Chapitre 22 - James

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- Emy ? C'est toi ?

- Salut, me lance-t-elle, quand elle me voit.

Emy fronce les sourcils.

- Tu arrives avant moi, maintenant ? me demande-t-elle.

- Ouais. Je savais pas que tu viendrais, mentis-je. J'avais besoin d'être seul.

- Je peux te laisser, si ça te dérange... me souffle-t-elle.

- Non, reste. Tu ne me déranges pas, Emy, affirmé-je en la regardant dans les yeux.

Elle s'assoit, et pose sa tête sur mon épaule.

- Dis... tu gères comment tes problèmes ? Je veux dire, tu as un psy à qui parler, des amis, un copain...

Je m'interromps quand je m'aperçois qu'elle rit nerveusement.

- Un psy, me répond-elle, sans grand enthousiasme. Et je n'ai même pas choisi moi-même d'aller en voir un.

- Comment ça ? la questionné-je, ne comprenant pas trop ce qu'elle veut dire.

- Disons que... j'y ai été par obligation.

- Tes parents ?

- Oui. C'est compliqué, lâche-t-elle

Le cri d'un oiseau, que je suppose être une chouette coupe court notre conversation. Que fait une chouette dans une ville ?

Lentement, mes yeux dérivent des arbres aux étoiles.

- Le ciel est magnifique, chuchoté-je.

Emy ne me répond pas, et j'en déduis qu'elle n'a pas entendu.

- Tu as beau me les cacher, tu as des cernes énormes, James, me dit-elle.

- Ouais, je sais bien. Je suis fatigué.

- C'est à cause de la boxe que tu as une bande sur le bras ? m'interroge-t-elle.

- En quelque sorte. Tu veux qu'on s'allonge ? lui proposé-je.

Elle se décale, et se couche dans la pelouse. Je prends sa main, et la serre dans la mienne.

- Ça ira, d'accord ? Je suis sorti de l'hôpital il y a trois jours. C'est pour ça que j'ai une bande. En fait... je me suis évanoui, après avoir fait un peu de boxe. C'était pas grand chose hein, le médecin m'a dit que j'étais trop fatigué, dis-je.

- Fatigué de vivre, ajoute Emy, et je tourne la tête vers elle, avant de plonger mon dos dans l'herbe verte.

Je ferme les yeux, et inspire l'odeur de l'air frais. Les étoiles veillent sur nous, comme une mère le ferait.

- On est des étoiles, chuchoté-je de nouveau. On vit la nuit.

Un petit sourire naît sur ses lèvres quand nos yeux se croisent.

- James ? souffle-t-elle.

- Ouais ?

Je m'attends à ce qu'elle me dise quelque chose, mais aucune parole ne suit notre court échange. Des larmes dévalent les montagnes de ses joues, et je comprends que la tristesse est en train de bouffer son cœur.

- Emy, ne pleure pas... murmuré-je. Dis-moi ce qui ne va pas.

Je roule vers elle, et la serre contre mon torse. Ses sanglots sont de plus en plus violents, ils secouent son corps entre mes bras.

- Ça va aller. Je suis là, soufflé-je. Tout va s'arranger, espéré-je sans vraiment y croire.

Mon tee-shirt commence à être humide, et j'entends Emy s'excuser.

- Ne me dis pas que tu es désolée, Emy. Tu as le droit de pleurer. Je voudrais seulement que tu le fasses moins souvent. Tu ne mérites pas ça.

Une de ses mains vient s'accrocher à ma hanche droite.

- Promets-moi de vivre, James, balbutie-t-elle, et je comprends à quel point elle a besoin d'aide. Si je ne fais rien, elle va continuer à se laisser mourir.

J'attrape son menton entre mes doigts, et la force à me regarder au fond des pupilles.

- Hé. Je vais t'aider. Ensemble, on y arrivera, insisté-je.

- Idiot, sourit-elle soudain. Cesse de dire ce que tu ne penses pas.

- J'ai le droit d'espérer, non ?

Cette fois-ci, elle m'entoure de ses bras fins.

- Je suis heureuse de t'avoir rencontré, James, me murmure-t-elle.

- Remercie les étoiles, lancé-je.

Elle s'écarte de moi et me regarde. Ses yeux verts sont d'une profondeur vertigineuse.

- Mes parents vont probablement se séparer. Ils n'arrêtent pas de s'engueuler. Mon père a sûrement une maîtresse.

- Et tes parents en ont plus rien à foutre de toi, bien évidemment, en déduisis-je.

- J'en peux plus, James.

- Viens, lui dis-je en me levant, et en l'entrainant avec moi.

Nos doigts se joignent, et je l'emmène sous le saule pleureur du parc.

- Il est beau. Tu peux pleurer toutes les larmes de ton corps, sous cet arbre, jamais il ne te jugera. Il ramasse tes larmes, et les transforme en forces, lui expliqué-je, en attrapant une branche pendante.

Une fine brume a pris place, et rafraîchi l'air.

- Tu préfères Cassiopée ou Orion ? lui demandé-je, les yeux courants parmi les étoiles.

- Cassiopée. Elle est bien plus impressionnante, me répond Emy, en se perdant dans le ciel étoilé.

Les constellations ont beau être toutes splendides, il y en a toujours qui se démarquent du paysage. Et le ciel a beau être une immensité dans laquelle nage des milliers d'étoiles, il y en a toujours qui brillent plus que les autres.

- J'aimerai faire partie des étoiles, souffle-t-elle, et je vois ses yeux briller d'admiration.

- Plus tard. Pas maintenant. Je suis certain que tu brilleras plus que toutes les autres, lancé-je sans trop réfléchir. Moi aussi, je préfère Cassiopée. Majestueuse.

Ma main atterrie dans les cheveux d'Emy, et entreprend de les démêler. Ces derniers sont doux et certains filent entre mes doigts.

- Tu devrais prendre soin de toi, Emy, lâché-je en voyant l'état de sa chevelure.

- Je n'ai pas le temps, rétorque-t-elle. J'évite de rester trop longtemps dans la salle de bain.

- Tu voudrais venir chez moi ? lui proposé-je.

Elle lève les yeux vers moi en souriant -un faux sourire- qui me fait grimacer.

- Je ne peux pas laisser mon frère avec eux. On n'a qu'à dormir ici, plaisante-t-elle, en dévoilant ses dents d'une blancheur absolue.

- D'abord, j'irai dire à tes parents qu'ils ne t'ont pas faite pour rien. Et que s'ils veulent t'abandonner, je te garderai avec moi. Ensuite...

- Hé, James. Ne fais pas un truc pareil, me coupe-t-elle.

- Pourquoi ?

- Parce que je n'en vaux pas la peine.

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merci d'être là, en fait ? vous êtes les meilleurs, vraiment

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