Abel était assis à la table du salon, l'air gêné.
« Tu veux manger quelque chose de particulier ? demanda Hellyssia en posant un verre et une assiette devant lui.
- Heu... J'aimerais beaucoup manger du mouton... répondit Abel. »
Hellyssia partit regarder dans son frigo si elle avait de quoi satisfaire le SCP.
Tous deux étaient un peu à cran suite aux évènements qui venaient de se dérouler, et ne savaient pas quel comportement adopter.
« Je... je suis désolée... Je n'ai pas de mouton mais... J'ai des plats surgelés...
- Ne t'inquiète pas ! Je te fais confiance. Sert moi juste quelque chose de bon.
- D-d'accord.
- A vrai dire, j'ai passé plusieurs siècles sans être considéré comme un humain... Et je crois que je n'en suis plus un depuis longtemps... Mais disons que ça fait longtemps que personne n'a pris la peine de me servir à manger... »
Hellyssia laissa percer sur ses lèvres un sourire bienveillant.
« Je vais faire de mon mieux... »
Il restait quelques steaks et de la pizza.
Hellyssia n'avait pas encore fait les courses et n'achetait que pour une personne.
« Je t'ai préparé deux steaks. Je ne sais pas si ça te suffira, mais je n'ai pas grand-chose d'autre... »
Abel regarda le morceau de viande, avant de le prendre dans ses doigts avec hésitation.
« Abel ?
- Oui ? répondit l'intéressé en levant la tête.
- Tu... Ne sais pas utiliser de couverts ?
- Ah ? Eh bien... Non, pas vraiment.
- D-d-d'accord, ce n'est pas grave ! Ne t'inquiète pas pour ça... »
L'entité avala le contenu de son assiette en quelques minutes, avant de lever la tête vers son hôte.
« Tu vas manger ça ? lui demanda-t-il en pointant le contenu de l'assiette d'Hellyssia du doigt.
- Hein ? Heu... Ma pizza ? Oh... Tu peux la prendre si tu veux. »
Abel ne se fit pas prier, et récupéra l'assiette de la petite brune.
« C'est... Vraiment délicieux !
- Ravie de te l'entendre dire... Je trouve aussi. répondit Hellyssia d'un ton gêné. »
L'expression du SCP s'assombrit un peu, et il baissa la tête.
« Je suis désolé si je te met mal à l'aise...
- Oh non ! Ce n'est pas toi ! C'est simplement que les évènements récents ont été déstabilisants...
- Oui... Il est vrai que la dernière fois où nous nous sommes vu... »
Abel marqua une longue pause, pendant laquelle le silence fut pesant.
« J'ai failli te tuer.
- T-tout ça appartient au passé tu sais ? fit remarquer Hellyssia, gênée.
- Est-ce que... Les blessures étaient graves ? demanda-t-il en la regardant à nouveau. »
Hellyssia baissa les yeux.
« Eh bien... Ils m'ont transporté en urgence vers le centre hospitalier le plus proche... Et... Mon poumon droit était HS... Alors j'ai été opérée... Et ils m'en ont greffé un nouveau.
- Greffé ?
- Remplacé, si tu préfères. rétorqua-t-elle en baissant encore plus la tête. Ils m'ont remplacé un poumon...
- Alors... C'était vraiment grave... ?
- Heu oui... Je n'ai pas trop compris tout ce qu'ont dit les médecins mais... En gros, j'ai failli y passer, ouai. »
Levant les yeux, la jeune femme constata qu'Abel paraissait attristé de cette nouvelle, ce qu'elle n'était pas habituée à voir chez lui.
« Quelque chose a... changé... chez toi.
- J'ai pris conscience de quelque chose.
- Et de quoi ?
- La formulation la plus courte, et que vous employez le plus souvent, serait... « je t'aime ». Oui, voilà. Je t'aime plus que tout. Et je crois que les humains emploient ces mots très à la légère mais... pour moi, c'est vraiment quelque chose d'immense. Parce que... Je ne pensais pas que je serais capable d'éprouver ce sentiment un jour.
- Je comprends...
- Quelque chose a changé quand tu m'as fait comprendre qu'un humain aussi unique que toi... Allait quitter cette Terre si je ne faisais rien. J'ai essayé de ne plus y penser et de savourer ma victoire... Mais tu m'as dit quelque chose de vraiment marquant...
- « Je vais mourir » ?
- Oui. Je me suis rendu compte que c'était bien vrai. Et que toi tu ne reviendrais plus jamais. Alors... Je me suis juste dit... Que je devais absolument empêcher ça.
- Et tu m'as sauvée.
- Effectivement. Quand je me suis réveillé, j'ai juste pensé que je devais absolument aller m'assurer que tu te portais bien, qu'ils ne t'avaient rien fait... Je ne pensais pas que mon esprit avait été chamboulé à ce point. Je ne m'en suis rendu compte que quand j'ai été incapable de te faire du mal...
- Tout à l'heure ? Quand tu...
- Oui. J'ai voulu te frapper de toutes mes forces mais... quelque chose m'en a empêché. Ma conscience me disait « Elle est à moi, je ne peux pas lui faire du mal. Je dois la protéger. »...
- Oh... Wow...
- Je t'aime et je voudrais passer toute mon existence à t'aimer, seulement... je ne sais pas si c'est une bonne idée.
- Parce que... ?
- Tu es plus fragile qu'une gouttelette de pluie... Et tu vas finir par t'évaporer. Mais pas moi. Je suis un énorme étang, et je vais continuer de vivre quoi qu'il m'arrive. Mais pas toi.
- C'est sans doute vrai...
- Avant c'était plus simple dans mon esprit : je détestais tous les humains, et je les tuais. Mais toi, tu es différente. Tu es une humaine, mais tu me ressembles... Les choses sont de plus en plus complexes, j'ai l'impression de devenir un peu plus humain, et ce n'est pas ce que je veux. »
Hellyssia se leva et s'approcha d'Abel. S'asseyant ses genoux, elle le regarda. Il passa les bras dans son dos, et lui dit encore :
« Quoi que je fasse, il m'est impossible d'arrêter de t'aimer... »
L'enlaçant, elle répondit :
« Je sais. »
Et un silence apaisé se fit.
Puis, sans qu'aucun signe ne soit venu avertir de ce qu'il allait se passer, Abel sentit quelques gouttelettes tomber sur ses épaules.
Il connaissait la raison de ses larmes, et savait qu'aucune de ses paroles ne pourrait les apaiser.
Tous deux avaient bien compris que ce qu'ils ressentaient ne pouvait mener nulle part, et que la meilleure solution était qu'ils se séparent. Mais ils refusaient de se faire à cette idée.
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Transperce mon cœur...
ФанфикLa Fondation contacte une jeune francophone de 19 ans, pour lui proposer un contrat très spécial : ils l'estiment être la plus qualifié pour défendre la zone de Confinement-25b des tentatives de brèches de confinement effectués pas Abel. Pourtant s...