Chapitre 9 - Svetlana

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J'ai réussi à éviter Tadzio Steadman.

Deux journées entières.

Et deux nuits !

#Prouesse.

Jeudi parce que j'ai demandé à mon collègue Paul de prendre ma consultation pour consacrer ma journée à trouver une solution pour cette foutue soirée caritative.

J'ai eu droit à un sourire encore plus tendu qu'à l'ordinaire. Je suppose que ma petite démonstration de couple hétéro n'a pas forcément été bonne pour son ego malmené. Mais il a accepté, seule chose qui m'importe.

Evidemment, le fait de me consacrer à trouver une solution pour cette put...de foutue soirée caritative de mes fesses ne m'a absolument pas permis de la trouver, la solution.

Et oui, je confirme : je m'emporte.

Et oui (toujours) : contrairement aux apparences, je m'efforce de rester calme.

Vendredi, j'ai à nouveau passé la journée au bloc mais au lieu de retourner voir mes patients, j'ai à nouveau mandaté Paul pour me remplacer.

Il va finir par rester bloqué en mode « Je fais super ostensiblement la gueule » s'il continue à me croiser.

Histoire de poursuivre tranquillou-cool ma quête d'un groupe de musique cumulant notoriété mondiale et disponibilité pour assurer un concert dans une semaine à New York. Ai-je vraiment besoin de préciser que, de manière ô combien surprenante, la quête a, une fois de plus, été vaine ?

Si je veux positiver, je dirais que j'ai au moins réussi à éviter Tadzio Steadman.

Si je suis lucide, - et sans même avoir besoin d'en rajouter en m'attardant sur le fiasco annoncé du futur fameux concert sans groupe qui m'attend-, je suis bien obligée d'admettre qu'il est tellement exaspérant et qu'il a réussi à prendre tellement de place dans mon service en quelques jours (et nuits...) que je n'ai pas réussi à éviter de penser à lui.

Ni surtout à éviter de penser à la proposition de son grand-père.

Alors qu'aujourd'hui est justement le jour de transfert de Monsieur Steadman vers notre centre de rééducation des Hamptons, je me dis qu'il est temps que j'arrête de l'éviter ou de me contenter de penser à lui.

Et que je prenne le taureau par les cornes (l'image me fait frémir, ce type me donnerait presque, - à moi ! -, des pensées totalement déviantes et malvenues) pour aller enfin lui parler de ce que son grand-père a envisagé.

Histoire d'être fixée, quoi.

Rien qu'à imaginer son petit air suffisant, je bous. Prendre le risque de le subir pour que, de surcroît, il me dise très probablement non m'exaspère encore plus.

Oui...Mais qui ne risque rien n'a rien, n'est-ce pas ? Et clairement, là, je n'ai plus le choix.

Sinon je vais devoir piteusement appeler les Westley. En leur expliquant que j'ai bêtement perdu une semaine à ne pas les appeler, tout ça pour ne leur proposer, au final, aucune solution de remplacement.

Je toque à la porte et entre lorsque Monsieur Steadman m'y autorise de sa voix chaleureuse.

Même si j'ai spontanément dirigé mon regard vers le lit médicalisé qui me fait face, il faut croire que je suis en train de muter en arthropode parce que je note aussitôt la présence de son petit-fils, debout à ma gauche, appuyé contre l'encadrement de la porte-fenêtre entrebâillée.

En noir des pieds à la tête, il porte un slack ajusté sur ses cuisses longues mais fortes et révèle ses chevilles nerveuses et ses baskets de skate un peu usées sur l'avant. Contrastant avec son pantalon plus formel, avec la ceinture duquel il flirte comme pour mieux souligner son ventre plat, son t-shirt, assez usé et sans manches, met en valeur ses épaules musclées et ses biceps dessinés. Et moins tatoués que je ne l'imaginais. Alors qu'il est simplement occupé à pianoter sur son smartphone, ceux-ci se contractent sous sa peau lisse et brune.

TRY BABYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant