Les conditions

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Cela fait vingt minutes que j'ai raccroché avec Louisa. Nous avons convenu de nous retrouver directement au QG dans mon bureau, avec Laure, Camille et mes amies. J'ai également demandé l'avis à Andreï. Il ne semble pas tellement ravi mais je pense que c'est parce qu'il s'inquiète pour moi. Je sais qu'il me soutient quand même. Comme je pouvais m'en douter, ma famille n'a pas bien pris la nouvelle... J'avais déjà rompu les codes et les traditions en entrant dans l'armée, maintenant voilà que je choisis de commencer le football... Manquerait plus que je leur annonce que j'épouse une femme, et c'est le reniement à jamais... Mon père ne le permettrait pas et selon nos lois, j'appartiens à mon père. Heureusement pour moi, je suis hétérosexuelle.

Tout dépend désormais de mes propres capacités. Je sais que si je deviens une icône du football, comme quand j'ai obtenu le plus haut grade de l'armée hors de l'état major, mes parents me regarderont à nouveau comme avant. Dans ma famille l'échec n'est pas toléré. A moi de faire mes preuves tout en restant dans l'armée et la police.

Mon vibreur me rappelle qu'il est l'heure de la revue de la garde. Je range mes affaires et descends aux écuries. Un des palefrenier m'avance mon cheval et m'aide à monter. Je marche au pas jusqu'à la cour où les trompettes m'accueillent comme il se doit.

"Messieurs ! Présentez arme !" crie mon premier lieutenant alors que j'entends le bruit des épées sortant des fourreaux.

Je salue mes hommes et mon lieutenant fait débuter la revue.

"Pour notre commandant ! Halte à droite !"

Les têtes de mes hommes se tournent vers moi et la colonne défile devant moi deux fois. Un mauvais placement peut signifier une colonne décalée de dix centimètres. Et mon oeil aguisé ne perd jamais beaucoup de temps pour le remarquer. Mes hommes savent qu'ils risquent beaucoup s'ils font un pas de travers devant moi. Mais l'avantage de la garde royale, c'est que chacun sait où doit être sa place. Je n'ai pas besoin de reprendre l'un deux pour un mauvais placement ou un geste de travers.

La revue terminée, je retourne aux écuries et laisse mon cheval à la personne qui doit s'occuper des soins. Un messager vient me prévenir que des personnes m'attendent devant mon bureau. Je hoche la tête puis remonte pour rencontrer Louisa, Laure et Camille.

Elles levèrent un sourcil en me voyant en uniforme. L'uniforme fait toujours son petit effet, mais elles commencent à comprendre ce que je voulais dire par, 'mon côté strict'.

J'ouvre la porte et les laisse entrer avant de le faire moi-même. Quand elles virent l'intérieur, elles haletèrent de choc.

LB : "Ah oui... Quand tu dis que tu étais dans un autre monde tu ne mentais pas..." dit-elle en regardant le portrait de mon Roy.
R : "Ce n'est pas dans mes valeurs."
LN : "Nous t'avons vue avec la garde. C'est impressionnant."
R : "Pourquoi ?"
CA : "Tu as un leadership inné."
R : "C'est surtout le résultat des plusieurs années d'entraînement et un respect mutuel entre mes hommes et moi-même."

Je me dirige vers le bar et leur propose des boissons. Bientôt Mathilde, Keziah, Léo et Erinn arrivent dans le bureau.

LN : "Tout est parfaitement aligné et carré. Ce bureau est tout à fait... Toi." bugua Louisa.
R : "La rigueur militaire." dis-je en prenant un siège.

Tout le monde s'assit sur les canapés et but son verre.

LN : "Alors Riley. Tu m'as parlé de conditions."
R : "Ce ne sont pas les miennes. Elles viennent d'en-haut et je ne pourrai m'y opposer."
LB : "D'en-haut ? Tu es en direct avec Dieu ?" gloussa Laure.

