MB MORGANE - Trois jours et deux nuits [terminé] #Wattys2020

Chapitre 38

Je suis déposée devant la banque et espère dans mon for intérieur que le directeur se souviendra de moi sans ma perruque. Je n'ai pas le choix, il va falloir que je sois convaincante. Je m'approche de l'accueil et demande à le voir de toute urgence. L'assistante lui téléphone et lui donne mon nom, quelque temps plus tard, le voici dans le hall, il me tend les bras et remarque tout de suite mon changement de look.

- Madame Durand, comme cela vous va bien...

C'est ça oui ! Hypocrite ! Mais au moins, il m'a reconnu, c'est une bonne nouvelle...

- Bonjour, Monsieur le Directeur, je suis venue annuler les transferts vers les comptes de mon époux.

- Ha, suivez-moi, je vous en prie. Vous allez m'en dire plus...

Il me précède et me conduit dans son bureau.

- Mais où est Monsieur Durand ?

- Justement, il n'est pas ici, car le fisc est sur lui. Il est en visioconférence avec ses collègues de Paris. Il faut absolument annuler les virements, tous les comptes sont épluchés.

- Je comprends, c'est terrible. Voulez-vous un café ? Le temps que je prépare les papiers.

- Oui merci.

Il téléphone à sa secrétaire, puis il sort les dossiers avant de pianoter sur son ordinateur afin d'imprimer des liasses.

Les cafés posés sur la table, j'en porte un à mes lèvres et me dis que finalement c'est bien plus facile que j'aurais pu le croire. Je vais finir par être un bon agent, et je m'imagine déjà au côté d'Eden dans de grosses missions... Cela me fait sourire.

- Voici Madame Durand, vous pouvez parapher tous ces papiers.

Je signe chaque document avant de lui rendre puis il me demande en dernier :

- Encore une dernière formalité, votre passeport s'il vous plait.

J'écarquille les yeux d'un coup, merde ! Ce n'est pas prévu ! Comment vais-je pouvoir justifier de mon identité maintenant ? Alors qu'il se rend compte de mon trouble, il plisse doucement les paupières, je ne dois pas lui mettre le doute, sinon je suis foutue !

- Si vous n'avez pas votre passeport, votre carte d'identité française suffira...

- Heu... quelle sotte, je l'ai oublié à la villa, mais vous avez fait une photocopie la dernière fois, vous pouvez sans doute l'utiliser, n'est-ce pas ?

Il décroche son téléphone et compose un numéro. J'espère qu'il ne va pas...

- Oui, maître Durand, c'est le directeur de la banque. Je ne vous dérange pas ? Je sais que vous êtes ennuyé avec votre contrôle fiscal...

Il fronce les sourcils.

- ... oui votre contrôle fiscal. Je suis avec votre épouse qui vient de tout me raconter, ce n'est vraiment pas de chance et...

Il me dévisage maintenant, je sens que les choses vont mal finir.

- ...votre épouse. Elle souhaite comme vous l'avez demandé, annuler les transferts, ce que nous sommes en train de faire et j'ai besoin de son passeport ou de sa carte d'identité qu'elle a laissés dans votre villa...

Je blêmis, ma tension monte en un instant et une migraine menace de se déclarer.

- Très bien Monsieur, nous vous attendons...

C'est l'horreur ! Je vais le revoir, que va-t-il faire ? Je suis perdue... si seulement je pouvais joindre Eden ! Quelle misérable poisse !

Je remue sur ma chaise comme un asticot et cela n'échappe pas au directeur, qui trouve clairement mon attitude anormale, mais qui fait mine de ne rien laisser transparaitre. Je pourrais partir en courant, mais si je m'enfuis cela n'arrangera pas les choses. Je me rassure en me persuadant que Luc ne pourra rien me faire ici, nous sommes censés être mariés et heureux !