Papi Steadman est sorti du service de réanimation pour réintégrer le service de chirurgie. Si c'est la preuve que tout s'est parfaitement déroulé pour lui, l'effet sur mon équilibre professionnel et personnel est nettement moins satisfaisant et je commence à compter les jours qui nous séparent du départ en rééducation de mon patient.
Parce que le retour de Monsieur Steadman lundi matin est allé de pair avec la venue de son petit-fils dans mon service. Enfin, quand je dis « venue » ... Débarquement serait plus approprié comme terme, puisqu'il y rentre et en sort comme s'il avait décidé d'y établir sa base.
Ou comme s'il était chez lui partout et que sa présence est un cadeau qui ne se refuse pas. Suivez mes yeux levés au ciel...
En termes de relations familiales et d'amour « petit-filial », on pourrait dire que c'est plutôt touchant. Mais Tadzio Steadman n'est pas touchant.
Enfin, si l'on fait abstraction du fait que je l'ai surpris avec une aide-soignante qu'il avait serrée contre la machine à café et sur laquelle il semblait parfaitement utiliser ses mains.
Non, Tadzio Steadman est juste insupportable. J'ai l'impression d'être avec un gamin sous amphétamines auquel personne n'aurait jamais expliqué la signification des limites et du mot « NON ». Quand je ne dois pas lui interdire de s'allumer une énième clope à la fenêtre de la chambre occupée par son grand-père, je suis obligée de lui demander de jouer de la guitare ailleurs que dans ma salle d'attente. Ou d'éviter de se déplacer avec son skate dans les couloirs du service.
Un skate. Sérieusement.
Et encore, je n'ose imaginer ce qu'il doit trouver à faire lorsque je ne suis pas là pour le surveiller.
De toute façon, même muselé et attaché, ce mec est une hormone sur pattes. Il sent tellement le sexe et les orgasmes que je m'étonne qu'aucune femme ne soit tombée spontanément enceinte à la clinique.
En me dirigeant vers le café dans lequel travaille Erin, juste en face de la One Heart Clinic, j'ai malgré tout un sourire en songeant à ma visite de lundi soir, celle que j'ai faite juste après avoir terminé ma consultation. Je ne m'attendais pas à tomber sur Tadzio lorsque j'ai poussé la porte de la chambre de Monsieur Steadman après avoir toqué légèrement. Assis à côté du lit occupé par son grand-père, il était en train de jouer de la guitare, en chantonnant doucement, tandis que son grand-père semblait sur le point de s'assoupir.
Sur le point seulement, puisqu'il a rouvert les yeux en m'entendant, avant de m'adresser un sourire encore un peu faible.
— Bonsoir Docteur, c'est gentil de venir me faire une petite visite.
Je lui ai retourné son sourire en le saluant, croisant un autre regard bleu. Intense. Déstabilisant ? En tout cas suffisamment pour que je n'aie rien trouvé à dire. Pas même, au hasard : « bonjour Tadzio ». Comme si le simple fait de prononcer son prénom me renvoyait à nos échanges du week-end et à une intimité qui n'avait pas lieu d'être.
Enfin si l'on peut parler d'intimité quand un type vous envoie une vidéo des 70.000 fans hystériques qui lui font face pour vous confirmer que vous allez jouir en criant son prénom.
Tadzio n'a pas dit un mot non plus quand il m'a regardée entrer. Avant de baisser à nouveau la tête sur la guitare dont il n'avait pas cessé de gratter les cordes. Presque ténébreux avec sa mèche brune ramenée derrière son oreille, son profil irréprochable, gracieux malgré sa grande taille, lorsqu'il a fait jouer avec virtuosité ses longues mains si masculines. Son t-shirt, ajusté sans être moulant, laissait deviner un torse sec et ferme sans être trop musclé.

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TRY BABY
RomansaUne star du rock qui n'a pas l'habitude qu'on lui résiste. Surtout quand il s'agit d'une femme. Une jeune chirurgienne brillante habituée à se battre pour réussir. Et qui n'est pas du tout attirée par les hommes. Découvrez la rencontre explosive, se...