Chapitre 20

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Je regarde Luc qui est maintenant de dos face à moi et qui menace Eden. Il affiche clairement ce qu'il va lui faire quand soudain la matraque se lève pour le frapper. Je porte mes deux paumes à la bouche et évite de justesse de crier quand David, libéré de ses liens, attaque sans ménagement les sbires qui sous l'effet de la surprise sont presque totalement impuissants. C'est incroyable, chaque coup est efficace, les gardes n'ont aucun moyen de riposter, ils sont déjà au sol avant de pouvoir le faire. Luc se retourne et court vers moi, mais je recule plus vite que lui et ne le laisse pas m'attraper. Eden n'est toujours pas libre de ses mouvements, et il se bat sans l'aide de ses mains, il est presque aussi fort que David, jusqu'au moment où tous les hommes sont hors d'état de nuire sauf mon connard de mari qui se positionne derrière son bureau, clairement affolé.

David sort un mini objet contondant et sectionne les liens d'Eden. Puis ce dernier s'approche doucement vers Luc tout en me demandant de le rejoindre. Je bondis vers lui et il me place dans son dos. Il est autoritaire et affiche un calme fascinant quand il se poste face à Luc en tendant la paume de sa main vers lui.

- Ok Durand, je te déconseille d'appeler qui que ce soit d'autre. En revanche, file-moi les clés de la voiture que j'ai vue en arrivant. Et l'on en restera là !

Luc hésite, il est nerveux comme un chat sauvage, il se demande un temps ce qu'il doit faire, il finit par sortir d'un tiroir un trousseau et il lui donne en tremblant. En un quart de seconde, Eden lui balance son poing dans le visage et un jet de sang coule sur le tapis. Luc se tient le nez comme il peut en marmonnant des injures.

- Ça, c'est pour Gabrielle ! Si tu cherches à nous retrouver, je te défigurerai totalement avant de te livrer à qui de droit.

Il se retourne d'un coup et me saisit la main avant de courir en direction de la sortie. David est sur nos talons et Eden déverrouille la voiture à distance. Il me fait signe de passer à l'arrière, ce que je fais le cœur battant à tout rompre. Je ne me rends absolument pas compte de ce qui vient de se dérouler en quelques minutes seulement. C'est David qui s'assoit à la place du conducteur et démarre, pendant que je suis rejointe par Eden. Rapidement, il prend le petit objet pointu de tout à l'heure, c'est un mini couteau et me fixe.

- Dis-moi où le médecin t'a opéré.

- Quoi ? Tu ne vas pas m'ouvrir la peau maintenant ?

- Si. Tu as un mouchard, nous devons l'enlever tout de suite. J'ai intimidé Luc, mais je ne pense pas qu'il lâche l'affaire de sitôt.

Nous sommes ballotés de tous les côtés, David conduit en faisant hurler la voiture.

- Il a retiré des grains de beauté sur mon bras, puis mon ventre et enfin ma cuisse.

- Parfait ! On va commencer par le plus simple : le bras.

Je soulève la manche de mon pull et lui montre la cicatrice. Il entreprend d'appuyer dessus pour sentir quelque chose, mais finalement décide de faire une petite incision. Je plisse des yeux, ce n'est clairement pas agréable du tout. La seule chose qui me détend en cet instant c'est les effluves de sa peau si proche de mon visage. Je m'avance doucement vers lui, comme si je voulais me redresser de mon siège. Il étire un sourire, il voit bien mon subterfuge. Mais je m'en fiche, j'en profite à fond et ça me calme.

- Désolé, ce n'est pas ici. On va continuer.

- Mais quelle est la taille du mouchard que tu cherches ?

Il est proche de ma bouche quand il dit l'air malicieux.

- Assez petit pour que je ne m'en sois pas rendu compte avant...

Il fait super chaud d'un coup... et je crispe mes mains sur mes genoux avant qu'il ajoute :

- Soulève ton pull... et allonge-toi.

Je m'exécute en ne le quittant pas des yeux, c'est dingue l'effet qu'il a sur moi, puis il caresse doucement le pourtour de la cicatrice. J'ai des frissons, mon corps se souvient en un instant de la puissante attraction qu'il exerce sur moi. Je tente de calmer ma respiration quand il avance son visage vers ma peau.

