Chapitre 36

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Je suis sur les talons d'Eden qui s'avance avec autorité vers la porte du bureau de Rodrigue. Puis il la défonce d'un coup de pied avant de se poster face à lui. Le gros est en train de compter les billets qu'il vient de recevoir et lève les mains devant l'arme pointée sur lui. Eden ne lâche pas ma paume et la serre plus fort quand il lui ordonne d'une voix terriblement ferme.

- Toi ! Pose le fric et donne-moi son passeport !

Rodrigue transpire à grosses gouttes et pousse doucement la liasse vers nous. Il ouvre son tiroir et en sort mon passeport israélien. Eden se saisit du tout et me demande de venir à côté de lui, il menace toujours le proxénète avec son revolver.

- Yaël, dis-moi ce qu'il t'a fait ou ce qu'il voulait te faire !

- Je...

Eden comprend mon hésitation et essaye de me rassurer bien qu'il crispe les muscles de son cou.

- N'ai pas peur, mon cœur, il aura juste ce qu'il mérite ! Rien de plus...

Je ne sais pas comment il faut réagir, aussi je dis avec frénésie :

- Il voulait me droguer pour utiliser tous les objets de l'armoire de la chambre sur moi avant de me violer.

J'ai parlé si vite que je crains de devoir tout répéter, cela m'a demandé tellement d'efforts. Eden plisse les yeux, il a bien tout compris et n'aime clairement pas ce qu'il vient d'entendre.

- Lève-toi connard ! On va aller voir ce qu'il y a dans cette fameuse armoire.

Nous sommes derrière Rodrigue qui a toujours ses bras vers le haut et nous rentrons dans la chambre. Il le pousse vers la penderie et pose l'arme sur sa tempe.

- Ouvre !

Il s'exécute en tremblant comme une feuille, et quand tout est révélé à ses yeux, il lui demande de se mettre à genou.

- Les mains sur la tête !

Rodrigue panique et le supplie :

- Vous n'allez pas faire ça ! S'il vous plait, je ne l'ai pas touché !

Mais il lui donne un coup de pied dans le dos.

- Ferme-la ! Tu ne te serais pas gêné pour le faire ! Tu as de la chance, si tu te laisses faire, je ne vais pas te tuer...

Eden respire et se penche vers moi.

- Attends-moi dehors, je n'ai pas envie que tu voies ça...

Je me dirige sans réfléchir vers le couloir et referme la chambre derrière moi. Dès la porte close, j'entends des coups puis quelques secondes plus tard des hurlements... Je suis saisie par ces cris et place mes mains sur ma bouche comme un réflexe, on dirait que Rodrigue va y rester ! Je n'essaye pas d'imaginer ce qu'il lui fait subir, je recule en serrant mes dents les unes contre les autres.

Puis au bout d'un moment, plus rien n'arrive à mes oreilles. Est-il mort ? La porte s'ouvre sur Eden qui n'affiche aucune émotion. Il s'avance vers moi en rangeant l'arme dans son dos.

- Il a beaucoup de chance, s'il t'avait touché, je lui aurais mis une balle dans le crâne !

Puis sans un mot de plus, il me prend la main et doucement nous traversons le couloir. Je me laisse faire, mais je reste stupéfaite. C'est la première fois que je le vois comme ça. Il est redoutable. Tout en marchant, il pianote sur son téléphone portable et envoie un message, puis finit par me parler comme si de rien n'était.

- Tu n'as pas trop mal ?

- Non, ça va. J'ai tellement hâte de partir d'ici que je ne ressens presque plus la douleur...

MB MORGANE - Trois jours et deux nuits [terminé] #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant