Elementum {Tome 4}

XXII

  S'il y a bien une chose positive au fait que j'ai dû endurée une semaine entière à l'infirmerie, c'est bien de ne pas entendre Ron se vanter. Car, d'après les jumeaux qui viennent tous les jours me rendre visite avec Amy et le trio, tout le monde est avide d'entendre les détails de ce qui s'est passé au fond du lac et Ron se trouve ainsi sous les feux de la rampe. À en entendre Harry, sa version des faits change légèrement chaque fois qu'il la raconte. Au début, il a dit ce qui semble être la vérité. Son histoire, en tout cas, cadre avec celle d'Hermione et de George : Dumbledore a rassemblé dans le bureau du professeure McGonagall ceux qui devaient jouer le rôle des prisonniers et les a plongés dans un sommeil magique après les avoir assurés qu'ils ne risqueraient et qu'ils se réveilleraient dès leur remontée à l'air libre. Une semaine plus tard, cependant, (dès que j'ai la possibilité d'enfin sortir de l'infirmerie), Ron fait un récit beaucoup plus haletant où il est question d'un kidnapping au cours duquel il a dû affronter seul une cinquantaine d'êtres de l'eau puissamment armés qui ont fini par l'emporter au terme d'un rude combat et l'ont solidement ligoté.

- Mais j'avais caché ma baguette magique dans ma manche, a-t-il affirmé à Padma Patil.

  Elle semble s'intéresser beaucoup plus à Ron depuis qu'il est au centre de l'attention générale et elle ne manque jamais, à en entendre Harry, une occasion de lui parler chaque fois qu'elle le croise dans un couloir.

- J'aurais pu leur donner une raclée quand je le voulais à ces imbéciles aquatiques.

- Et tu t'y serais pris comment ? Tu leur aurais ronflé à la figure ? a dit Hermione d'un ton agacé.

  De ce que j'ai entendu, depuis qu'on sait qu'elle est ce qu'il y a de plus cher au cœur de Viktor Krum, Hermione a fait l'objet de tant de moqueries que son humeur s'en ressent. Les oreilles de Ron, en tout cas, sont devenues écarlates et, à compter de ce jour, il s'en tient à la version du sommeil magique.
  De mon côté, c'est bien l'exaspération qui tend sur l'agacement : le fait que j'ai manqué plus de deux semaines à l'appel, enfermée dans l'infirmerie, a été assez long pour que la moitié de Poudlard commence à avoir des soupçons. Certains ont dit que je n'avais pas supporté le froid et que j'étais morte congelée (ce qui a été le plus stupide), d'autres, en revanche, encouragés par Dylan Smith, me suspectent ouvertement d'avoir le don des cinq Éléments à cause de mon score.

- Comment tu aurais pu gagner ? T'es une fille qui ressemble à un minimoy ! me lance un élève de Serdaigle.

- Tu vas voir ce qu'elle va te faire, la minimoy ! répliquai-je en m'avançant à grands pas vers lui.

- Wow ! Tout doux, la guerrière, ne t'emporte pas pour si peu ! m'arrête George en m'attrapant aux biceps pour éviter que je fasse la peau à cet élève.

  Mais combien même il peut me dissuader de refaire le portrait à ces étudiants pathétiques, George aussi a sa part de commentaires négatifs. Or, ça s'est vite estompé pour lui quand ils ont compris que ça ne l'atteignait pas.
  Autre chose exaspérante également reste mes blessures : bien que certaines se sont refermées dès le troisième jour grâce à mon don, s'en est tout autre pour mon bras entier gauche qui m'offre un vrai calvaire pour écrire. Heureusement, je peux compter sur Amy, Hermione, Harry et Ron pour m'épauler lors des cours écrits.
  Lorsque arrive le mois de mars, surplombé d'une centaine de critiques au moins par semaine de la part de plusieurs élèves, le temps devient plus sec mais des vents implacables nous écorchent le visage et les mains chaque fois qu'on sort dans le parc. Le courrier est retardé en raison des bourrasques qui détournent les hiboux de leurs itinéraires. Snova, la chouette que Sirius a gardé depuis notre dernière lettre, revient le vendredi matin, la moitié de ses plumes retournées. J'ai à peine détaché de sa patte la réponse de Sirius qu'elle s'envole à nouveau, de peur d'avoir à repartir avec une autre lettre.
  La lettre de Sirius est presque aussi brève que la précédente.