Elementum {Tome 4}

XVI

  Le soir qui suit la première tâche, je convainque les jumeaux que j'aille d'abord monter à la volière pour porter une lettre à Sirius. Aussi, en voyant que je ne me laisserai pas aller à la salle commune sans avoir fait cela, George et Fred décident soudain que c'est une bonne idée car, selon la pensée fuyante que j'ai pu entendre de George, ils espèrent nous préparer à Harry et moi une surprise digne de ce nom. C'est donc comme cela qu'ils partent pour la salle commune des Gryffondor avec Hermione, alors que je me dirige à la volière en compagnie de Amy et de Harry. On veut tous les deux écrire tout de suite à Sirius qu'on a réussi à affronter nos dragons sans dommage particulier - bien que Harry ait le bras en écharpe. Sur le chemin, on raconte à tour de rôle à Amy tout ce que mon grand-cousin nous a révélé sur Karkaroff. Amy parait abasourdie en apprenant que Karkaroff ait été un Mangemort mais, lorsqu'on arrive dans la volière, elle déclare qu'au fond on aurait dû s'en douter depuis le début.

- C'est grave logique, en fait, dit-elle. Comme pour Kristine, c'est la même ! Mais il y a quelque chose qui m'échappe... Ton frère, Mélody, a dit dans le train que votre père était ami avec Karkaroff... Ils se sont sûrement connus en étant Mangemorts, il n'y a pas d'autre possibilité.

  Ce qu'elle me dit me fait froncer les sourcils - non pas par la colère, mais plus par la réflexion.

- Je l'ignore, répondis-je, un soudain pincement au cœur en imaginant mon père biologique en Mangemort. Mais si ce serait le cas, je le saurai.

- Ton père ne t'a jamais vraiment tout dit sur lui, tu nous l'as dit toi-même, rétorque Harry en écrivant sa lettre.

- Ça doit être de famille parce qu'Éléona est aussi mystérieuse que lui, dis-je. Mais en soit, j'ai vécu toute mon enfance au manoir. J'aurai sûrement pu le savoir, quelque chose comme cela est difficile à cacher.

  C'est alors que j'entends la même voix grave que lors de la sélection des champions :

- Sauf si on a oublié.

  Je fronce encore plus les sourcils en entendant cette voix de Double-Maléfique qui me donne des frissons chaque fois qu'elle résonne dans ma tête. Encore une fois, comment aurais-je pu oublier une chose pareille ?

- Décidemment, cette histoire est vraiment compliquée à élucider, remarquai-je en soupirant.

  Je prends le parchemin que Harry me tend et écris un paragraphe avec sa plume sous celui qu'il a déjà inscrit.

- En tout cas, si c'est Karkaroff qui a mis ton nom dans la Coupe, P'tit Louis, il s'est vraiment gourré ; tu n'as eu qu'une simple égratignure, dit Amy en s'adressant à Harry.

- Peut-être mais il reste les autres tâches, répond-il, sans prendre en compte le surnom péjoratif qu'elle lui a donné.

- Ce sera fastoche ! s'exclame-t-elle. Je suis même sûre que vous allez le remporter, ce tournoi.

  Je lève un sourcil, ne croyant pas en mots Amy, et attache la lettre à la patte d'un hibou du collège. Je le lance ensuite par la fenêtre et regarde Harry avec exaspération.

- Je crois que tu as battu le record de mots, lui dis-je en référence au pavé qu'il a écrit à Sirius.

- Je n'ai pas pu résister de lui donner un compte rendu détaillé, se défend-il. C'est vrai... J'ai quand même admirablement contourner, éviter, feinter...

- D'accord, d'accord, c'est bon, j'ai compris ! l'arrêtai-je, exaspérée de son narcissisme.

- Elle a raison, « combattu la dragonne » aurait été largement suffisant, commente Amy.