13 jours.
13 jours entiers ; 312 heures et 18 720 secondes. Tellement de chiffres pour si peu de choses.
La belle Alice n'était pas triste. Elle avait cessé de l'être au moment où elle avait joué la dernière note sur son piano. Depuis, treize jours avait passé et rien ne s'était passé.
Le temps était en suspens. Il attendait. Sûrement qu'Alice agisse, mais elle en était incapable. Elle était vide. Le néant autour d'elle. Le néant dans sa vie. Plus rien, plus personne.
Louise commençait à être bien âgée et ses articulations la faisaient parfois souffrir. Néanmoins, en tant que femme d'une extrême générosité, elle continuait de travailler et de prendre soin de ceux qu'elle aimait.
La vieille femme qui regardait par la fenêtre donnant sur la rue, soupira. Elle referma les stores de la buanderie et se pressa dans les couloirs secrets du LONDON PALACE. Arrivée en cuisine, elle se fraya un chemin à travers les employés qui avaient tous repris le travail et sortie par la lourde porte. Louise se frictionna les bas en parcourant la petite cour ; le froid avait bien rapidement reprit sa place à Londres. Se pressant un peu, elle traversa la rue pavée pour rejoindre une voiture garée non loin de l'hôtel de luxe depuis déjà trop longtemps.
La vieille femme donna trois petits coups et doucement, la vitre fumée s'abaissa.
- Ne restez pas là. Entrez donc, chuchota tendrement la vieille femme.
- Où est-elle ?
Louise soupira.
- Je n'en ai aucune idée... Mais elle n'est pas dans l'hôtel. Je vous en prie, entrez. Vous êtes là depuis déjà deux heures !
Le jeune homme se résigna. Deux heures. Il venait de passer deux heures à attendre, à hésiter, seul dans sa voiture. Avait-il gaspillé sa matinée de repos ? Non. Pas pour elle.
Le garçon suivit Louise dans la rue jusqu'à ce qu'ils pénétrèrent dans l'hôtel par la porte de service qu'il avait eu l'habitude d'utiliser. Dans les cuisines, les regards se tournèrent automatiquement vers lui puis la vieille femme fit un signe de tête, indiquant à ses coéquipiers qu'il n'y avait rien à craindre, qu'il était de leur côté. En effet, ces derniers temps, chaque employé s'inquiétait secrètement pour la jeune Alice qui ne laissait plus aucune trace de son passage.
Le jeune homme se laissa guider par sa vieille amie qui circulait dans les allées sombres de l'hôtel avec aisance. Pas un mot l'un pour l'autre. Non, pas un. Il fallait attendre d'être au calme pour mettre les choses à plat et comprendre. Comprendre.
Louise poussa les portes du restaurant et laissa le jeune homme entrer.
- Essayez-vous, je vous en prie.
- Louise, commença-t-il en s'asseyant, je vous ai déjà dit de me tutoyer.
La vieille femme sourit puis vint rejoindre le garçon.
- Aaah, Zayn, soupira-t-elle avant de marquer une courte pause. Comment vas-tu ?
Et voilà qu'elle le tutoyait. Ce jour-là, les rapports se s'étaient inversés, la petite employée avait pris le dessus sur la super star. La volonté du métis était de privilégier la sagesse de Louise, comme lui avait appris sa mère. Louise avait tant de chose à lui apprendre. Tant de choses à lui faire comprendre.
- Ça va. On va tous très bien, merci. On est en train de finir d'enregistrer l'album.
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