Je lui ai envoyé un regard noir et Laure se tétanisa sur son siège. Mathilde lui serra la main pour lui montrer que c'était juste un problème venant de moi et qu'elle n'avait rien dit de mal. Ce qui m'a irrité encore plus. Mathilde oublie un peu trop souvent son rang en ce moment et si elle reste au contact de Laure, cela ne fera qu'empirer.

Léo dût expliquer la situation pour nous permettre de repartir sur des bonnes bases.

L : "Ce n'est pas de ta faute Laure. Le terme 'd'en-haut' signifie 'par le Roy'. Et personne ne peut désobéir à un ordre royal. Quant à Dieu, la religion est extrêmement importante pour tous les aristocrates. Faire une blague sur le Seigneur devant un noble ou un militaire, revient à commettre un blasphème. Nous avons été élevées comme cela, et Riley et moi encore plus. Mais ce n'est pas contre vous."

Laure hocha la tête et me souria légèrement pour s'excuser.

R : "Revenons aux conditions. Mon Roy accepte de me laisser entre vos mains à condition que je ne manque pas à mon devoir de Commandant. Les conseils et les guerres priment sur le football. Ensuite un planning devra être établi pour que mes supérieurs sachent exactement où je suis. Enfin, mon Roy exige à ce que Louisa soit officiellement mon mentor et demande à Laure de prendre Mathilde sous son aile, avec les mêmes conditions que précédemment."

Nous avons toutes regarder Mathilde s'évanouir à côté d'Erinn. Keziah la gifla pour la réveiller et lui donna un verre d'eau.

LN : "Je ne vois aucun obstacle à la signature de ce contrat. Néanmoins, je ne suis pas toujours sur Paris. Donc Laure devra quand même t'entraîner."
LB : "Le week-end prochain, je compte vous emmener au centre d'entraînement du Paris Saint-Germain Féminin."

Mathilde recommençait à suffoquer mais Laure lui prit la main. Louisa me regarda pour savoir mon opinion.

Je hoche la tête un peu énervée de devoir me retrouver au centre du PSG alors que mon cœur est lyonnais, mais pour Louisa je ferai bonne figure aujourd'hui.

R : "J'ai besoin de votre signature." dis-je en faisant signe à Louisa et à Laure.

Tout le monde signa et j'apposai mon sceau pour sceller l'engagement. Je mis le contrat dans le coffre-fort de mon bureau.

R : "Bien maintenant que nous sommes liées, je vous propose de vous faire découvrir mon monde. De cette manière, j'espère ne plus vous surprendre avec ma mentalité ou mes idéaux. Etes-vous partantes, pour faire un pas dans mon monde ?"

Laure, Louisa et Camille acquiescèrent alors que Léo et Mathilde me regardèrent avec terreur.

M : "Riley, tu ne vas tout de même pas..."
R : "Si. Je vous invite à dîner demain soir dans ma famille."

Erinn commença à trembler à côté de moi alors que je me tenais droite, les mains dans le dos.

Je ne savais pas dans quoi je m'embarquais en signant un tel engagement avec Louisa, mais j'avais pleinement conscience vers quoi j'emmenais les trois joueuses.

Louisa, Laure et Camille, ne sont pas nobles ou militaires. Elles ne connaissent rien à la rigueur protocolaire et à l'étiquette. Elles vivent dans un monde pétillant, régi par la liberté et moi dans les strictes traditions de la noblesse.

Demain soir, ces femmes exceptionnelles découvriront mon univers. Deux mondes se rencontreront. Leur monde face au mien. La République face la Monarchie. Le Commun face à la Haute Aristocratie. Mon idole face à ma famille...

Difficile d'imaginer la personne que j'admire depuis mon enfance, ne connaissant rien à la noblesse, se retrouver au milieu des membres des Maisons de France et de Russie...

Demain soir aura lieu, la première bataille de la guerre des mondes.

La guerre des mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant