Chapitre 2 : Le conseiller

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Rien n'avait changé.

Pas de piège ou même de défi à relever. C'en était presque trop beau, au point où je me méfiais d'absolument tout, même de mon ombre.

J'avais beau continuer à avancer, le sol et les murs étaient toujours aussi immaculés, et le plafond d'un blanc cotonneux. S'il n'y avait cette impression d'irréalité et d'immensité, j'aurais pu me croire dans une salle d'un hôpital psychiatrique. Il fallait espérer que ce n'était pas le cas et que tout ce que je voyais n'était pas une déformation de mon esprit irrigué par quelques drogues peu recommandables.

Je me forçai à mettre un pied devant l'autre, mon esprit focalisé sur le tracé lumineux. Je ne devais penser à rien d'autre. Si je laissais mes pensées vagabonder, j'étais certain qu'elles se dirigeraient immanquablement vers ces flammes démoniaques ayant dévorées une âme pour avoir prononcé une pauvre phrase.

— Ils l'ont vraiment fait disparaître pour ça ? Argh... Je ne dois pas y songer !

Je continuai d'avancer, accélérant le pas dès que j'apercevais ne serait-ce que le début d'une silhouette. Je ne voulais pas être responsable de la disparition d'une autre personne.

Ce n'est pas vraiment de ma faute... c'est lui qui a essayé de me parler... moi je me trouvais juste là. Je n'y suis pour rien, c'est la faute des propriétaires.

Après ce qui me parut être une éternité, je finis par arriver devant une porte en bois. Si je devais la décrire, elle ressemblait un peu à celle qu'on aurait trouvée dans un château occidental du Moyen-Âge. La digne porte des quartiers personnels d'un seigneur féodal. Massive, avec des arabesques finement ouvragées et un vieux loquet. Cela semblait totalement incongru dans un tel lieu.

— J'espère que c'est le bon endroit... Allez courage !

Je posai la main sur la poignée, pris une grande inspiration pour me calmer, puis je l'enclenchai. Étonnamment il n'y eut aucun bruit, pas même un grincement malgré ce à quoi on aurait pu s'attendre.

— Ah vous voilà enfin, venez donc vous installer.

Je venais d'entrer dans un bureau digne d'une époque révolue. Le sol était un vieux plancher de bois, des bibliothèques prenaient place le long des murs, et au centre se trouvait un bureau derrière lequel était assis un vieil homme. Il avait les cheveux blancs et la peau parcheminée par les rides.

Contrairement à l'accueil où j'avais été pris en charge par la jeune femme, ici il n'y avait pas le moindre signe de technologie. On aurait cru voir deux mondes différents. De plus, le vieil homme semblait capable de laisser entrevoir ses émotions, c'était rafraîchissant. Il semblait las, pourtant il me fit un sourire encourageant.

Il m'a l'air normal, ça me rassure. J'ai pas mal de questions à lui poser, j'espère qu'il voudra bien y répondre. J'aimerais bien savoir pourquoi les mesures sont aussi strictes, pourquoi ils ont fait disparaître le gars pour une simple question, ce qu'est exactement cet endroit... Argh ! Tellement de questions que je pourrais y passer la journée. Mais je me demande, est-ce une bonne idée de commencer directement avec mes interrogations ? Je ferais peut-être mieux dans un premier temps d'écouter ce qu'il a à me dire, puis quand le moment sera venu je poserai mes questions. Oui, ça me paraît bien mieux ainsi.

— Venez vous asseoir, nous n'avons malheureusement pas beaucoup de temps alors n'en perdons pas. Vous n'êtes pas le seul que je dois voir.

— Pas le seul ? Vous voulez parler de ceux qui attendaient derrière moi à l'accueil ?

Tout en parlant, j'avais suivi les instructions du vieil homme et je m'étais installé dans le fauteuil en face de lui.

— Moi ou l'un de mes collègues s'en occupera. Ils sont encore nombreux ?

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