L'enfer d'Irak

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Cela fait un mois après mon procès et que je suis en Irak. Je ne sais pas comment nos armées peuvent rester ici. Chaque personne ici devrait être avec sa famille et ses amis, et non en train de chasser des misérables djihadistes.

L'odeur de la poudre, les bombes, la peur et la mort sont omniprésents. Ma section est partie avec le reste de l'armée royale. Mon lieutenant et moi-même sommes restées au QG pour établir un plan d'attaque.

Deux heures plus tard, je me prépare sous ma tente. Je mets mon gilet pare-balle et mon casque, même si je doute que cela puisse réellement me sauver des balles de fusils d'assaut ou de kalachnikovs. Je prends aussi quelques rations de nourriture, mes bottes anti-bruit et mes lunettes rayons-X. Je vérifie que mon sniper n'est pas enrayé et que j'ai suffisamment de munition. La lunette de visée est propre et la détente est assez lisse. J'aime énormément ce fusil. Très peu de recul et avec une onde de choc plutôt faible.

Je regarde une dernière fois la liste des djihadistes que je suis censée tuer

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Je regarde une dernière fois la liste des djihadistes que je suis censée tuer. Il y en avait cinq. Tous des hommes de l'armée de l'Etat Islamique, de tous les rangs. La plupart formait les nouvelles recrues et leur apprenait à tuer 'correctement'.

Je rejoins le camion où une partie de ma section est déjà assise.

Charles, mon supérieur direct me tape sur l'épaule en souriant. Il porte ses couleurs de guerre et je dois dire qu'il est méconnaissable. Il a toujours été comme un second père pour moi. C'est lui qui m'a formée pour que je puisse entrer dans les tireurs d'élite. Selon lui, j'étais sa meilleure élève et j'aurais pu intégrer l'aviation également.

C : "Prête Riley ?"
R : "Je crois que personne n'est jamais prêt pour ce genre de mission."
C : "En effet. Certains de mes hommes vomissent avant de partir."
R : "Où allons-nous ?"
C : "C'est un peu spécial aujourd'hui Riley."
R : "C'est-à-dire ?"
C : "Nous allons au cœur de l'EI. Nous devons approcher au plus près les cibles qui nous ont été données. Beaucoup d'entre nous ne reviendrons pas. Et si l'un d'entre nous doit y rester, alors qu'il meurt avec dignité. Les snipers de garde seront postés sur les hauteurs en arc de cercle afin de couvrir l'attaque ou la retraite. Quand aux snipers d'attaque, comme toi, vous serez un peu plus en hauteur. De là tu pourras avoir une vue dégagée sur le camp d'entraînement de l'EI. Certaines de tes cibles seront là-bas."

Mon visage tomba. Je suis montée dans le camion et mis mon fusil entre mes jambes comme le veut le règlement. Le trajet fut silencieux et je pouvais sentir la peur planer autour de moi.

Le camion déposa les snipers d'attaques en premier. Je suis allée me positionner près d'un rocher où la végétation était assez dense pour me cacher. J'étais face au carré d'entraînement et la vue était dégagée. Le soleil frappait fort mais la première qualité d'un sniper c'est la patience.

L'attaque est lancée. L'armée entre dans la ville et les bâtiments. Des coups de feu résonnent de partout. Les corps s'écroulent les uns après les autres. Les djihadistes comme les nôtres.

Je me suis sentie commencer à trembler et mes yeux s'arrosaient. J'avais peur. Pas de mourir mais de ne plus jamais revoir ma famille, mes amies. De ne plus rejouer au football, de ne plus revoir Erin.

Des hommes arrivèrent dans le carré. J'ai repéré l'un d'entre eux comme le deuxième nom sur ma liste à abattre. Il y avait une distance de 150m entre lui et moi. J'ai dégoupillé et mis le doigt sur la détente. Après une rapide analyse de la vitesse et la direction du vent, j'ai pu ajuster mon tir. Une seconde plus tard, j'appuie enfin sur la détente. L'homme s'écroule au sol dans une flaque de sang. Tous les siens se précipitèrent vers lui et je savais que c'était le moment de disparaître.

Deuxième règle d'or du sniper après être discret : disparaître après un tir.

En contre bas d'une petite colline, je repère la lumière du soleil se reflétant sur une lunette de sniper ennemi. Il pointait Charles. Je me suis rapidement allongée et ai visé avant de tirer. L'homme tomba de deux mètres.

Nos soldats qui purent s'échapper de cette attaque, coururent vers les camions. J'ai sauté dans le camion de ma section et nous sommes partis précipitamment vers notre camp.

Les informations arrivèrent par radio satellites. D'après les premières estimations, l'armée royale a perdu 1 200 soldats, sur les 5 000 envoyés. Ma section connaît 220 morts. Tout le monde baissa la tête.

Nous étions presque arrivés à notre quartier général, lorsqu'un bruit d'explosion se fit entendre devant nous. Les deux camions qui nous précédaient sautèrent.

"MINES !" ai-je entendu.

Mais avant que je ne puisse bouger, notre véhicule sauta lui aussi sur une mine et je fus projetée à dix mètres de là.

J'ai eu la force de lever la tête. J'ai vu du sang, des membres arrachés et des débris de bombes. Mes hommes suppliaient de l'aide, mais la moitié de ma section présente dans mon camion venait d'être tuée. 

J'ai essayé de me relever mais mes jambes étaient déchirées et un éclat de bombe s'était logé dans mon flanc.

La perte de sang devint trop importante et ma vision devint floue. J'ai senti mon corps être soulevé par des hommes qui parlaient entre eux. Mais ce n'était pas du français. Ils me jetèrent dans une sorte de camion pour animaux. J'ai atterri sur un tas de corps sanglants. Ils bougeaient sous moi, donc je suppose qu'ils n'étaient pas encore morts. Mais nous aurions peut-être préféré car je pense que je venais d'être emmenée par des soldats de l'EI.

Etre une femme, homosexuelle, soldat, catholique, française et sniper allait me conduire directement à la mort. Mais pas avant la torture.

L'enfer commençait maintenant. Une nouvelle bataille de la guerre des mondes débutait.

Ma dernière pensée avant que je ne m'évanouisse totalement, fut pour Erin.

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