TRY BABY

Chapitre 21

— Prends soin de toi, ma vieille, marmonne Hortense en me serrant dans ses bras. Comme toujours, quand il y a des contacts physiques ou des expressions de tendresse, elle est un peu gauche. On ne peut pas dire que je sois forcément super démonstrative dans mon genre, donc je ne vais pas me plaindre si elle ne cherche pas à m'étouffer entre ses seins.

Un peu comme le fait Charlotte, justement, sous les regards rieurs de Raphaël et de Romy.

— Surtout, promets-nous de nous tenir informées de tout nouvel évènement qui concernerait...

Charlotte prend une mine de conspiratrice et chuchote comme si les passants pressés de se rendre au boulot pouvaient vraiment prêter une attention quelconque à ce que nous sommes en train de nous dire, en ce mercredi matin un peu gris devant la clinique.

— ...Tu-sais-qui. Enfin, on se comprend, n'est-ce pas ?

J'essaie de rester sérieuse car elle se vexe facilement quand quelque chose lui tient à cœur. Et vu comme elle m'a retourné la tête durant ces dernières heures, aussi bien dans un hammam propice au calme à la détente que sur la piste de danse d'une des derniers clubs à la mode à la musique assourdissante, je peux affirmer sans l' ombre d'un doute que Tadzio-Jax lui tient à cœur.

Heureusement qu'elle est pressée de retrouver son bébé parce que cela aurait pu devenir assez usant nerveusement. Quoiqu'il en soit, histoire de clore ce sujet, je la rassure :

— En principe, je ne devrais pas avoir été trop mauvaise sur l'opération de son grand-père. Ce qui veut dire que je ne le reverrai plus et que ton Jax devrait rapidement se calmer.

Admettons que je ne leur ai pas exactement tout dit. Que je me sois, par exemple, contentée d'affirmer que Tadzo Steadman et moi n'avons eu que quelques contacts très superficiels.

Et pas « superficiels » comme une main caressante et sensuelle qui frôlerait mon visage, par exemple. Ni comme des jambes contre ses cuisses au rythme des vibrations d'une moto dans les rues de New York. Ni « superficiels » comme un quasi-baiser dans un ascenseur. Et pas davantage comme une proposition indécente dans une loge d'après concert.

OK, j'admets : il est tout à fait possible que je ne leur aie pas précisément tout dit de ma relation avec Tadzio Steadman.

Rien à voir avec le fait que je ne sois plus capable de cerner la relation en question et d'y mettre un nom.

Je n'exclus pas non plus que j'aie pu leur affirmer qu'il a simplement voulu me remercier, à sa façon, d'avoir bien soigné son grand-père mais que je ne le connais pas plus que ça et que j'ai été très surprise, -vraiment très très très surprise-, de son comportement.

Mea culpa.

OK... j'ai un peu honte. Mais je n'avais aucune envie qu'elles me cuisinent sur ce sujet, alors que c'est bien la dernière chose sur laquelle j'ai envie de réfléchir depuis que j'ai laissé Tadzio et sa sensualité provocante exacerbée dans la loge des K-A9.

Qu'on ne vienne pas me parler de politique de l'autruche et de tête dans le sable, merci.

Je me tourne vers ma rouquine adorée et le grand brun qui la couve du regard.

— Bon, Romy tu as le droit de venir me voir entre deux tours du monde, ça me ferait plaisir de recourir à Central Park avec toi.

On s'est fait un petit kif elle et moi, courir comme des vraies new-yorkaises de la mort qui tuent autour du Réservoir de Jacky O., en discutant à proximité des écureuils comme si on avait grandi avec eux. En prime, j'ai eu droit à une mini séance de yoga privée qui m'a fait un bien fou. J'adorerais le faire chaque semaine avec une amie et j'ai un petit pincement au cœur en pensant qu'elles repartent définitivement et que je suis la seule à rester.