Chapitre 21

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Nous roulons à vitesse constante, sans parler, il n'y a que les maigres indications de David sur la route à prendre qui perce le silence. Je commence à vraiment avoir sommeil, je penche la tête vers le tableau de bord pour voir l'heure : 2h du matin... Je peux avoir sommeil effectivement. Eden pose une paume sur mon genou.

- Ne t'inquiète pas, nous sommes bientôt arrivés.

Il me lance un magnifique sourire en biais, en un instant je suis complètement saisie par son attention. Je regarde ses mains, ses merveilleuses et divines mains qui savent si bien faire vibrer mon corps et qui ont si bien cassé le nez de Luc. Je me ferme d'un coup, j'ai beaucoup de mal à recoller les morceaux de mon existence. Je viens de prendre un virage à 180 degrés et pour l'instant je m'en remets totalement à Eden. C'est presque excitant, mais aussi incroyablement déstabilisant. Je me tourne vers la fenêtre, je fais un trait sur ma vie et à la fois je retrouve ce que j'ai eu si peur de perdre de toutes mes forces depuis des semaines. C'est comme si mes prières avaient été exaucées, j'ai tellement souhaité le revoir par tous les moyens que je suis maintenant avec lui.

La route se rétrécit et nous bifurquons dans un chemin de terre. Il y a une maisonnette au fond, mais bien évidemment vu l'heure avancée, il n'y a aucune lumière allumée. La voiture s'arrête devant le portail et Eden me demande de rester ici. David le suit et ils se dirigent vers la porte d'entrée qu'ils n'hésitent pas à tambouriner fermement. Il y a quelqu'un au premier étage, et quelques secondes plus tard, une personne leur ouvre. Il échange des paroles puis le propriétaire tourne les talons vers l'intérieur de la maison. Il en revient avec une mallette ainsi que deux téléphones. Ils se saluent chaleureusement puis les deux hommes retournent vers la voiture. Je n'ai pas bougé d'un pouce, tout me parait si étrange et à la fois si rassurant. Une fois à côté de moi Eden allume son nouveau portable et commence à le déverrouiller, pendant ce temps David, toujours à l'arrière, ouvre la valise. Il en sort un ordinateur ainsi qu'une liasse de billets. Il partage puis prend la parole.

- Ce serait bien de trouver un endroit pour dormir, je suis crevé...

- J'allais te le dire.

- Donne-moi cinq minutes.

Eden se tourne vers moi, il est si sexy, si prévenant d'un coup que j'aurais envie de me fondre dans ses bras.

- Pas trop faim ?

Je suis hypnotisée par ses yeux qui ne cessent de faire des va-et-vient entre ma bouche et mes pupilles. J'oublie en un quart de seconde ce qu'il me demande, sans doute la fatigue. Oui, certainement la fatigue, ou peut-être est-ce son parfum si fascinant, si attractif ? Ça y est, il perçoit sans difficulté mes réactions et il commence à s'approcher de moi un malicieux sourire aux lèvres. Ses lèvres divines, j'ai les joues qui chauffent d'un coup et ma bouche s'ouvre doucement. Il se poste à quelques centimètres de mon visage, j'ai tellement envie qu'il m'embrasse, mais au lieu de ça il avance lentement sa main gauche vers le haut de mon dossier, tire ma ceinture de sécurité et la bloque dans l'encoche de fixation. Je ferme les yeux machinalement, je suis happée par l'odeur de sa peau et la fatigue aidant, je me revois dans ses bras lors de nos moments si précieux que nous avons vécu ensemble. Je souris dans le vide et je reste statique. Je ne me rends même pas compte qu'il vient de redémarrer et qu'il entreprend une magistrale marche arrière. C'est un coup de frein qui me sort de ma léthargie terriblement sensuelle. Je me liquéfie complètement quand il est tout proche de moi.

J'ouvre les paupières et ne vois que ses iris qui brillent d'une lumière de satisfaction. En un instant, je m'en veux d'être si faible et je tourne ma tête vers la route en espérant qu'on trouve un endroit pour dormir.

- Très bien, j'ai fait une réservation express dans un hôtel à quelques kilomètres seulement d'ici.

- Impeccable.

Nous arrivons rapidement et Eden gare la voiture au parking souterrain pour qu'elle soit la moins visible possible. Nous sortons tous les trois et nous nous dirigeons vers le concierge. David lui donne de l'argent et un passeport. C'est étrange, il me semble pourtant qu'ils ont tout abandonné quand on s'est fait surprendre par les hommes de Luc ! Ou alors, ce sont de faux papiers ?

- Merci, Monsieur Areski, vos deux chambres sont au 6e étage. Voici les clés.

Eden se penche vers moi et murmure :

- Sixième étage ? Quelle drôle de coïncidence...

Je me raidis en un instant et profite encore une fois des effluves de son corps. Pendant ce temps, David continue de parler.

- Nous n'avons pas pu manger, vous avez des snacks ?

- Oui dans le distributeur derrière vous.

- Merci.

Nous nous postons devant la machine, il n'y a pas un choix incroyable, mais je m'en contenterai. Eden s'approche dangereusement de mon oreille.

- J'aurais préféré t'offrir un restaurant quatre étoiles, mais on fait ce qu'on peut à 3h du mat...

Comment vais-je faire pour me maitriser s'il continue à jouer avec mes sens ? Je lui souris et lui montre un petit sandwich, il fait de même et demande à David ce qu'il veut. Nous montons dans l'ascenseur et ce dernier est toujours en train d'écrire sur son nouvel ordinateur portable. Lorsque nous sommes devant la première porte, il nous fait un signe de la main sans même nous regarder, ouvre et n'attend pas que je dise quoique ce soit de plus pour s'enfermer à l'intérieur.

Je me tourne vers Eden, visiblement nous allons dormir ensemble ! Mon cœur s'emballe d'un coup, mon épiderme s'amuse encore une fois à passer du chaud au froid et mes joues deviennent toutes rouges. Il me prend la main doucement et m'accompagne vers ce qui va être notre chambre. Je n'en peux plus, je suis un mélange de désir et de crainte. Ce qui est étrange, c'est qu'en sachant maintenant qui il est, je me retrouve bien plus intimidé. J'ai l'impression de délibérément attendre quelque chose de lui, l'avenir nous ouvrant sans doute les bras.

Ou pas...

MB MORGANE - Trois jours et deux nuits [terminé] #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant