TRY BABY

Chapitre 18 - Svetlana

— Je n'arrive pas à croire qu'on soit là. Ce concert est tellement génial...

Charlotte vient de me crier son bonheur à l'oreille, pour essayer de couvrir la fin de Falling star dont elle a braillé chacune des paroles sans aucune considération pour son entourage.

Rien qu'à y penser, je grimace. Pour la forme surtout, je le reconnais. Parce que je suis tellement contente qu'elle soit là, accompagnée de Romy et de Hortense, de savoir qu'on doit passer la fin de soirée ensemble, que Raphaël nous offre la nuit et les trois qui suivent entre filles dans un hôtel spa du Meatpacking que je n'ai vraiment aucune raison sérieuse de me plaindre.

Même si Charlotte chante vraiment très faux.

Et même si je regrette que Marie n'ait pas pu se libérer pour se joindre à nous. Elle n'a pas de famille proche à qui confier sa petite Léa et son mari travaille comme un fou. Hortense pense aussi qu'elle n'était pas encore complètement prête à lâcher son bout de chou de même pas six mois.

Je n'ai pas d'enfant et on ne peut pas dire que j'ai beaucoup vu ma propre mère quand j'étais petite fille mais je peux comprendre. On se fera un visio dans le week-end et j'espère que je pourrai la voir lors de mon prochain passage en Europe.

Bref, je jette un regard amusé à Charlotte qui ne quitte pas la scène des yeux. Devant laquelle elle campe, mains levées au ciel, au premier rang et pile au milieu, après avoir sans aucune honte profité de la présence de Raphaël et des vigiles qui nous ont accompagnés pour écarter quiconque aurait voulu s'interposer entre elle et les stars de la soirée.

— Mon Dieu... On avait prévu de venir te voir, même avec les Maroon 5. Mais là, je n'arrive pas à y croire.

—  Tu l'as déjà dit, je crie en retour en me penchant vers elle.

— Ils sont tellement incroyables. Tu te rends compte qu'ils ont tout pour eux. Le talent, l'humour, la beauté, l'argent... Et puis sérieusement, Tadzio est encore plus sexy en vrai, c'est dingue...

— Tu l'as déjà dit aussi, je répète en me retenant pour ne pas rire.

— Nan mais sérieusement...

Le regard de Charlotte devient fou pendant qu'elle fixe le brun aux yeux gris penché sur son instrument.

Paix à son mari... Pas sûre qu'elle l'ait jamais regardé comme ça, ce pauvre Jean-Kevin.

— Si tu aimais les hommes, tu comprendrais. Et puis il a l'air tellement crade, ajoute-t-elle d'un air rêveur.

O.K....

— C'est sûr que tout de suite, c'est super engageant, Charlotte. Crade, c'est un nouveau truc hétéro ?

— Mais je ne disais pas ça dans le sens « qui sent mauvais et se lave pas », patate, glousse-t-elle.

Je me garde de lui préciser qu'en effet, le moins que l'on puisse dire, est que Tadzio Steadman a plein de défaut mais pas celui de sentir mauvais.

Au contraire.

— Je voulais dire « crade » dans le sens qui te fait plein de choses super salaces que tu n'aurais jamais osé demander à un homme. Un mec qui transpire le cul, tu comprends ?

Mon Dieu, cette fille est barrée.

— Je vois.

Je jette un regard de détresse à Romy qui ne perd pas une miette de notre échange, malgré les enceintes proches.

Pile au moment où Tadzio se cambre, bassin en avant, pour jouer.

— Oh la la .... Tu vois, Lana ? Tellement tellement sexy....