s...