I

2.2K 61 33
                                    

   Comme projetée au devant de la scène, face à des bribes d'images brusquant ma vue, j'observe un viel homme à la jambe raide poser une boulloire sur le feu. Son regard se lève soudain, attiré par une lueur de lumière tramblotante. L'étrangeté de la situation est que cela soit d'origine Moldue ; le manoir semble bien trop vieux pour accueillir quelconque visiteur.
  Le vieil homme, au contraire, lâche la bouilloire :

- Sales gamins ! gronde-t-il.

  Son manteau enfilé, il attrape une vieille clé rouillée, pendue à un crochet près de la porte. Au passage, il saisit sa canne posée contre le mur et sort dans la nuit. Mais ni la porte d'entrée de la maison ni les fenêtres ne semblent avoir été fracturées. Le vieil homme fait le tour par-derrière et s'arrête devant une porte mangée par le lierre. D'un tournant de clé, il ouvre cette porte sans faire de bruit et pénètre dans la cuisine, aussi vaste qu'une caverne. Malgré l'obscurité qui y règne, il balaye la pièce de sa lampe torche en atteignant ensuite le vestibule, un peu moins miteuse, certes, mais l'odeur de moisi est toujours présente. Il est alors possible maintenant d'entendre, lointains, des bruits de pas et des voix au-dessus de nos têtes. Grommelant, le retraité passe devant une pendule habitée de toiles d'araignées et commence à gravir l'escalier, dont les marches recouvertes d'une épaisse poussière étouffent chacun de ses pas, chacun des « toc » de sa cane. Enfin sur le palier, il tourne à droite et remarque ce que même un aveugle pressentirait : les intrus se trouvent en face de nous, à l'intérieur d'une pièce où émane l'étrange lueur. Une voix rauque, froide comme la glace, grinçante comme un vieux plancher, résonne dans l'air maudit :

- Comme tu es devenu indélicat, Queudver... Si je ne m'abuse, il n'y a pas si longtemps, le premier jour, nous décidions de se servir de cette maison... Peut-être que la tâche de me soigner est devenu lassante pour toi ?

  Ses mots suffisent pour me faire comprendre que la voix glaciale est celle de Tom Jedusor, mon arrière-arrière-grand-cousin par le mariage d'une Gaunt avec un Malefoy. Et à travers l'interstice de la porte, on aperçoit nettement Queudver s'abaisser devant un imposant fauteuil. Une main squelettique, presque inhumaine, en dépasse. Cette main... C'est forcément celle de Jedusor, ou plutôt de son « alter ego » Voldemort, même si les deux restent les mêmes.
Le vieil homme, de son côté, resserre sa poigne sur sa canne, tétanisé par la discussion qui s'affaire dans la pièce. Queudver, ce lâche, à l'origine du meurtre de James et de Lily Potter, semble pris de panique.

- Oh non, Seigneur Voldemort... blêmit-il. Je voulais dire qu'il serait possible de le faire sans les gamins... Votre... votre arrière-arrière-petite-cousine... Elle semble plus...

- Plus puissante ? siffle Voldemort. Elle ne le serait pas si tu avais fait en sorte de découvrir plus amples informations sur ce qu'elle est capable de faire !

- Mais !... Mais... Maître... Elle... Elle dispose de pouvoirs... Mettre la main sur elle présente de terribles difficultés, elle est si bien protégée... Éléona, l'ancienne cheffe des Aurors, la surveille comme son ombre depuis qu'elle est jeune... Et... Et Dumbledore semble veiller sur elle comme sa propre vie... Pire encore que Harry Potter ! Alors si... si nous le faisions sans Mélody... Peut-être pourrions-nous...

- Non ! Il nous faut les deux, rugit Voldemort aussi fort qu'il peut. C'est important qu'elle y soit aussi. Et cela sera fait tel que je l'ai décidé !

  Un deuxième homme s'agenouille près du fauteuil. Un homme aux cheveux raides, couleur paille, et au regard terriblement sombre.

- Je ne vous décevrai pas, Maître, dit-il, se précipitant à son chevet.

Elementum  {Tome 4}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant