Chapitre 6- Tadzio

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— Je vous préviens que si vous approchez davantage votre bouche de la mienne, je vous ravage les couilles.

Même exprimé à voix basse et entre des lèvres désormais aussi serrées que possibles, voilà qui a le mérite d'être limpide.

Et de mettre un terme immédiat à mon envie d'embrasser Svetlana Lujic.

Rectification : non pas de mettre un terme, à mon envie de l'embrasser un jour, - qui, elle, reste bien réelle-, mais de mettre un terme à la seule pulsion qui me poussait à embrasser immédiatement Svetlana Lujic.

Et oui, bien sûr que je sais précisément comment elle s'appelle et comment orthographier son fichu nom sexy.

Quant à mon envie de l'embrasser ? Là, j'avoue avoir du mal à l'analyser et à la comprendre. Ce qui est certain, c'est qu'elle vient de me faire partir en vrille, si j'en crois ce qui se passe dans mon boxer. Et cette espèce de vertige bizarre qui s'est emparé de moi, au moment où mon pouce a suivi le tracé de sa pommette délicate et haute, si typique de certaines filles de l'Est.

J'ai l'impression qu'on vient de crever la baudruche qui était en train de gonfler de manière démesurée dans mes poumons au point de menacer d'exploser. Impossible de m'expliquer comment la seule perspective d'avoir le droit de l'enlacer (et d'envisager d'en profiter pour l'embrasser) a pu me mettre dans un tel état.

— C'est délicatement formulé, bravo. Rien à dire, vous savez jouer de votre féminité.

J'ai toujours une main qui soutient sa nuque. La deuxième a retrouvé sa place sur la paroi juste à côté d'elle. Je reste aussi proche que possible d'elle sans devenir agressif ou oppressant.

Même si je rêve de la plaquer encore plus contre la paroi en m'appuyant contre son corps tendu.

Malgré le regard étincelant de colère qu'elle me lance, je décide quand même de profiter au maximum de la situation et de sa demande initiale.

Oui-oui : sans empiéter sur sa sphère personnelle. #MeToo et tout ça, je connais. Et avec une lesbienne qui en veut à mes couilles, croyez-moi, je ne risque pas d'enfreindre les règles.

— Ne vous inquiétez pas pour moi, Steadman, je sais parfaitement utiliser ma féminité.

Je n'en doute pas une seule seconde, c'est bien tout le problème. Et le seul souvenir de la douceur soyeuse de sa peau me donne l'envie, - incompréhensible, vu son caractère parfaitement insupportable pour tout homme normalement constitué-, de la caresser à nouveau.

Et pas seulement sur la pommette.

— Je vais vous laisser le bénéfice du doute, Miss Serbie. Mais plutôt que me menacer, vous auriez pu me remercier de répondre avec autant de bonne volonté à votre demande délirante. Si vous réfléchissez, je suis plutôt sympa de jouer votre petit jeu sans poser de question, alors que vous faites partie des personnes les plus désagréables que j'ai rencontrées.

Sa poitrine continue de se soulever à un rythme inhabituel. Ça pourrait être de la colère, -c'est peut-être de la colère désormais-, sauf que je suis persuadé que cette émotion n'avait rien à faire dans l'histoire, quand j'ai posé ma main sur son visage subitement si expressif.

Quoiqu'elle puisse en penser.

Et tant pis si on peut penser que je suis un vantard qui se fait des films.

— Et puis arrêtez de râler, merde !

Si un regard vert pouvait tuer...

Je déplie mon index.

TRY BABYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant