Les Mondes Connectés

Chapitre 7 : Un objet de volonté

Je m'aspergeai le visage avec un peu d'eau afin de chasser les dernières brumes du sommeil, puis je me saisis de la serviette qui reposait à côté de la bassine. Après m'être essuyé le visage, je jetai un dernier regard à la pièce qui m'entourait. Le lit était fait, rien ne traînait et la lumière de l'aube éclairait doucement la chambre.

Tout était en ordre et propre. Je pouvais partir en toute tranquillité.

À cette pensée je ressentis néanmoins un pincement au cœur, cela faisait seulement trois jours que je vivais ici, pourtant j'avais commencé à m'attacher aux propriétaires. Magram et Élis m'avaient sauvé puis hébergé le temps que je me remette. Grâce à la magie de soins de Magram cela n'avait pas pris longtemps, j'aurais peut-être même pu partir avant si j'avais eu un peu plus de détermination.

C'était impressionnant de constater qu'il existait un tel pouvoir dans ce monde. Dans le Japon moderne, une capacité de soins comme celle-ci aurait révolutionné la science et le monde. Pouvoir soigner même ceux aux portes de la mort par une simple incantation était miraculeux. Je simplifiais grandement les choses, et j'aurais été bien en peine d'expliquer le mécanisme ou ne serait-ce que la théorie derrière tout cela, mais c'était l'idée.

À mes yeux, une phrase digne d'un manga ou d'un anime était prononcée, la partie du corps blessée était enveloppée d'une lumière blanchâtre puis la seconde suivante la blessure se refermait. Dans mon monde on aurait appelé cela un miracle, cela aurait même pu donner lieu à la création d'une nouvelle religion.

J'avais été tellement impressionné par la magie que je n'avais cessé de harceler Magram. Il n'avait cependant rien voulu lâcher, arguant qu'il était loin d'être le mieux placé pour m'en parler. D'après lui, il savait utiliser le sort de soin de manière assez compétente, mais sa connaissance était loin d'être suffisante pour enseigner la magie.

En fait, du peu qu'il m'avait dit, j'avais compris que dans ce monde on pouvait avoir une affinité pour certaines magies, comme Magram avec la magie de lumière. Ce qui permettait d'apprendre les sorts de cette catégorie après un apprentissage long et fastidieux. Cependant il était également possible d'avoir la chance de posséder une capacité innée, on aurait pu aussi parler de don. Ainsi la capacité de Magram était le sort de soin et il pouvait donc l'utiliser de manière assez décente, mais ne s'étant jamais consacré de manière assidue à la magie il ne pouvait faire guère mieux.

À la vérité, si on lisait entre les lignes, on comprenait que le sort de soin était le seul qu'il connaissait. Par manque d'intérêt, il n'en avait jamais appris d'autres. Il semblait être le genre de guérisseur qui préférait recourir à la magie en dernier recours, certainement parce que cela puisait dans la force vitale du patient et l'affaiblissait.

J'avais ainsi fini par comprendre qu'il avait peur de m'induire en erreur et à partir de ce moment-là j'avais laissé tomber. J'avais encore assez d'empathie et de bon sens pour ne pas forcer mon sauveur à faire quelque chose qu'il ne souhaitait pas.

Je réajustai mes nouveaux vêtements puis je me dirigeai vers la porte.

Vu comment cela c'était passé à mon arrivé, il aurait été suicidaire de se balader en ville avec mes vêtements moderne. Magram en avait également eu conscience et avant que je puisse lui en parler il m'avait donné le nécessaire pour passer inaperçu.

Je portais désormais ce qu'on aurait pu considérer comme le pack débutant offert à tout joueur de MMO en commençant le jeu, à quelques différences près... Je n'avais aucune arme, pas d'épée, d'arc, de dagues ni même d'objet défensif comme un bouclier. Seulement des vêtements.

Un pantalon marron d'aventurier débutant, renforcé au niveau des genoux, et un haut à manche longue gris sans aucune particularité. La seule chose que j'avais gardée de mon ancien monde était mes sous-vêtements... Au moins je n'avais pas les parties agressées par le tissu rêche, c'était toujours ça de pris.