— Tiens, me dit Egil en me tendant mon équipement.
L'armure dans son ensemble avait été rapiécée, la fine plaque en bronze changée pour une neuve. Rien qu'avec ça, je commençai à me demander si je ne devrais pas me vendre en esclavage au forgeron pour pouvoir rembourser ma dette, mais ce n'était pas tout. L'épée avait été polie et affûtée à son maximum, on l'aurait presque cru neuve.
Egil m'aida à m'équiper. Je bougeai un peu pour vérifier que rien ne me gênait. Tout était parfait. Il avait accompli un travail remarquable en un rien de temps.
— Ah, et j'oubliais... fais plus attention cette fois. J'ai dû y passer la nuit pour tout retaper.
Il tapa du doigt sur la plaque de bronze en disant cela. C'était certainement la partie sur laquelle il avait dû passer le plus de temps.
— Merci, dis-je en m'inclinant en avant.
Egil avait une véritable passion pour son travail, le remercier était la moindre des choses.
Peu importe à quel point je pouvais me méfier des gens, même si Egil avait une idée derrière la tête en acceptant de réparer mon équipement, je l'accepterai. S'il me demandait plusieurs fois le prix du matériel pour l'avoir abîmé le jour même de sa réception ou simplement pour l'avoir fait travailler toute la nuit, alors je ne pourrai que m'incliner. Ce ne serait qu'un juste retour des choses.
— Alors, combien je te dois ?
Egil me regarda de biais, son sourcil gauche relevé de manière exagéré.
— Rien du tout, ça fait partie du contrat.
— Le contrat prévoyait la fourniture du matériel contre l'étude de mon brassard, pas son entretien.
— Pour pouvoir étudier ton brassard, il faut que tu restes vivant. Si tu meurs, le contrat disparaît. Alors tâche de ne pas mourir avant que j'aie terminé de l'étudier !
— Vu comme ça, marmonnai-je.
— Quand tu m'as amené ton équipement hier, tu avais l'air dans un sale état. Je t'ai rien demandé, mais je sais reconnaître des coups d'épée. Je serais curieux de savoir ce qu'il s'est passé...
Egil ne mentait pas sur mon état de la vieille. Après ma rencontre avec Émile, la découverte de mon bouclier du courroux, ma quasi-noyade et mon excès de rage à l'encontre de Séléna, j'étais venu le voir, l'esprit encore tourmenté. La rage couvant non loin de la surface.
Il m'avait fallu une nuit de sommeil complète pour retrouver mon calme et apaiser mon cœur. Si cela devait arriver à chaque utilisation du bouclier, il me faudrait bien choisir mes moments pour m'en servir ou apprendre à dompter la colère pour ne pas finir dans un tel état. En fait, le mieux serait de réussir à utiliser une autre émotion, je n'avais cependant aucune idée de la marche à suivre pour l'instant.
— Pour faire court, j'ai eu un différend avec Émile et j'ai fini dans une rivière.
— Grr... fit Egil en grinçant des dents.
— Je vois que tu le connais.
— Tu n'es pas le seul à avoir eu un différend avec ce nobliau de pacotille. Enfin, pour être exacte, moi c'est surtout avec son père.
— Tu me racontes ?
— On se connait pas assez pour ça, mais le jour où tu accepteras de me faire confiance, je serais prêt à te le dire. Et tu me raconteras ce qui t'es arrivé.
Je fis une grimace. Egil m'avait bien cerné.
— Qui sait, un jour peut-être.
Je remerciai une dernière fois le forgeron pour son travail puis je me tournai vers la porte pour partir. Egil de son côté avec commencé à passer un chiffon sur un plastron pour enlever la poussière. La marchandise se devait d'être impeccable.
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Les Mondes Connectés
FantasyJe m'appelle Hiroshi Nagami et je suis mort. Comme la plupart des gens, je pensais que cela signifierait la fin de tout, mais à la place j'ai eu la bonne surprise d'être convoqué par les Dieux. Ils m'ont alors confié une mission : Rétablir l'ordre...