My last love

Chapitre 10

Il sent le regard de la jeune femme le toiser d'une froide dureté. Ce qui ne fait que décupler sa fureur.

- C'est plutôt à moi de te retourner la question !!! feule-t-elle. Qu'est-ce qui te prends bordel ?!

Ses yeux s'étrécissent comme ceux d'un Lionus carfus allant passer à l'attaque. Ban s'était toujours demandé quel était son pouvoir, et malgré le contexte, sa curiosité réapparaît. Se peut-il qu'elle puisse fusionner avec des créatures dangereuses ?
Il n'a jamais vu la jeune fille dans un tel état. D'habitude, mis à part son humour aussi acéré que des couteaux, elle reste calme mais attentive en toute circonstances.

- T'es ridicule Ban !! C'est pour elle que tu le fait, pas vrai ?!

Elle lit la réponse dans le regard déterminé et douloureux de l'interpellé. Lui, reste d'un calme à toute épreuve, refoulant à grand peine sa colère. Pour qui se prend-elle ? Ce n'est sûrement pas une assassine qui va lui dicter sa conduite !

- Quand est-ce que tu vas comprendre qu'elle est morte ? Elle ne reviendra plus ! Plus jamais ! Ban, ça fait longtemps maintenant... Quand vas-tu l'accepter ? Certes, il faut du temps pour accomplir un deuil, mais là c'est trop ! Ça en devient stupide ! Elle voudrait que tu sois heureux et que tu vives, plutôt que d'accomplir un voyage qui risque de te coûter la vie ! TU ME DEGOUTES, BAN L'IMMORTEL ! TROP DE GENS SE SONT SACRIFIES POUR QUE NOUS SOYONS EN VIE ET TOI, TU VEUX SACRIFIER CETTE CHANCE-LA JUSTE PAR EGOISME ?! ELLE EST MORTE POUR TOI !

Les yeux d'Akemi lancent des éclairs, brûlant de haine. Elle ne comprend pas pourquoi il ne peut pas accepter le cadeau que lui a fait sa bien-aimée. Celui de la survie de toute leur espèce. Elle s'est sacrifiée pour lui, et il veut déshonorer ce sacrifice ?

- Dès notre première rencontre, j'avais perçu ta douleur, reprend-elle d'un ton plus calme. J'avais trouvé ton attitude stupide et irresponsable. Pourtant j'ai eu pitié. Pourquoi ? Parce que je connaissais ton histoire. Que je pouvais reconnaître que tu avais besoin de temps. Mais là, ça va trop loin. Tu ne te rends pas compte à quel point ce pèlerinage est mortel. Et de plus, si les Déesses n'ont pas pu ressusciter Elaine, c'est qu'elles ne le pouvaient pas ! Qui es-tu pour contester cela ?

Ban s'apprête à ouvrir la bouche quand le bras de son amie le force à se pousser. Elle sort de la taverne d'un pas furibond. D'abord interloqué devant une réaction aussi violente de sa part, Ban hausse ensuite les épaules et décide d'aller préparer son itinéraire. Méliodas et Elizabeth, légèrement inquiets, descendent les escaliers. Ils échangent un rapide coup d'œil et, voyant que rien ne peut le faire changer d'avis, ils réunissent tout le monde pour discuter de l'itinéraire avec lui. Seule Akemi n'y participe pas. Les seules fois où Ban la croise, c'est quand elle monte dans sa chambre. Il sent son cœur se serrer quand il se rend compte qu'il ne connaît même pas la décision finale de son amie. Il se doute qu'elle n'a pas rejoint la brigade, mais que va-t-elle faire à l'avenir ?

Le renard de l'avarice dévale les escaliers, chassant les brumes du sommeil de son esprit. Heureux comme il ne l'a pas été depuis longtemps, sans savoir pourquoi, il décide d'explorer la forêt où Akemi avait l'habitude de s'entraîner avec son dragon.

- Tout doux, mon beau ! Tout doux ! s'exclame une voix bien connue de Ban.

Oh non, la poisse, pense-t-il. La jeune femme à la crinière dorée caresse le museau d'un cheval qui semble être fait essentiellement de feu. Un petit cadeau des Dix Commandements, qui s'en servaient autrefois comme monture. Malgré les 3 000 ans, ils ont continué à se reproduire et à vivre un peu partout dans les royaumes.
Le cheval hennit, se calmant subitement quand elle pose son front sur le sien. Il se transforme en un cheval tout à fait banal, excepté ses naseaux crachant du feu, ses sabots et sa queue.

- C'est bien, Orloki. Et... pardonne-moi si je ne prononce pas ton nom correctement, dit-elle en riant.

Elle s'écarte soudainement. A cet instant précis, il pousse un hennissement et martèle l'air de ses sabots avants.