Chapitre 4 : Un héros dont personne ne voulait

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À peine avais-je passé les portes que je ne pus retenir une exclamation. Étonnement ou émerveillement, je n'aurais su dire. Ces deux émotions habitaient actuellement mon cœur et elles étaient tellement entrelacées qu'il aurait très bien pu s'agir d'un mélange des deux.

Je venais après tout d'un autre monde et j'avais vécu toute ma vie en ville, où les gratte-ciels rivalisaient d'ingéniosité pour s'élever toujours plus haut. J'avais été entouré de béton et de verre, me contentant des parcs pour seule verdure. J'avais bien voyagé un peu, il y avait cette fois où j'étais allé lors de mon cursus scolaire au Mont Fuji, mais c'était peu de chose.

On pouvait le dire, j'étais un pur gars de la ville. J'avais donc pensé être plus à l'aise dans un tel environnement. C'était sans compter à quel point les choses étaient différentes ici, la cité était loin de ressembler à ce dont j'avais l'habitude.

Depuis les portes, une grande route pavée partait en ligne droite et s'enfonçait dans la ville. Elle semblait vaste, digne d'une capitale européenne du Moyen-Âge. On pouvait voir au loin, de manière légèrement surélevée, par rapport au reste de la cité un imposant château ceint d'une muraille. Il dominait la ville tel un cerbère veillant à sa protection.

Le long de la route se trouvaient de nombreux magasins aux enseignes rutilantes. Tous les commerces le long de la voie principale devaient être de haut standing et c'était très certainement pire à mesure qu'on se rapprochait du château royal. Sans aucun doute les citoyens moins aisés devaient s'enfoncer dans les ruelles pour trouver des produits plus abordables. Il devait y avoir dans la cité des places et zones commerciales pour tous les types de bourses.

On pouvait aisément distinguer ici et là des auberges, armuriers, forgerons, tailleurs, restaurants, apothicaires et que sais-je encore. Il y avait également de nombreux colporteurs, pas de doute on était dans la capitale.

— Ne reste pas dans le passage, tu gênes !

Un homme me cogna dedans en disant cela et continua son chemin sans s'excuser. En entrant, je m'étais arrêté là où j'étais et de plus en plus de regards commençaient à converger vers moi. Je me remis immédiatement en route pour m'arrêter au coin d'un bâtiment, à l'ombre, comme si j'étais venu profiter d'un moment de fraîcheur.

Le climat était l'équivalent d'un printemps chaud ou du début d'un été, il ne devrait donc pas y avoir de problème, il ne serait pas suspect d'agir ainsi. Je me demandais d'ailleurs à quoi pouvait bien ressembler ce monde. Y avait-il un nord et un sud, le climat était-il divisé en saisons, le monde était-il sphérique ? Ou bien peut-être était-il porté par une tortue géante comme dans certains des mythes de mon monde ? J'avais un peu de mal à le concevoir, mais rien n'était impossible. J'avais tant de questions.

— Mais pour commencer, pourquoi le mur extérieur est d'un ocre-rouge alors que les bâtiments de la ville sont de pierres et de bois tout ce qu'il y a de plus commun...

Le contraste était plutôt saisissant la première fois qu'on pénétrait dans la ville, il n'en donnait pas moins un charme attirant à la cité.

— Première fois mon garçon ?

Tandis que je me tenais toujours à l'ombre du bâtiment, un homme ayant dépassé la soixantaine était sorti de la rue adjacente.

— Je viens d'arriver en ville.

— Mmh... je vois. Les gens sont souvent étonnés. On raconte qu'au départ la muraille était d'une pierre très claire, mais c'était il y a bien longtemps.

— Que s'est-il passé ?

— La Grande Guerre.

La Grande Guerre ? J'aimerais lui demander ce dont il s'agit, mais j'ai le sentiment que tout le monde ici doit savoir ce que c'est. Si je demande, il risque de me trouver étrange, cela pourrait même m'apporter des problèmes.

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