Chapitre 14 - James

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Les étoiles parsèment le ciel bleu foncé de leur petite couleur blanche. À cet instant, personne n'aurait pu anéantir la beauté que dégage l'immensité du ciel. Un doux vent froid prend place, se faufile entre les feuilles des arbres, et effleure les brins d'herbe au sol.

- James ?

Je sursaute, en entendant cette voix, dont je n'ai pas perçu la présence. Je me retourne, et je suis rassuré, quand je m'aperçois que c'est Emy, la fille paumée du parc.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? me demande-t-elle.

Pendant quelques secondes, je me surprends à la détailler du regard, ignorant sa question. Ses cheveux bruns descendent le long de ses bras, et encadrent son visage, qui est lui-même parsemé de plein de petites étoiles. Ses joues rebondies lui donnent presque un air enfantin, mais ses beaux yeux verts trahissent le contraire : une grande maturité, et surtout, la seule chose que je sais remarquer, une profonde tristesse.

- Je te retourne la question, répondis-je, en plantant mes yeux dans les siens.

- Tu n'as pas répondu à la mienne, d'abord, rétorque-t-elle, en soufflant.

Des frissons secouent brusquement Emy, et je comprends qu'elle a froid.

- T'es vraiment idiote, de sortir à cette heure-là. Tu pourrais te faire kidnapper, ajouté-je.

Ses yeux croisent les miens à nouveau, et le regard qu'elle me jette veut dire qu'elle a vécu bien pire.

Je pose mes fesses à côté d'elle, dans l'herbe humide, et la vois frissonner de plus belle.

- T'aurai dû prendre un sweat, lui dis-je, les sourcils froncés.

- Tu n'as qu'à me prêter le tien, si ça t'inquiète tant que ça, marmonne-t-elle.

Je lâche un rire nerveux.

- Non. On va pas devenir un de ces foutus clichés de films à l'eau de rose, soupiré-je. Ce serait trop simple.

Aucune réponse ne me parvient, et je ferme les yeux, profitant de ce calme que je ne peux avoir quand il fait jour. Je sens la tête brune d'Emy venir se poser sur mon épaule, et je me maudis de ne pas avoir pris une douche avant de venir ici. Mais qui aurait pu prévoir que notre deuxième rencontre allait avoir lieu, et ici ?

- On est encore trop petits pour toucher le ciel. Les étoiles peuvent nous attendre indéfiniment, déclaré-je.

- Je sais. Mais je ne n'arrête pas de grandir. Les étoiles viendront me chercher, chuchote-t-elle.

Sa phrase sonne comme une supplication vers le ciel. Quelle est l'origine de toute sa souffrance, pour vouloir en mourir ?

- Il se passe des trucs dans ma vie. Personne ne sait quelque chose. Je n'en parle pas. Il...

- Eh bien, maintenant, je sais que tu ne vas pas bien, la coupé-je.

Un discret coup d'œil vers elle me confirme qu'elle se pince les lèvres.

- Tu veux te battre ? me demande-t-elle soudain.

Je hausse un sourcil.

- Et ne me dis pas que tu ne te bats pas contre des filles, ajoute-t-elle, en me glissant un regard de biais.

- Quoi ? la questionné-je, ahuri.

Une de ses mains vient attraper la mienne, et l'humidité de la sienne me provoque des frissons. Elle lève nos mains devant mes yeux, et j'aperçois ce qu'elle cherche à comprendre.

Ma main gauche est meurtrie, tachée de plaques de sang séché, et je dois avouer que ce n'est pas beau à voir, ni beau à toucher. Malgré l'obscurité de la nuit, je vois très bien tout ce qui est proche de moi.

- C'est quoi ? Enfin, il t'est arrivé quoi ? m'interroge-t-elle, maladroitement.

Sa main tremble, et je me dis qu'elle a peut-être peur de moi.

- Je fais de la boxe, parfois. J'oublie simplement de mettre des gants, répondis-je calmement.

- Mais... tu ne te rends pas compte que tu n'as pas de gants ? Parce que... ça doit faire vachement mal, articule-t-elle.

Maintenant, elle m'a piégé. Comment pourrais-je lui dire que la boxe n'est que le jouet sur lequel je déverse toute ma colère et tout ma tristesse ?

Je retire violemment ma main de la sienne, agacé, et son regard s'accroche à mes yeux.

- Tu ne vas pas bien non plus...

Et elle sait que ce qu'elle vient de déduire est vrai. Car j'ai toujours réponse à tout.

Comment est-ce possible que j'arrive à me confier à une parfaite inconnue, et pas même à mes plus proches amis ?

La tête entre les mains, je me lève.

- J'ai pas envie d'en parler, putain ! m'écrié-je, et, avec un dernier regard pour elle, je la laisse seule avec ses putains de déductions.

Cette fille m'embrouille l'esprit, merde !

Je retiens mes larmes, et mon poing droit rencontre un tronc d'arbre. L'onde de choc se propage dans tout mon corps, et me fait reculer, en titubant sur un bon mètre.

À bout de souffle par la bouffée d'adrénaline qui m'a soudainement saisi, je pose mes mains sur mes genoux, et je commence à sentir la douleur dans mon bras droit, qui remonte jusqu'à mon épaule.

Sans vraiment réfléchir, mes jambes me guident une nouvelle fois vers Emy, dont je m'étais quelque peu éloigné.

Lorque je l'aperçois, assise dans l'herbe, ses bras frêles repliés autour d'elle même, mon sang ne fait qu'un tour, et je me précipite vers elle.

- Emy... je suis désolé.

Elle relève la tête, avec des gros yeux, et essuie ces derniers.

- Ce n'est pas grave. Ne t'inquiète pas.

- Arrête de dire ce que tu ne penses pas, idiote, soufflé-je.

Un faible sourire fleurit sur son visage.

Je m'allonge au sol, et elle fait de même. Emy pointe une étoile dans le ciel, dont je ne connais pas le nom.

- C'est cette étoile, qui ira me chercher. Je deviendrais une étoile parmi tant d'autres, murmure-t-elle.

- Personne ne viendra te chercher, Emy. J'y veillerai. Tu n'es pas encore prête à mourir. Tu es trop jeune, lâché-je.

- Je suis épuisée, James. Je ne suis pas sûre que tu puisses comprendre, déclare-t-elle, sur un ton triste.

- Je sais. Et je comprends, affirmé-je.

Nos regards s'ancrent l'un dans l'autre. Un sourire.

- Alors prends ma main. Et ne la lâche plus. Jamais.

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j'adore ce chapitre xD
j'suis fatiguée
bon week-end :')

(ps : stanez Onewe, ils sont bourrés de talent, ils le méritent tellement)

Prends ma mainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant