Honneur & Loyauté

268 18 0
                                    

Je regarde Mathilde partir et continue de m'éloigner en ravalant ma rage.

Je ramasse mes affaires et quitte le stade. Je ne rentre même pas chez moi et vais directement au gymnase du camp militaire. Je n'étais pas fatiguée alors j'ai passé mes nerfs contre un sac de boxe.

J'entends mon téléphone vibrer mais je ne regarde même pas. Après deux heures de frappe, je pars me doucher. Je décide de reprendre ma vie là où je l'avais laissée et retourne dans mon bureau. Je passe mon uniforme de service et m'atèle à mon devoir.

Quand je regarde l'heure il est 20h. Quelqu'un frappe à ma porte. Erinn, Léo et Keziah entrent dans mon bureau en portant des sacs.

L : "Laure nous a dit ce qu'il s'était passé. Alors nous nous sommes dit que tu aurais peut-être besoin de réconfort."
K : "Nous t'avons apporté ton repas préféré. Et nous dînerons avec toi ce soir."

Je hoche la tête et les remercie. Je prends mon sac et m'assois sur le canapé. Les filles me rejoignent rapidement et commencent à manger.

E : "C'était pire que tu ne l'avais imaginé n'est-ce pas ?"
R : "Oui. Mais j'ai eu la réponse à mes questions."
E : "Pourquoi as-tu voulu faire ça ?"
R : "Je teste toujours les personnes que je rencontre pour la première fois. Je voulais éviter l'hypocrisie des premières rencontres et voir leur vrai visage."
L : "Peut-être qu'elles ne sont pas aussi méchantes au fond, mais que la présence de Mathilde a un peu biaisait leur jugement à ton propos."
R : "Quoi qu'il en soit, je sais désormais qui elles sont. Et Mathilde n'a même pas bougé."
L : "Mais tu lui avais demandé de ne pas dire qui tu étais."
R : "Ne rien révéler et laisser une amie se faire railler par des inconnues sont deux choses différentes Léo."

Elles soupirèrent et continuèrent de manger leur repas.

E : "Qu'est-ce que tu comptes faire avec Mathilde, Riley ?"
R : "Lui rappeler qui est le chef."
E : "Je te connais tu vas lui faire payer, son inaction."
R : "Exactement."
E : "Ne sois pas trop dure avec elle. Elle veut juste réaliser son rêve."
R : "Dois-je te rappeler les fondements de notre clan Erinn ? La loyauté envers notre Seigneur et Maître, envers les membres du clan et envers ses amies, doit passer avant ses propres convictions ou volonté."
E : "Je le sais bien mais-"
R : "Il n'y a pas de mais ! Non seulement elle a oublié la loyauté envers une amie, mais également envers son supérieur !"

Erinn ne répondit pas. Elle connaissait ce que cela coûtait d'oublier les fondements du clan et de l'armée.

Vers 23h, tout le monde est rentré chez lui. Je me suis préparée pour la nuit et m'endormit immédiatement.

Le lendemain, je me suis réveillée toujours en colère. J'ai déjeuné puis suis allée au QG pour la réunion quotidienne de l'état-major.

Après la réunion, je suis retournée dans mon bureau m'occuper des arrangements militaires sur les terres de Normandie. Quelqu'un vint m'annoncer la présence de Mathilde. Je lui ai dit de la laisser entrer.

R : "Que puis-je pour toi ?"
M : "Je voulais simplement te dire que j'ai été prise dans l'équipe de Paris."
R : "Ont-elles accueilli la joueuse ou la noble ?"
M : "Tu es juste jalouse de moi."
R : "Jalouse ? Crois-tu réellement que je sois jalouse d'une équipe pareille ? Qui juge sans même prendre la peine de connaître la personne ?"
M : "C'est toi qui m'a demandé de ne rien dire sur toi !"
R : "Ah nous y sommes ! Tu m'as présentée comme ton amie et pourtant tu n'as pas répliqué quand elles se sont moqué ouvertement de moi. Alors crois-tu que j'en ai quelque chose à faire de ton opinion ? N'inverse pas les rôles Mathilde ! Ne rien dire sur moi et ne pas défendre ton amie, qui en plus est ton supérieur hiérarchique sont deux choses totalement différentes ! Laisser ton supérieur est une faute qui sera passée devant le tribunal militaire !"
M : "Tu vas vraiment m'envoyer devant le tribunal militaire ? Où est donc passé notre amitié ?"
R : "Elle est restée sur le terrain où tu m'as présentée comme ton amie." claquais-je.
M : "Je n'arrive pas à croire que tu sois juste en train de casser mon rêve de jouer au football."
R : "Mais je ne casse rien Mathilde. Tu l'as cassé toi-même. En choisissant d'être comme elles, tu as oublié qui tu étais. Et tu sais qu'une comparaison pour non défense de son supérieur peut déshonorer n'importe quelle famille. Dès que le tribunal aura statué ta culpabilité, alors tu ne reverras plus jamais le gazon d'un terrain. Maintenant, rejoins donc ta nouvelle famille. Nous nous verrons au tribunal."

Mathilde s'éloigna les larmes aux yeux.

R : "Bienvenue dans l'armée !" criais-je alors qu'elle franchissait la porte.

Il ne fallut pas longtemps pour que je reçoive des appels de Léo, d'Erinn et de Keziah. Je n'ai pas besoin d'une leçon de morale, quand je ne fais que réaliser mon devoir et appliquer nos lois.

J'ai finalisé les différents dossiers présents dans mon bureau et réglé quelques querelles de frontières. J'ai lu les rapports des généraux en poste sur les frontières allemandes et italiennes. Pour le moment, tout est calme.

Un messager m'apporta une lettre. J'ai reconnu l'écriture de Léo. Après l'avoir lu, j'ai convoqué Mathilde dans mon bureau. Elle finit par arriver dix minutes plus tard.

M : "Pourquoi m'as-tu fait venir ?"
R : "Ferme-la ! Je t'ai assez entendu débiter des âneries ! Désormais je suis la seule à parler, sauf si je t'y invite. Est-ce clair ?"

Mathilde ne répondit pas. La peur était présente dans ses yeux.

R : "Comme tu peux te l'imaginer, tu as mis toi-même fin à notre amitié. Toutefois, je suis assez proche de ta famille. Et si je te ferai regretter ton inaction, je ne veux pas que cela impacte ta famille. Tes parents ne méritent pas de perdre leur honneur à cause de toi. Par conséquent, pour ta famille et pour Eléonore, je te fais grâce du tribunal. Mais à partir de maintenant, tu perds ton privilège dû à mon cercle rapproché. Tu n'es plus qu'un soldat parmi tant d'autres, jusqu'à ce que tu fasses preuve d'honneur et de loyauté envers moi. Je ne t'empêche pas non plus de rejoindre le PSG mais tu subiras les conséquences d'hier au moment où tu t'y attendras le moins."

Elle déglutit difficilement sachant que je peux être d'une grande cruauté dans mes vengeances lorsque mon honneur a été mis à mal. Mathilde hocha la tête et sortit.

Peu de temps après, je quitte le QG. Dans les couloirs, je pouvais sentir la crainte régner. Si je peux me venger d'une personne que je considérais comme ma meilleure amie, alors je peux aussi le faire avec des hommes indirectement liés à moi.

Je peux être reconnaissante et avoir un grand cœur, mais je peux aussi être sans scrupule avec les traîtres.

Quand j'arrive chez moi, mon téléphone vibra et le numéro de Louisa apparut sur l'écran.

R : "Allô ?"
LN : "Salut Riley, Laure m'a dit ce qu'il s'est passé hier. J'en suis désolée."
R : "Salut Louisa. Maintenant vous savez pourquoi je voulais les tester ?"
LN : "Qu'est-ce que tu vas faire avec Mathilde ?"
R : "Pour sa famille et pour Léo, je ne porterai pas l'affaire en public. Mais elle me le paiera d'une manière ou d'une autre."
LN : "Je vois. Je n'aimerais pas être contre toi Riley."
R : "Vous avez tout compris."
LN : "Laure m'a aussi dit que tu ne te donnais pas à fond pendant les exercices. Pourquoi ?"
R : "C'était l'équipe du PSG !"
LN : "Et ?"
R : "Rouge et bleu sont nous couleurs ! Lyonnais est notre coeur !" Chantais-je.
LN : "Ça répond à ma question." rit Louisa à l'autre bout du fil.
R : "Je ne jouerai pas pour cette équipe. Je suis prête à rompre le contrat s'il le faut."
LN : "Viens avec moi."
R : "Pardon ?"
LN : "Viens t'entraîner avec moi."
R : "Je ne sais même pas où vous êtes Louisa."
LN : "Viens à Lyon. Viens jouer avec l'OL !"
R : "Je les testerai elles-aussi."
LN : "Teste-les !"
R : "Pourquoi devrais-je venir ?"
LN : "Viens à Lyon. Tu t'entraîneras avec les meilleures joueuses, dans le meilleur club du monde. Et je serai toujours là. Directement ou non."
R : "Indirectement ?"
LN : "Riley, Lyon est mon club. Même si je ne suis pas là pour un entraînement, tu seras entourée par des femmes qui m'ont portée à mon apogée. Alors même si je ne suis pas là en personne, je serai là à travers une autre. Wendie, Amandine, Eugénie, Sarah... Je suis présente à travers chacune d'entre elles."
R : "Je ne jouais seulement que comme un passe-temps. Et vous me demandez de rejoindre le meilleur club de tous les temps ?"
LN : "Certes la concurrence est énorme, mais je me porte garante que ce n'est pas le même esprit. Camille également. J'ai déjà parlé à tes supérieurs et établi un planning avec eux. Tu peux venir demain à Lyon. L'entraînement sera le surlendemain."
R : "J'espère pour vous, qu'il n'y aura pas de problème."
LN : "Lyon, n'est pas Paris. A demain Riley, appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. Je viendrai te chercher à la gare quand tu arriveras."
R : "Entendu. A demain Louisa."
LN : "Oh Riley au fait."
R : "Oui ?"
LN : "Laure est désolée pour tout."
R : "Ce n'est pas la faute de Laure. Elle n'a rien à se reprocher."
LN : "A part avoir mis fin à ton amitié avec Mathilde."
R : "Elle l'a rompue elle-même. A demain Louisa."
LN : "A demain."

Direction l'Olympique Lyonnais...

La guerre des mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant