Les Mondes Connectés

Chapitre 16 : Chats Argentés contre Loups-Tempête

La forêt du sud se trouvait comme son nom l'indiquait au sud de Shado, à une bonne heure de marche pour qui ne traînait pas. Sur le chemin j'avais croisé plusieurs aventuriers. Certains m'avaient salué d'autres tout simplement ignorés. Dans tous les cas, j'avais gardé mes distances, me méfiant de tous comme de la peste.

Je n'allais sûrement pas laisser se réitérer ce qui s'était passé avec Émile.

Une fois arrivé, et après avoir pris le temps d'observer la lisière, je m'engageai sur le sentier sillonnant entre les troncs des arbres centenaires. La forêt était bien plus imposante que celle du nord, un tapis de feuille morte recouvrait le sol et l'air embaumé la senteur des pins. Sur mon passage, j'entendis parfois des animaux détaler à toute vitesse.

Je m'enfonçai dans la forêt comme me l'avait conseillé Élis, quittant le sentier pour chercher la damania écarlate. D'après le dessin fournit sur le parchemin de quête, la plante en question avait des feuilles allongées et pointues, ressemblantes à celles de la passiflore, sa fleur était à l'image de son nom, écarlate.

Il me fallut près d'une demi-heure pour trouver la première, à l'ombre d'un grand chêne. Je la cueillis avec délicatesse, la mettant dans une petite pochette en cuir pour éviter de l'abîmer.

Plus que vingt-neuf et ça sera bon... pensai-je avec sourire.

Pour la première fois depuis mon arrivée dans ce monde, je me sentais véritablement serein, apaisé. L'étonnante normalité de la forêt avait chassé la haine, me faisant tomber au moins pour un temps, du bon côté.

Ma quête continua ainsi pendant de longues heures. À midi, je mangeai un bout de pain un peu rance accompagné d'une gorgée d'eau de ma gourde. Si les choses se passaient bien, je pourrais bientôt changer d'auberge et m'acheter de véritables repas. Une ambition des plus terre à terre, loin de tout ce qu'aurait pu rêver une personne projetée dans un autre monde. Gloire et richesses me semblaient bien futiles comparé à un ventre plein et un lieu convenable pour dormir. Survivre était pour l'instant tout ce que je désirais, un rêve qui me semblait désormais à portée de main.

Une fois cette rapide collation engloutie, je repris ma mission, m'enfonçant un peu plus loin dans le cœur de la forêt à la recherche des zones d'ombres où la plante s'épanouissait. En cherchant, je tombai plus d'une fois sur des plantes atypiques, un champignon bleuté zébré de lignes blanches, une plante à clochette ou encore une fleur jaune dont le pollen volant au vent brillait telles des paillettes. Un spectacle à chaque fois plus intriguant que le précédent, me faisant regretter de ne pas avoir de plus vastes connaissances en la botanique de ce monde. Ces plantes auraient pu être d'une grande rareté comme du plus grand danger, une incertitude m'ayant fait renoncer à m'en emparer à mon plus grand désarroi.

Explorant la forêt à tâtons, je finis par prendre le coup de main pour trouver la damania et les choses s'accélèrent.

10

16

23

29

Et enfin la trentième. Je ne savais pas trop combien de temps avait passé, en levant les yeux, le soleil était à peine visible à travers l'épaisse frondaison. La fin d'après-midi devait se profiler, pour une fois tout s'était bien passé. Aucun monstre ne s'était manifesté, c'était des plus agréable.

J'avais complété ma quête. Il ne me restait plus qu'à rentrer pour la faire valider.

Je commençai à prendre la direction du retour quand je crus entendre au loin le fracas du métal.

— C'était mon imagination ou...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que j'entendis un cri résonner entre les arbres.