— Veuillez avancer s'il vous plaît.
En entendant cette voix au timbre claire et limpide, j'eus l'impression de me réveiller. C'était un peu comme sortir d'un sommeil profond dont les bras éthérés me retenaient. Il me fallut quelques secondes pour reprendre mes esprits, réalisant alors qu'à quelques mètres devant moi se trouvait un comptoir tout en bois marbré et lustré, sans un accroc, le style typique de ce que l'on aurait pu trouver dans tout hôtel de luxe récent.
Une jeune femme le tenait, pianotant sur ce qui devait être un ordinateur. Elle avait de longs cheveux châtains, une paire de lunettes rondes et un visage qu'on pourrait facilement qualifier de beau. À première vue, rien de plus normal si ce n'était son manque évident d'émotions. Elle me regardait d'une manière froide et rigide des plus troublantes, que ce soit dans son expression ou ses yeux, on ne pouvait sentir aucun sentiment. C'était pour le moins étrange, mais pas plus que l'endroit où je me trouvais.
J'étais à l'avant d'une file de plusieurs personnes, tous avaient le regard dans le vague et pas la moindre réaction. À ma gauche comme à ma droite, le même schéma se répétait. Dans un alignement parfait, à la manière de scènes miroirs, se trouvaient d'autres comptoirs avec des jeunes femmes du même acabit pour faire face à des files d'individus tout aussi amorphes. Pour peu, on aurait pu se croire devant une scène de zombies civilisés attendant gentiment leur tour pour se faire servir à manger, les grognements en moins.
Je n'avais absolument aucune idée de ce que je faisais ici et encore moins de comment j'y étais arrivé. En tout cas, j'étais certain de voir cet endroit pour la première fois, il aurait fallu une sacrée amnésie pour oublier un tel édifice.
Le sol du bâtiment et ses murs étaient d'un marbre aussi blanc que l'ivoire, le plus troublant étant qu'on ne pouvait en distinguer ni le début ni la fin. Il semblait s'étendre à l'infini dans toutes les directions et cela me donnait des sueurs froides en songeant à sa possible signification. En levant la tête, rien ne s'arrangea, le plafond n'existait pas ou plutôt il était cotonneux et blanc. Il ressemblait presque à un nuage, mais avec un sentiment omniprésent d'irréalité.
Me dites pas que je suis...
— Veuillez avancer s'il vous plaît. Vous ralentissez le processus.
Le processus ?
Mon regard se tourna vers la réceptionniste. Fallait-il lui obéir ? J'aurais pu refuser et partir, mais cela était-il simplement possible ? Vu les lieux, il ne valait mieux pas tenter le coup. Si je voulais comprendre la raison de ma présence, le plus sage était de l'écouter. Elle pourrait peut-être répondre à mes questions. Comme la jeune femme me l'avait demandé, je me rendis jusqu'au comptoir. Il semblait y avoir là un écran translucide et flottant, ainsi qu'un clavier tout aussi indiscernable. Une chose que l'on aurait aisément pu trouver dans un film de science-fiction, mais pas dans le monde réel.
Je suis en train de rêver ou quoi ? Pourtant je n'en ai pas l'impression.
— Pouvez-vous me dire où je suis ?
— Au secrétariat.
— Au secrétariat ? Quel secrétariat exactement ? Pouvez m'en dire plus ?
— Un conseiller répondra à vos questions. Veuillez me donner votre nom et prénom.
— Mon nom et prénom ? Je m'appelle... Ah non ! Vous n'avez pas répondu à mes questions ! Je répondrai quand vous me donnerez les réponses à mes questions !
— Je ne suis pas habilité à vous répondre. Il s'agit du rôle du conseiller. Veuillez me donner votre nom et prénom pour pouvoir le rencontrer.
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Les Mondes Connectés
FantasyJe m'appelle Hiroshi Nagami et je suis mort. Comme la plupart des gens, je pensais que cela signifierait la fin de tout, mais à la place j'ai eu la bonne surprise d'être convoqué par les Dieux. Ils m'ont alors confié une mission : Rétablir l'ordre...