Chapitre 16

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Je tourne en rond dans la pièce, j'ai beau tenter de clarifier ce que j'ai dans mon esprit et ce que je ressens à l'heure actuelle, mais à l'évidence tout s'effondre. Luc est donc un vrai pourri, je suis coincée avec mon amant agent du Mossad quand une autre organisation internationale cherche à m'enlever... C'est un bon résumé, je crois... Bien, si je n'étais pas sous le choc, je me pincerais pour savoir si je ne suis pas en train de rêver. Quelle heure est-il ? Aucune idée, je me penche à la fenêtre, nous sommes dans un appartement parisien et on dirait que nous sommes au troisième étage.

Il va falloir que je sorte, mais je n'ai aucune envie de me retrouver encore une fois face à Eden... Eden ? Comme le jardin. Je comprends mieux le pendentif, la pomme... En un instant, je suis transportée dans le placard de service de l'hôtel quand justement il m'a fait croquer dans ma pomme verte, avant que je ne... Ha ! J'ai des frissons dans le ventre à l'idée de sentir l'odeur de sa peau... Je me prends la tête en coupe, je perds franchement les pédales ! Avec ce qui m'arrive, je devrais plutôt me contrôler, l'oublier définitivement et me concentrer à la manière la plus intelligente de me sortir toute seule de cette affaire de dingue ! En attendant, je dois trouver une excuse pour quitter de cette satanée chambre.

Je respire un bon coup et ouvre la porte. Je me retrouve dans un couloir, ils m'ont visiblement entendu lorsque des chaises glissent sur le sol. Des pas se rapprochent de moi. Je m'avance doucement : c'est David. Il s'amuse toujours autant quand il me regarde des pieds à la tête.

- Tu as besoin de quelque chose ?

Alors je croise mes bras devant lui en affichant sans retenue une mine désagréable.

- La salle de bain !

Il lève un sourcil tout en continuant à se moquer de mon attitude.

- Par là. Il y a des serviettes et...

Mais je n'attends pas qu'il finisse sa phrase, je suis déjà à l'intérieur de la pièce et me verrouille à double tour. Je jette un rapide coup d'œil, il y a tout ce dont j'ai besoin si je décide de prendre une douche. J'aurais bien tort de ne pas en profiter, de toute façon je n'ai rien à faire de plus pour le moment et ça me permettra de me remettre les idées en place... ou pas...

L'eau est chaude et je traine le plus longtemps possible. C'est agréable, mais à l'évidence, ça ne m'a pas remis ces fameuses idées en place ! Je suis dans le flou le plus complet. Je pense à Luc, quel salop ! Mais il y a pourtant quelque chose qui vient de se débloquer, je ne me sens plus du tout coupable. Heureusement que j'ai toujours résisté à la tentation de faire un bébé avec lui ! Si je suis dans la merde actuellement, je ne sais pas dans quoi je serais si nous en avions un...

Une fois habillée, je regarde mon reflet dans le miroir en essuyant la buée de ma main droite. Je vais devoir les affronter maintenant...

Ce que je fais, j'ai au même instant mon ventre qui gargouille. OK, j'ai faim, il ne manquait plus que ça !

Je me dirige vers le salon et penche ma tête, mais il n'y a personne. Je vois une cuisine ouverte et un frigo. Si je me dépêche, je vais pouvoir grignoter quelque chose et retourner dans ma chambre ni vu ni connu.

Je me redresse, quand soudain :

- Vous voulez manger ?

Je sursaute, je ne l'avais pas entendu arriver dans mon dos, et dans un réflexe, je me tourne pour le frapper au visage, mais il saisit mon poignet au vol. Nous restons un moment dans cette position, et je ne peux m'empêcher de sentir sa divine odeur effleurer mes sens. Son expression est dure, mais il glisse tout de même le long de mon corps. Il se détend, ses yeux deviennent brillants, sa respiration s'accélère imperceptiblement. Il desserre doucement son emprise, semble hésiter à parler, mais finit par se diriger vers la cuisine sans ajouter un mot de plus. Il ouvre le réfrigérateur et saisit une assiette remplie qu'il met au micro-ondes puis il se retourne enfin et me fait un signe de tête tout en me montrant les chaises.

Mais pour qui se prend-il ? Il claque des doigts et je dois faire ce qu'il dit ! Je rêve ! Alors je reste debout à le dévisager de mon regard noir. Je ne suis pas à ses ordres, bordel ! Le bip du four sonne, il sort l'assiette et la jette littéralement sur la table. Sa mâchoire se crispe de plus belle quand encore une fois je ne bouge pas. Il est donc dans l'obligation de parler. Bien fait !

- Asseyez-vous.

Décidément, il m'avait bien caché son sale caractère à Amsterdam ! Mais s'il veut jouer à ça...

- Je ne suis pas une de vos employées, Eden ! Je vous interdis de me donner des ordres !

Il crispe ses mains sur le comptoir, avant de continuer un sourire forcé sur les lèvres.

- Premièrement, vous êtes ici dans mon domaine, donc vous devez suivre ce que je dis sinon vous risquez de tous nous mettre en danger. Deuxièmement, il est interdit de s'enfermer à clé lorsque vous êtes dans une pièce. Troisièmement, si vous avez faim, il vaut mieux s'assoir pour manger.

Bizarrement, je ne retiens que le fait qu'il ne souhaite pas que je m'enferme à clé...

- Pourquoi, ne dois-je pas m'enfermer à clé ? Hein ? Pourquoi ?

Je lui envoie un rictus de supériorité. Il sourit, il comprend bien mes allusions quand il vient vers moi comme un chat. Mes muscles se raidissent d'un coup, mais jusqu'où va-t-il aller ? Il est de plus en plus proche. Non ça y est, il est proche, non pire, il est carrément collé à moi. Il ne cesse d'avancer sa tête vers mon cou lentement, je sens que je vais m'évanouir tant il est troublant, désirable, j'ai les joues qui rosissent à vitesse grand V.

Je suis définitivement en apnée quand il me dit au creux de l'oreille.

- Gabrielle, en mission, nous n'avons pas le temps de défoncer une porte si la personne qui est à l'intérieur est en danger. Donc personne ici, ne doit s'enfermer à clé.

Il me pousse vers le mur et pose ses deux mains de chaque côté de mon visage, tout en plaquant son corps contre le mien. Je n'en peux plus, je dois reprendre mon souffle au risque de défaillir dans ses bras. J'avais oublié à quel point, il était fascinant, terriblement magnétique, un vrai cachet d'extasie !

- Autre chose, tant que vous êtes avec nous, c'est moi qui décide et vous serez d'accord pour admettre que je suis le plus qualifié d'entre nous.

Il effleure maintenant dangereusement le lobe de mon oreille, et ramène ses mains vers mon cou et il finit par chuchoter.

- Une dernière chose, même si vous en mourrez d'envie, je ne suis pas disposé à vous faire l'amour. Vous comprendrez que c'est aussi une question de sécurité.

Il se détache lentement de moi, un sourire de satisfaction aux lèvres en voyant mon visage cramoisi, puis tourne les talons vers ce que j'imagine être sa chambre.

Je respire d'un coup, mais n'arrive pas à trouver une répartie bien salée à lui envoyer à la figure. Puis il disparait en ayant eu le dernier mot.

Mais quel connard ! Et moi, quelle abrutie !

Je m'assieds donc, et commence à manger. Je dévore sans savoir ce qu'il y a dedans, je ne décolère pas. J'ai envie de hurler, de me barrer, de le planter lui et son équipier, d'aller voir les flics et de tout balancer ! Un temps, je regarde la porte d'entrée, je me lève, je dois vérifier. Je bascule la poignée vers le bas, bien évidemment elle est fermée à clé, et c'est David qui intervient cette fois-ci en me faisant sursauter encore une fois.

- Tu es drôle, tu ne pensais quand même pas qu'on allait laisser la porte grande ouverte ?

Aussi, je passe devant lui rapidement et rejoins ma chambre d'un pas décidé. Je vais pour la verrouiller, mais la clé a disparu. Alors je peste en lâchant un petit cri avant de me mettre au lit.

MB MORGANE - Trois jours et deux nuits [terminé] #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant