XII

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  Par un étrange phénomène, plus on redoute un événement, plus le temps qui nous en sépare prend un malin plaisir à passer le plus rapidement possible, alors qu'on donnerait n'importe quoi pour qu'il ralentisse. La dernière semaine avant la date de la première tâche semble défiler comme si quelqu'un s'est ingénié à faire tourner les horloges deux fois plus vite. Si Harry en éprouve un sentiment de quasi-panique, ce n'est pas mon cas. Car depuis ma dernière discussion avec Tantine, je me sens étonnamment plus détendue et au lieu de maudire les sarcasmes des étudiants de Poudlard, j'en suis à rire avec eux - ce qui est pour rassurer George.
  Trois jours avant la première tâche, tous les élèves de l'école, à partir de la troisième année, sont autorisés à se rendre dans le village de Pré-au-Lard. Hermione a assuré à Harry que rien ne peut lui faire plus grand bien que de quitter un peu le château, et du côté des jumeaux, ils expriment beaucoup de joie à l'idée que Ginny viennent avec nous.

- La boutique de chez Honeydukes est démente ! dit Fred alors qu'on déambule dans les rues du village.

- Oui, tu verrais tous les bonbons... C'est à tomber par terre ! s'exclame Amy.

- En même temps, si tu ne manges pas un seul bonbon dans la journée, c'est que tu es malade, dit George en riant.

  On rigole avec lui et passons devant Derviche et Bang, un magasin spécialisé dans la vente et la réparation des objets magiques, et montons la pente douce du village en direction d'Honeydukes. Les élèves qu'on croise, au-delà de me regarder de travers, ne disent pas un mot à mon sujet. Ils ont vite compris que leurs commentaires ne m'atteignaient plus et cela fait du bien.

- Vous aviez raison, c'était incroyable ! s'exclame Ginny alors qu'on sort de la confiserie Honeydukes en mangeant de gros chocolats à la crème.

- Évidemment, approuvai-je, un sac rempli de sucreries à la main.

  Amy sautille de joie, une sucette dans la bouche, ses cheveux noirs accrochés en queue-de-cheval parsemés de bonbons (ce qui est sa coiffure signature), et s'écrie soudain :

- Une Bièraubeurre ! Il faut trop qu'on aille en boire une !

- Bonne idée, dit Fred. Ça permettrait à Ginny de savoir qui est Madame Rosmerta.

- Celle dont Ron est fou amoureux ? demande Ginny, un sourire malicieux aux lèvres.

- « Fou amoureux » est un peu fort, répondis-je.

- Moi je dirais que c'est le bon mot, il n'arrête pas de piailler sur elle depuis le jour où elle l'a servie en premier, réplique George.

  Sa remarque aurait pu me faire rire comme les autres si seulement je n'avais pas vu Rita Skeeter et Bozo sortir du pub des Trois Balais.

- Mais qu'est-ce que... dit George lorsque je me cache soudainement dans sa cape.

- Chut ! le coupai-je à voix basse, alors qu'il passe son bras autour de ma taille. À dix heures !

  Il tourne sa tête et sort un juron en apercevant Rita Skeeter et Bozo marcher vers nous en parlant à voix basse. Fred et Amy se placent aussitôt devant George, pour faire semblant de discuter.

- C'est bon, ils ne sont plus là, dit Ginny lorsqu'ils se sont éloignés. Pourquoi est-ce que tu ne voulais pas qu'ils te voient, Mélody ?

  Je souffle de soulagement, rouge comme une pivoine, en sortant des bras de Georgebqui m'a serré contre lui pour que je passe inaperçu.

- C'étaient Rita Skeeter et Bozo, son photographe, répondis-je en lançant à George un regard et un sourire remplis de gratitude.

- Rita Skeeter ? répète Ginny, le regard soudain flamboyant et dur. Celle qui n'arrête pas de te manquer de respect dans La Gazette du Sorcier ?

Elementum  {Tome 4}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant