Chapitre 35 - Emy

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- Tylo, laisse-la tranquille, soupire Pierre, alors que j'étouffe un petit rire dans le cou de mon ami.

Je me recule, observe le visage de Tylo, une moue triste plaquée sur ses lèvres.

- Je reviens dans une heure maximum, ok ? lui dis-je, et il hoche la tête, avant de s'asseoir sur l'une des nombreuses chaises de la salle d'attente.

- Allez Emy, on y va, me presse Pierre.

Après un dernier regard dans la direction de Tylo, mes pieds se posent dans le cabinet de mon psy. Ce dernier se place en face de moi, et pose ses coudes sur son bureau. Un sourire me chatouille les lèvres.

- Ça va, Emy ? Tu as l'air de te porter mieux aujourd'hui, constate-t-il, en rangeant un crayon dans le pot situé à l'extrémité de sa table.

- J'ai rencontré un garçon, dis-je, sans pour autant donner de réponse à sa question. Il s'appelle James. Il... je n'ai pas de sentiments amoureux, ce n'est que mon ami, ajouté-je. Je passe presque toutes mes nuits à ses côtés, au parc.
On regarde les étoiles. Je crois que... enfin, j'aimerai penser qu'il m'a redonné quelque chose, une étincelle que je n'avais plus, qu'il m'a réparée. Mais... c'est faux, Pierre.
J'aime me sentir à ses côtés, vraiment. C'est un mec super. Mais je ne vais pas mieux. Je n'y arrive pas. J'ai beau tout faire pour essayer, c'est impossible, terminé-je, en n'osant pas relever le regard vers son visage.

Comme je n'ai aucune réponse, j'ai presque peur qu'il me juge, et qu'il me dit que je suis vraiment conne de ne pas y croire, parce que comme dit le dicton : "Quand on veut, on peut."

Et j'ai beau y croire, ça ne suffit pas. Parce qu'il faut avoir une force mentale que chaque être humain n'a pas. Et c'est mon cas. Je n'ai pas assez confiance en moi pour pouvoir réussir. Alors je vais échouer, et m'écraser au sol. Puisque c'est ce que font ceux qui n'y arrivent pas.

- Regarde-moi, me dit doucement Pierre, et mes pupilles fixent les siennes. Tu vas m'écouter, d'accord ? Je veux bien croire que tu vas de plus en plus mal, mais ce n'est pas une raison d'abandonner. Tu aurais dû me le dire avant, car ça veut dire que tout le travail que nous avons pu faire ensemble était inutile.

Il semble réfléchir pendant quelques secondes, la main posée sur le menton, et reprend.

- La confiance en soi est très importante, Emy. Et tant que tu ne l'auras pas acquise, tu ne pourras pas avancer. Il faut que tu apprennes à te faire confiance, avant de le faire avec les autres. Prends exemple sur ce garçon, que tu as rencontré. Tu lui fais confiance ?

- Oui, bien sûr, répondis-je, ne voyant pas où il veut en venir.

- Tu vois, il est là, le problème. Tu accordes une confiance que toi-même tu n'as pas. Alors, fais des choses qui te mettent en avant ! Tu es jeune, Emy. Tu as le temps de vivre, ne gâche pas ta vie, alors qu'il y en a qui donnerait tout pour en avoir, lance-t-il en souriant, et mon regard s'écroule sur le carrelage.

J'aimerai que quelqu'un d'autre soit avec moi, qu'il puisse briser le silence qui s'est placé dans la pièce, qu'il puisse casser les yeux que mon psy posent sur moi, dans l'attente d'une moindre réaction.

- Je... je ne sais pas trop quoi vous dire, soufflé-je, en baissant les yeux encore plus bas qu'ils ne l'étaient.

- Dis-moi ce que tu en penses.

- Vous avez raison, lâché-je, simplement pour lui faire plaisir.

- Emy...

Cette supplication provoque en moi une colère noire, et je me lève brusquement. Mes iris fusillent la personne en face de moi, qui ne veut pourtant que m'aider.

- Putain, je ne sais pas quoi en penser ! Ça vous va ? Je n'y suis pour rien, si je n'ai pas cette putain de confiance en moi dès ma naissance ! Et malgré tout ce que vous avez pu me dire, non, je n'irai jamais mieux ! C'est comme ça, et ça va empirer ! Ça ne changera pas, putain ! m'écrié-je, et aussitôt, je plaque la main devant ma bouche.

Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, les larmes coulent doucement sur mes joues. Et Pierre n'a pas bougé d'un poil.

- Je suis désolée, murmuré-je.

Dans la minute qui suit, j'ai quitté son bureau. Les bras de Tylo dans la salle d'attente sont les seuls qui m'aident à ne pas m'écrouler, et je me fige, quand je l'entends me chuchoter des mots.

- Va voir James, il saura quoi faire pour toi.

Il me repousse lentement, les larmes aux yeux, et je sais qu'il a déjà compris.

- Merci, Tylo. Je ne t'oublierai pas, lui promis-je, en quittant ce lieu, avec un dernier regard embué pour mon ami.

Dix minutes plus tard, je longe la rue principale de la ville, et tourne dans l'angle, pour arriver au parc. Les allées sont peu éclairées par les faibles lampadaires qui se fondent presque dans la nuit.

Le saule pleureur étant devenu notre endroit favori, j'y retrouve James, le cœur gonflé de joie.

- James ! m'exclamé-je, et quand il se retourne vers moi, ses yeux ont le même sourire que les miens.

- Tu m'as manqué, me murmure-t-il, et je frissonne lorsque son visage plonge dans mon cou.

Nous restons quelques instants comme ça, dans les bras de l'autre, sans partager une seule parole. L'arbre qui est au-dessus de nous, nous abrite de toutes étoiles qui menacent de nous tomber dessus. Mes yeux se closent, et je laisse échapper un soupir d'aise.

- Tu as vu les étoiles ? Je crois qu'il y a une comète qui y passe, ce soir, me souffle James.

- J'en ai entendu parler. On peut rester ? lui demandé-je d'une toute petite voix.

Il hoche la tête contre moi.

- Emy ? Je peux te proposer un truc ? me chuchote-t-il, et j'acquiesce d'un mouvement de la tête, en faisant attention de ne pas lui faire mal. Tu veux dormir chez moi ?

Je m'écarte de lui, et réponds par un faible sourire.

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bon je vous publie le chapitre aujourd'hui parce que zemonaniversaire donc cadeauuuuuuuu

xoxo prenez soin de vous, ily :')

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