- Je ne vais pas te charcuter pour rien, montre-moi l'autre endroit, avant.

Les mains tremblantes, je déboutonne mon jean et entreprends de le glisser vers le bas. Arrivé à mi-cuisse, je prends son index délicatement et le pose à l'intérieur de ma jambe, assez haut pour que ce soit lui maintenant qui ait du mal à garder un souffle régulier. Je ferme les yeux quand il palpe doucement le centimètre de peau qui est sous ses doigts. Je suis presque en transe et en oublierais les coups de la voiture qui double à toute vitesse les autres véhicules. Il s'avance vers moi et me parle à voix basse.

- Il y a de fortes chances que ce soit là. Ne bouge pas, c'est un endroit très sensible...

Il me caresse doucement la joue, et je ne sens pas ce qu'il fait quand au bout de quelques instants, il retire un tout petit objet pour me le montrer.

- Le voici, un bijou de technologie.

Il se recule d'un coup et jette par la fenêtre le mouchard avant de se tourner vers moi. Je suis toujours dans la même position, voyant cela, il baisse lui-même mon pull et m'aide à remonter mon pantalon. Je me redresse, ne sachant plus trop où je suis après ce moment tellement déstabilisant. Il fixe ma ceinture de sécurité et se place au milieu pour pouvoir parler à David.

- Il va falloir changer de véhicule.

- Oui, tu as raison.

- Arrête-toi dès que possible.

Rapidement, David dévie de la nationale pour aller en direction d'un petit hameau et arrive dans un parking à ciel ouvert. Il se gare et nous sortons tous les trois. Eden observe toutes les voitures et finit par admettre :

- Vu le peu de matériel que l'on a je dirais, celle-là !

- Je suis d'accord, je t'amène ce qu'il faut.

Je les regarde la bouche béante, ils n'ont presque pas besoin de parler. David soulève le capot de notre voiture pour en sortir des câbles, puis le coffre avec les outils du nécessaire de crevaison. Il s'avance et en quelques secondes, pendant que l'un force la porte, l'autre est déjà en train de recâbler le système d'allumage. Elle démarre en moins de deux minutes. Eden me demande de m'assoir à l'avant et je pénètre à l'intérieur en le fixant comme s'il était une bête imaginaire, ils sont redoutablement efficaces ! Cette fois-ci, David est à l'arrière.

- Bien, plusieurs options.

- Je t'écoute.

- Nous sommes à quelques kilomètres d'une cache contrôlée, sinon nous pouvons retourner sur Paris et aller voir le responsable des communications.

- Non pas Paris, la cache.

- OK, je te guide.

Je prends la parole, je suis vraiment dans un autre monde, là ! C'est délirant...

- Une cache ?

Eden ne me répond pas, c'est son coéquipier qui intervient.

- Tu vas connaitre certaines choses Gabrielle, et même si je ne suis pas d'accord, Eden pense que tu es capable de les assumer. Visiblement, il tient à toi plus qu'il ne le faut...

Il l'expédie avec beaucoup d'autorité.

- Je n'ai pas besoin que quelqu'un me rappelle les règles, David !

- À force de les oublier, on va finir par avoir de gros problèmes. Nous n'avons pas reçu l'ordre de démanteler un réseau de vente d'arme ultra protégé et encore moins de jouer les gardes du corps pour...

Eden crispe en un instant ses doigts sur le volant et lui coupe la parole avec rage.

- Que les choses soient claires David, si tu veux te barrer, casse-toi !

- On fait équipe, je reste !

- Alors, abstiens-toi d'émettre ce genre d'avis à l'avenir !

L'atmosphère s'est tendue en quelques secondes, et je ne sais plus où me mettre. Je vois bien que je suis le centre de leur problème et je suis mal à l'aise. Pourtant, je me sens terriblement soutenu et quelque part mon cœur s'allège en apprenant la décision d'Eden.

MB MORGANE - Trois jours et deux nuits [terminé] #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant