Chapitre 12 : Un accord profitable

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Je tournai la cuillère dans le bol de gruau blanc avec un regard apathique. Une légère fumée s'en élevait, montrant qu'il venait juste de quitter le feu et d'être servi. Je vis dans la salle quelques personnes l'avaler avec férocité, honnêtement je ne savais pas comment elles faisaient.

C'était insipide, gluant au point où on aurait pu en faire du mortier. Après une semaine à ne manger que cela, je n'en pouvais plus.

Je me trouvais dans une petite auberge dénommée ''L'Ours Bienveillant'', cela devait faire référence au propriétaire. C'était une véritable force de la nature et de ce que j'en avais compris, un ancien aventurier. Il était un peu brut de premier abord, il ne fallait pas lui chercher des noises, mais si vous vous montriez aimable et respectueux, il en faisait de même avec vous. J'avais pris l'habitude de le surnommer ''l'Ours'' en mon for intérieur, une chose que je me gardais bien de lui dire. La force de cet homme était sûrement suffisante pour vous arracher la tête du reste du corps et mine de rien j'y tenais à ma tête.

C'était dans tous les cas rassurant de savoir que c'était un type comme ça qui tenait la boutique. L'auberge se trouvait dans l'un des quartiers les plus pauvres de Shado, les rues étaient loin d'être un modèle de sécurité. Le bon point c'était l'absence de garde en patrouille, moins je les voyais, mieux je me portais. Je ne voulais pas prendre le risque d'être reconnu, en contrepartie je risquais de me faire agresser à chaque coin de rue.

Cela faisait maintenant plus d'une semaine depuis mon premier combat contre les Hystrix, et pour tout dire, rien ne s'était arrangé.

Les deux premières nuits, j'avais fait l'erreur de prendre une auberge respectable pensant que je pourrais subvenir à mes besoins en effectuant des quêtes simples. En théorie cela aurait dû être possible, mais c'était sans tenir compte de mon manque d'expérience et de mon équipement médiocre.

J'avais pris une quête de faible niveau à la guilde me demandant de tuer des sortes de slimes. J'avais cru que ce serait simple, je m'étais clairement trompé. Les slimes n'étaient pas ceux que je m'étais imaginés. Dans l'apparence ils ressemblaient aux créatures flasques qu'on voyait dans les mangas et les animés de mon monde, mais dans la pratique les tuer s'était avéré compliqué. Mon épée pouvait à peine les entailler et ces petites saloperies répliquaient.

J'y avais passé une journée entière pour finir avec seulement la moitié de la quête de réalisée et plus assez de temps. En revenant à la guilde, j'avais dû payer l'indemnité pour l'échec de la mission. Liz avait essayé de me remonter le moral, mais j'avais bien vu la pitié dans ses yeux. J'étais un véritable échec ambulant qui se retrouvait désormais quasiment sans un sou.

Le peu qu'il me restait servait à payer cette auberge de seconde zone. Je ne pouvais même plus me permettre d'accepter une quête à la guilde sans prendre le risque de devoir payer de ma personne en cas d'échec. Je risquais les travaux forcés, voire de devoir accepter un contrat d'esclavage pour rembourser ma dette.

Pour le dire de manière assez crue, j'étais dans la merde jusqu'au cou.

Pour l'instant la seule solution que j'avais trouvée, était de continuer à tuer des slimes sans quête, juste pour m'entraîner et me faire un peu d'argent. En mourant, ils laissaient tomber des cubes de gélatines qui pouvaient se vendre auprès des détaillants pour une petite pièce de cuivre l'unité. C'était franchement dérisoire, mais je n'avais pas le choix. L'auberge avec le petit-déjeuner et le repas du soir me coûtaient dix petites pièces de cuivre ou autrement dit une pièce moyenne. C'était évidemment bon marché, mais en contrepartie tout était médiocre, que ce soit le quartier, le lit et la nourriture.

Je devais donc tuer au moins dix slimes par jour. Dit ainsi on aurait pu croire cela facile, ça aurait dû l'être, mais pour moi c'était comme entreprendre l'ascension d'une montagne sans corde et avec seulement un piolet. En gros je risquais ma vie pour tuer des boules de gélatine vivante.

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