Chapitre 30

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Je me suis levée vers 6h du matin, heure locale, finalement je n'ai pas trop mal dormi. J'ai l'espoir d'en finir rapidement et de rentrer à Paris dans quelques jours seulement. Ce n'est que vers 8h qu'encore une fois Luc s'invite dans ma chambre sans frapper.

- Habille-toi avec ça !

Il me lance des vêtements et un sac.

- Et mets cette putain de perruque, tu ne ressembles à rien ! Il y a du maquillage aussi, alors essaye d'être un peu attrayante pour une fois !

Je ne réponds rien, je regarde les faux cheveux et me rappelle que je suis effectivement bien différente que sur la photo de mon vrai passeport. Décidément cette pétasse de Rachel aura fait de nombreux dégâts !

Il disparait une nouvelle fois et je commence à me changer. Ce sont des vêtements de marque, il n'a pas fait semblant, j'ai au moins 5000 euros sur le dos ! J'imagine qu'il faut que je fasse illusion à la banque. J'ai hâte que tout cela se termine, qu'il sorte de ma vie et que je retourne chez... mais non, en fait chez qui ? Chez moi ? C'est chez lui. Chez mes parents ? Bien sûr, déjà que les relations étaient tendues avant, maintenant que je connais le sympathique métier de mon père, je doute que j'y sois en totale sécurité. Je me contemple dans le miroir, je me sens tellement abandonnée. Si seulement j'étais certaine de pouvoir compter sur Eden, cela me donnerait du courage, mais en l'état, je n'en suis plus du tout persuadée. Il y a cette petite voix qui ne cesse de me dire qu'il est parti et qu'il ne viendra pas me chercher ici. J'ai un frisson tout à coup, j'ai peur... Peur de ne plus le revoir, peur qu'il finisse en prison, peur de rentrer en France, je suis totalement perdue en fait... Et cette cruelle vérité me saute au visage en quelques secondes en me ramenant sur terre avec force.

Je m'approche de la fenêtre et imagine ce qu'aurait pu être ma vie actuellement si je n'avais pas succombé aux avances d'Eden. Luc m'aurait donné une vie remplie de richesses, mais à quel prix ? Il m'a toujours utilisé pour servir ses propres intérêts. M'aurait-il vraiment proposé de nous associer pour garder l'argent des larcins de mon père et de lui-même ?

Quand je repense aux nuits que nous avons passées tous les deux, Eden et moi, de merveilleux moments si intenses, si puissants, j'ai mon corps qui s'affole. J'ai envie de crier son prénom pour qu'il vienne me chercher, pour qu'il m'enlace, que je sente sa peau sous mes doigts et son divin parfum. Emportée par ses émotions, je ne me rends pas compte que je suis en train de pleurer et que mon maquillage menace de se liquéfier par la même occasion. Aussi je respire et me retourne vers le miroir afin de sécher mon visage du mieux possible.

C'est une tragédie dont je suis la victime... et je ne peux rien faire contre.

Vers 10h, Luc pousse la porte et me fait signe de le suivre. Je suis livide et prête à tomber tant mon esprit est maintenant happé par les événements, mais vu le regard qu'il me lance, je dois trouver la force de rester debout malgré tout, c'est une question de survie. Une limousine nous attend devant l'entrée de la maison et je reconnais le chauffeur, c'est un de ses gardes du corps.

Il ne nous faut pas plus de trente minutes pour arriver devant un grand bâtiment colonial qui doit avoir au moins une centaine d'années. Lorsque nous sortons tous les trois, Luc se penche vers moi et me menace encore une fois sans vergogne.

- Gabrielle, fais bien gaffe à ce que tu fais ici, sinon considère que ta cousine et sa fille sont déjà mortes.

Je frémis à cette idée et lui réponds d'une voix pleine de rancœur.

- J'ai compris, alors arrête de me faire chier ! Tu vas l'avoir ton putain de fric et je pourrais enfin me débarrasser de ta sale gueule de con !

MB MORGANE - Trois jours et deux nuits [terminé] #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant