Prends ma main

Chapitre 2 - James

7 ans auparavant

- Maman ?

- Oui, mon chéri ? Tu as besoin de quelque chose ?

- Je peux aller dans le jardin ? demandé-je.

- Bien sûr, me sourit-elle, je vais t'accompagner, il faut que j'arrose les fleurs. Avec le soleil, si le beau temps persiste, elles vont finir par rejoindre les étoiles.

Mes yeux se posent sur le ciel, qui m'éblouit soudainement. Le soleil est là, planté dans le ciel, tel un roi sur son trône. Et personne ne pourrait le détrôner. Peut-être la lune ? La lune pourrait-elle être la reine, la femme du soleil ? J'ai déjà entendu quelqu'un dire que les opposés s'attirent, c'est presque invraisemblable. Le soleil attire le jour, et la lune attire la nuit.

- Maman ? Pourquoi ne voit-on pas la lune, le jour, et le soleil, la nuit ?

Je la vois soupirer, et me regarder.

- Tu apprendras cela, plus tard, mon chéri.

Son sourire est splendide, et je me dis que c'est sûrement le plus beau qui puisse exister, parmi tous les visages présents sur notre planète.

- Tu vois, ces fleurs ? Ce sont des tulipes jaunes, et panachées. Il y en a certaines qui ont des boutons de roses rouges. Tu les vois ? Elles sont magnifiques. Tu sais ce que ça représente ?

Je suis contraint de répondre négativement, ne voyant pas où maman veut en venir.

Elle soupire de nouveau.

- Ces fleurs sont le symbole de l'amour. C'était ton père qui me les avait offertes, le jour où il m'a présenté à ses parents. Il était heureux que je sois à ses côtés. Je ne sais pas s'il l'est encore, mais ces fleurs sont très importantes pour moi. Tu comprends ? Le jour où je ne serais plus ici, ce sera à toi de t'en occuper.

- Tu ne seras plus là ? l'interrogé-je, ne comprenant pas ce qu'elle veut me dire.

- Mon chéri... un jour, je vais mourir. Comme toutes les personnes présentes ici. Mais on se retrouvera, tu sais.

Je sens un sourire fendre mon visage, et dirige mon index vers le ciel.

- Dans les étoiles, chuchoté-je.

- Dans les étoiles, confirme-t-elle, en souriant à son tour.

Aujourd'hui

Ces souvenirs me font mal. J'ai beau regarder les étoiles tous les soirs, je n'y vois pas ma mère. Je n'y vois jamais ma mère. Et je crois que je ne la verrai pas. Je ne suis même pas sûr qu'elle y soit vraiment.

Maman...

En voyant ces petits points de lumière dans le ciel, ma colère remonte, aussi vite qu'une flèche qui pourrait transpercer mon cœur.

Tu me manques tellement...

Du jour au lendemain, je n'avais plus eu de mère. Ma mère, qui avait toujours été là pour moi. Toujours aux petits soins, avec les surnoms qu'elle aimait tant me donner. L'amour qu'elle me portait était tellement fort. Sa passion pour les fleurs était vraiment puissante.

Elle était belle, avec une beauté du cœur, que personne d'autre n'aurait pu avoir. Je remarquais les beaux traits de son visage, de son cœur, mais elle ne les voyait pas. Elle était généreuse, serviable, aimante, elle était la mère que j'aurai aimé avoir pendant toute ma durée de vie.

Mais la mort en avait décidé autrement. Elle est passée, a tout pris sur son passage, me l'a arrachée, et tout ce qu'il me reste désormais, ce sont de vieux souvenirs, qui s'estompent au fur et à mesure que les jours passent.

Ce poids, ce manque, ce trou dans ma poitrine, ne s'est pas effacé, comme je l'avais espéré. Oh que non, il s'est agrandi, et continue encore de le faire.

Cette douleur est insupportable. Je ne connais pas la vérité, et je ne la connaîtrais probablement jamais.

Je me mords la lèvre, en essayant de ne pas craquer, mais pourtant, c'est ce qui fini par arriver. Je sors de chez moi, mon skate à la main, et me rends dans le parc non-loin de chez moi. Qui pourrai-je bien croiser, à cette heure-là ? Plus personne ne se promène la nuit. C'est sûrement devenu trop dangereux.

Un pied sur le skate, je me propulse en avant, et souris, en sentant le vent me caresser les cheveux. Aucune autre sensation ne procure autant de plaisir, de liberté. Je me laisse emporter par le courant de l'air, et reste quelques instants comme cela.

Je me baisse, et ramasse une belle tulipe aux boutons de roses rouges. Son odeur me chatouille les narines, et immédiatement, les yeux de ma mère se fraient un chemin dans ma tête. Mon regard se dépose dans le ciel étoilé.

- Tu es partie, soupiré-je, sans m'en rendre compte, à voix haute. Tu me manques, maman. Reviens.

L'espoir infime qu'elle ne soit pas arrivée dans les étoiles, est toujours dans mes pensées. Je suis intimement persuadé qu'elle n'est pas morte. Pas ma mère, avec son cœur en or, et ses beaux cheveux blonds, dont j'ai hérité. Personne ne l'aurait laissée partir si facilement.

Malgré moi, je sens les larmes couler le long de mes joues. Ce manque est terrible, il m'arrache le cœur, me tue.

- J'ai besoin de toi, maman. Je t'aime.

Mes sanglots résonnent dans la nuit noire. Les étoiles me regardent, de leurs yeux perçants, et semblent me dire quelque chose que je ne comprends pas. Est-ce de l'espoir ? Je n'en ai pas la moindre idée.

- Je te retrouverai.

Ce n'est pas une promesse, enfin, je ne pense pas. Simplement un message. Je voudrais revoir ses yeux verts brillants, sa chevelure blonde, je veux pouvoir lui faire des tresses.

- La tulipe est... pour toi.

Je pose cette dernière devant un tronc d'arbre, à l'abri de toutes les étoiles.

- Je sais que tu es quelque part, murmuré-je de nouveau.

Je récupère mon skate, jette un dernier regard embué aux étoiles, mes amies de la nuit, les amies de ma mère, et fais demi-tour.

- Putain !

Ma colère explose, et je ne peux rien faire pour l'en arrêter. Pourquoi ?! Pourquoi fallait-il que ma mère me quitte ?! Hein ?! Pourquoi ?!

- Et puis, merde, alors ! Pourquoi tu t'es cassée, hein ? T'as pas pensé à ce que je ressentais, moi ?! crié-je, soudain.

Ma tête s'échoue contre l'arbre devant lequel j'ai déposé la tulipe, pour éviter que mes poings n'atteignent la chair du tronc.

J'ai besoin de frapper dans quelque chose.

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Point de vue du deuxième personnage :) Vous en pensez quoi ?

La semaine prochaine, la publication se fera vendredi ou samedi, parce que je suis pas mal occupée :(

Prenez soin de vous :)