Après plusieurs minutes à fixer la façade de la boutique de Magram avec une certaine incrédulité, je repris mes esprits.
Ils m'ont vraiment foutu dehors... Ils en avaient marre que je sois dans leurs pattes ou quoi ? Qu'est-ce qu'ils... non, ne me dites pas ?! Il la garde pas comme esclave pour ça ?! Non, non, je me fais des films, il est trop vieux de toute façon... il doit plus pouvoir... Je veux même pas y penser ! Trop tard, je crois que je vais vomir...
Je me détournai rapidement pour chasser ces pensées et je commençai à remonter la rue dans la direction que m'avait indiquée Élis.
Avoir une esclave pourrait être bien... Argh, à quoi je pense ?! Je ferais mieux de regarder devant moi avant de rentrer dans quelqu'un !
Le soleil n'était pas levé depuis très longtemps, mais déjà il réchauffait le sol et mes épaules de ses doux rayons. Il y avait un petit vent qui s'engouffrait dans la rue, rendant tout cela d'autant plus agréable. Malgré l'heure encore matinale, la rue était plutôt animée. Les magasins commençaient à ouvrir et quelques stands se montaient ici et là. Les badauds se faisaient à chaque instant plus nombreux et on pouvait voir parmi eux un grand nombre d'aventuriers, facilement reconnaissable à leurs équipements.
Contrairement à l'avenue principale, il n'y avait ici rien de clinquant et de tape-à-l'œil. Tout était beaucoup plus modeste et bizarrement j'y étais plus à l'aise. Les façades des boutiques ne brillaient pas de mille feux, elles n'avaient pas de grande baie vitrée pour exposer leurs produits et certaines enseignes étaient même difficiles à lire en raison de l'âge.
On se serait cru dans l'une de ces petites rues de Tokyo où l'on trouvait des magasins en tout genre qui ne payaient pas de mine, mais qui étaient excellents dans ce qu'ils faisaient. Quand j'étais dans mon monde, j'aimais bien marcher dans ce genre d'endroits en rentrant chez moi.
En voyant la vie qui animait la rue, je me sentis un peu nostalgique. Je n'avais pas quitté mon monde depuis si longtemps que déjà certaines choses me manquaient.
En avançant, je me rendis compte qu'on me regardait comme n'importe quel autre aventurier et j'en remerciai mentalement Magram. Grâce au brassard qu'il m'avait fourni, on ne pouvait plus voir le tatouage, signe maudit des Dieux. Je me fondis ainsi calmement dans la foule, faisant attention à ne pas croiser de garde au cas où l'un d'entre eux serait capable de me reconnaître. J'écoutais les uns et les autres parler de leurs quêtes ou des négociations qu'ils entamaient avec certains marchands. Les portes des boutiques s'ouvraient et se fermaient. On était clairement dans un quartier plus adapté aux bourses de tout à chacun.
Après plusieurs minutes de marche, je finis par arriver sur une petite place avec une fontaine en son centre, il y avait là encore bien plus de monde que ce que j'en avais vu jusqu'à présent. Je savais que la ville était assez grande, une chose plutôt normale pour une capitale, mais je venais de réaliser que si on voulait la connaître il ne fallait pas s'arrêter à la première impression. Il fallait s'enfoncer dans ses rues et découvrir ce qu'elle cachait.
Je finis par m'arrêter devant un bâtiment qui ressemblait très clairement à un temple. Il semblait avoir été abandonné. Je m'apprêtai à repartir quand une dame d'une quarantaine d'années, un panier à la main, s'arrêta à côté de moi.
— C'est dommage de laisser un bâtiment comme celui-ci abandonné.
— Vous êtes croyante ?
— Parler de cela n'est pas très bien vu dernièrement. Même si je comprends la douleur de notre bon roi, j'aurais aimé pouvoir pratiquer librement ma religion. Le père Simon était quelqu'un de charmant, je me demande ce qu'il est devenu. En plus on raconte qu'un groupe de voyou aurait revendiqué l'endroit, c'est honteux.
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Les Mondes Connectés
FantasyJe m'appelle Hiroshi Nagami et je suis mort. Comme la plupart des gens, je pensais que cela signifierait la fin de tout, mais à la place j'ai eu la bonne surprise d'être convoqué par les Dieux. Ils m'ont alors confié une mission : Rétablir l'ordre...