Chapitre 40

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Suis-je morte ? La lumière m'aveugle, il fait tellement chaud. J'entends les battements de mon cœur dans ma tête. Non, je ne suis pas morte, je perçois immédiatement quelqu'un qui parle, mais je ne comprends rien à ce qu'on me dit. Une porte se referme, puis j'ouvre doucement les paupières. Je suis dans une chambre immaculée, une chambre d'hôpital. Je n'ai pas mal, mais je vois que je suis liée par une intraveineuse, à cet instant, Eden arrive dans la pièce. Il marque un temps d'arrêt sur le seuil afin de me contempler. Son visage est serein et je ne peux m'empêcher de le regarder avec insistance. Nous avons eu de la chance, je suis encore en vie et lui aussi. Il plonge ses yeux dans les miens avant de s'avancer lentement vers le lit. Je parle avec étonnement beaucoup de clarté.

- Comment vais-je ?

- Tu t'en remettras, la balle a frôlé tous tes centres vitaux, mais tu as tout de même perdu beaucoup de sang.

Il me saisit la main et s'assoit à côté de moi, puis dépose sa tête sur mon ventre. J'arrive à placer mes doigts dans ses cheveux et à profiter de son doux parfum. Je ne vois plus ses yeux quand il dit :

- Tu es incroyable. Tu t'es mis entre nous pour me sauver la vie...

- C'est toi qui es incroyable, tu étais prêt à sacrifier la tienne pour moi.

Il se retourne pour plonger ses iris brillants dans les miens.

- Je suis encore prêt à le faire s'il le fallait...

- Il le faut ?

- Non, pas pour le moment, Luc a été envoyé en Iran pour être jugé.

- Lorsque je t'ai vu le frapper, j'ai cru que tu allais le tuer.

Il se redresse et serre fort mes mains.

- Je l'aurais fait si David n'était pas arrivé pour m'en empêcher...

Il pose son front sur mon ventre et marmonne.

- J'ai eu si peur, je te voyais mourir sous mes yeux... Je n'aurais jamais pu supporter te perdre.

Je suis touchée par ses paroles, je suis sure d'une chose à cet instant, c'est qu'il n'y a plus que lui dans mon existence.

- Je suis là et je ne suis pas morte.

- Ce qui compte c'est toi, uniquement toi. Personne ne te fera plus jamais de mal, je te le promets. Je ne veux plus jamais te quitter, je veux vivre avec toi, je veux...

Mais tout à coup, nous sommes interrompus par l'arrivée du médecin. Aussi Eden se lève et me lance un sublime sourire avant de me laisser avec lui. Par chance, il parle un français rudimentaire et nous nous comprenons. Tous les examens terminés, j'essaie déjà de m'assoir et à la surprise de tous, je ne souffre pas trop. Tout est si encourageant que je vais bientôt pouvoir quitter l'hôpital, c'est presque une aubaine compte tenu de l'état dans lequel j'étais quand j'y suis arrivée.

Le médecin sorti, Eden et David entrent dans la chambre. Ce dernier ne cache pas sa joie de me voir.

- Gabrielle !

- Non, c'est Yaël.

Eden lui a coupé la parole, un malicieux sourire aux lèvres, ces divines lèvres, que je meurs d'envie d'embrasser.

- Bon oui, Yaël, j'ai des nouvelles pour toi et des papiers à te faire signer. Je sais que j'arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, mais le VEVAK me met la pression. Donc ça urge...

Je lui fais un signe de tête, il me confie les liasses. Je remarque qu'il s'agit des preuves de la culpabilité de Luc, mais aussi de mon père. Le procès-verbal fait des dizaines de pages. Je lis entre les lignes, tout y est clairement indiqué, je deviens le témoin de leurs actions criminelles. Je signe sans me retenir et continue vers les dossiers de la banque. Tous les comptes sont saisis par la justice française et iranienne. Il ne restera donc plus rien dans quelques heures. David me regarde faire avec étonnement.

- Gab... Yaël, je suis désolé de t'avoir soupçonné.

Je le fixe et en un instant, il peut y lire à la fois de l'amitié, mais aussi de la reconnaissance pour ce qu'il a fait pour nous. Eden ne bronche pas, il observe.

- J'imagine que j'aurais fait la même chose à ta place, mais je te remercie d'avoir été là pour nous.

Je finis de signer tous les papiers et confie le tout à David qui s'empresse de quitter la chambre. Eden s'avance et me parle d'une voix curieusement tendue.

- Il faut que je t'annonce quelque chose d'important.

Je m'inquiète, je sens que je risque de tomber des nues.

- Oui.

- Gabrielle Durand va mourir prochainement dans une prison iranienne. Elle se suicidera.

- Quoi ?

- Oui, c'était la seule solution pour que tu sois lavée de tout soupçon. Il était difficile de ne pas t'inculper avec Luc, tu as fait de nombreux voyages douteux... Nous avons pensé qu'il était judicieux de te faire disparaitre définitivement. Le VEVAK se chargera d'arranger les choses...

C'est étrange, mais je ne suis pas triste, bien au contraire, je me sens libre. Eden fronce les sourcils, s'attendait-il à une autre réaction de ma part ?

- Tu n'as pas l'air traumatisée par cette histoire ?

- Pourquoi le serais-je ? J'ai tout ce que je désire le plus au monde dans cette pièce...

- Tu es hallucinante...

Il me sourit, il est sincèrement impressionné.

- Donc, je m'appelle Yaël Samuel, c'est bien ça ?

Il s'avance doucement vers moi, son pas est lent comme un félin et ne me quitte pas des yeux. Sa bouche se poste devant mon visage et je ne peux m'empêcher de fermer les paupières pour humer le parfum de sa peau, comment pourrais-je me passer de sa présence ? Il prend son temps pour parler, pour me chuchoter avec sensualité.

- Non pas Samuel, mais Rozen...

Mon esprit cherche à saisir ce qu'il vient de dire, mais d'un coup, je percute. J'écarquille les yeux au moment où il se recule.

- Tu veux... c'est ton...

Il éclate de rire.

- Ce n'est pas très explicite, mais je pense que tu as compris.

- Eden... Eden Rozen ?

Il hoche la tête en signe d'approbation et je deviens toute rouge. J'ai les pupilles brillantes par l'émotion et le cœur qui bat si vite. Il s'approche de moi et me parle dans sa langue maternelle, elle est suave et j'imagine ce qu'il souhaite me dire, mais il essaie de me faire languir. De mon côté, j'ai la bouche grande ouverte et continue à rougir de plus belle.

- Une traduction s'impose ?

Je laisse échapper un « oui ».

- Yaël, veux-tu faire de moi l'homme le plus heureux du monde en acceptant de m'épouser ?

Je ne suis plus rouge, je suis carmin, mon coeur s'est décroché de ma poitrine et c'est bien l'inconnu d'Amsterdam qui vient de le recueillir entre ses douces mains ; ses mains qui ont tellement fait frissonner ma peau, cette peau qui semble n'avoir été créée que pour lui, que pour fusionner avec la sienne dans d'incroyables sensations. Les parfums hypnotiques de son corps ne me quitteront plus jamais. Je l'aime follement, je lui appartiens totalement... et pour toujours.

Ma réponse ne se fait pas attendre.

- Eden Rozen, j'accepte avec bonheur de devenir ta femme...

Il revient rapidement vers moi, une joie indicible se lisant sur son visage. Il me prend mes joues de ses deux mains avant qu'on échange le plus frémissant, délirant, frénétique des baisers...

MB MORGANE - Trois jours et deux nuits [terminé] #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant