Chapitre 28

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Elle l'a remarqué depuis quelques temps déjà. Quelque chose ronge Ban de l'intérieur. Chaque soir, elle tente de trouver le courage d'aller lui parler. Puis, lorsqu'elle voit le regard vide et perdu de son ami, elle renonce. Pour le préserver ? Ou par pure lâcheté ? Une étrange routine s'installe. Ils marchent sans répit le jour, faisant une pause seulement à midi pour manger, ne s'arrêtent que le soir pour dormir. Sans qu'un seul mot ne soit prononcé.

Des semaines se sont écoulés, voire peut-être même des mois. Ils ont appris à se connaître. Ils savent qu'ils peuvent compter l'un sur l'autre. L'un est le prolongement de l'autre. Leurs coups se complètent. En parfaite harmonie. Mais la seule barrière est celle de l'âme. Celle de l'immortel est agitée, hurle la nuit. Akemi reste fidèle à elle-même, même si un soupçon d'inquiétude occupe un bout de son esprit. Les seules phrases qu'elle prononce sont dans une langue que son équipier ne comprend pas.

Un soir, en revenant de la chasse, elle le voit frapper contre un rocher. Un élan de colère et de pitié l'envahit. Elle court pour se placer entre son poing et la dure pierre. La paume de sa main intercepte la violence du coup. Une onde de choc ébouriffe les cheveux de Ban, soulève ceux de la chasseuse. Leurs regards se croisent. S'accrochent.

- Qu'est-ce que tu as ? demande-t-elle froidement.

- Depuis quand tu poses des questions ?

- C'est pas le moment, papy.

- Je fais juste la réflexion que c'est pas dans ta nature de prendre soin des autres et de les faire chier alors qu'ils ont besoin de calme. Je croyais que tu respectais ça, merde !

- MAIS C'EST CE QUE J'AI FAIT, BORDEL ! hurle-t-elle. JE T'AI LAISSE TRANQUILLE PENDANT DES JOURS ET DES JOURS, SANS TE DEMANDER POURQUOI TU T'ÉTAIS TRANSFORME EN POISSON ROUGE !

Surpris par la hausse du ton de sa camarade, il se dégage. Comment lui expliquer ? Comment une "prêtresse" aussi ancestrale qu'elle peut comprendre ce que ressent un humain ? Peut-il seulement se confier à elle ? Il hausse les épaules et s'assoit devant le feu. Un léger froissement lui indique qu'elle fait de même. Plus aucune trace de colère n'est visible en elle. Un calme serein. A tout épreuve. Presque effrayant. Comme si elle a compris à quoi il songe, elle dit :

- Ce n'est pas parce que je suis immortelle que je ne suis pas humaine. Tu dois le savoir, pourtant.

- Mais es-tu réellement humaine ? Et d'où es-tu sortie ? Moi, cette immortalité, je ne la souhaitais plus. Je souhaitais vivre avec elle. Je voulais mourir pour la rejoindre.

- Oui, je suis humaine. Je sais combattre, comme tu le sais si bien. J'ai des points faibles, comme tout le monde. J'ai des émotions, comme tu l'as remarqué. J'ai un don avec la nature. Et je peux tout à fait comprendre ce que tu ressens.

- Ah oui ? Et comment ? Nous sommes les premières personnes à qui tu t'es attaché.

Les paroles blessantes de l'immortel sortent en cascade de sa bouche. Il voit Akemi tressaillir sous cet afflux. Il se sent coupable une fraction de seconde. Songe à s'excuser. Mais son amie réplique, imperturbable. De cette impassibilité presque inhumaine.

- Les souvenirs me reviennent de temps en temps. J'ai combattu pour les Abres-Pères toute ma vie. Chaque fois qu'ils mourraient, j'en étais responsable. Coupable. Leur mort représente une année de deuil.

Elle lui montre son biceps couturé de blanches et fines cicatrices. Hypnotisé, l'immortel passe un doigt dessus. La chasseuse frissonne.

- Une marque par mort. Comme tu peux le constater, j'ai perdu plus que toi. Je suis ici depuis des millénaires. Certes, tu as vécu beaucoup de souffrances et de pertes. Je ne peux le nier. Mais cesse de tout ramener à toi. Les autres aussi souffrent. Sont blessés.

- Tu n'as pas perdu celui que tu considérais comme ton père ou l'amour de ta vie.

Ce n'est plus une question. C'est une affirmation. Akemi voit cet homme brisé par la vie. Par la guerre. Par la mort. Qui entreprend cette entreprise suicidaire pour une morte.

- Ce sont mes frères. Mes parents. Ma famille. Je ne vis que pour eux.

Il ne fait aucun commentaire.

- Qu'as-tu, chaton ?

- J'ai l'impression de trahir Elaine en restant avec toi.

C'est comme s'il avait lâché une bombe. Blême, la jeune blonde le contemple. Il vient d'exprimer le dilemme qui le ronge de l'intérieur depuis un moment déjà.

- C'est un cadavre.

- T'essayes de me dire quoi ? rugit-il.

- Elle est morte.

Son camarade feule et bondit, pris d'un accès de colère. Il le sait bien, merde ! C'est lui qui a récupéré son corps ensanglanté à la fin de la bataille ! C'est lui qui l'a vu mourir ! Pas elle. Elle ne comprend pas pourquoi il s'accroche autant à elle. Parce qu'elle n'a pas rencontré l'amour. Parce qu'elle ne sait presque rien de bonheur-là. Parce qu'elle n'a jamais fait une promesse pareille à celle qu'il a fait à Elaine.

- Je ne suis pas Elaine et je ne cherche pas à prendre sa place.

- Comme quand tu m'as embrassé ?

- Je n'étais pas dans mon état normal. Et je te signale que tu m'as rendu l'appareil ! En me prenant pour quelqu'un d'autre.

- J'ai compris, merci. Mais je pense que nous ne vivons pas dans le même monde, prêtresse.

Il lui tourne le dos. Refusant de répondre à ses questions. Elle s'approche doucement. Dans la ferme intention de lui remettre les idées en place. Et d'essayer de le consoler. Mais les mots que l'immortel prononce la glace et la stoppe dans son élan. Elle sent son cœur se briser. Se déchirer avec une telle violence qu'elle se demande si elle ne va pas en mourir.

- Pars.

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Coucouu mes oursons en guimauve ! Comment allez-vous ? (jugez pas le surnom svp T^T)

Ce chapitre vous a plu ? Comment l'avez-vous trouvé ?

Selon vous, pourquoi Ban lui fait cette surprenante demande ? Bon, ok c'est vrai que ça ressemble plus à un ordre mais boon.

Avez-vous des hypothèses sur la suite de l'histoire ?

Bisous, bisous :3

My last loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant