Chapitre 17 : Présentation officielle

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Il n'y eut ni lumière dorée ni ténèbres angoissantes. Quand je repris connaissance, avant même d'ouvrir les yeux, la première chose que je sentis fut une douce chaleur sur ma nuque. Ma tête reposait sur un coussin moelleux et chaud.

Une chose des plus étonnantes.

Le dernier souvenir que je conservais était empli de douleur, de colère, de haine et de rage. Je me souvenais avoir laissé mon brassard s'emparer de mon esprit pour obtenir la puissance de vaincre mon ennemi. Le loup-tempête avait été foudroyé et je m'étais retrouvé dans une mare de mon propre sang, lacéré de toutes parts par les griffes d'ivoire du monstre.

Mes paupières étaient lourdes et mon corps fourbu. J'avais l'impression de peser une tonne. Je sentais par moment la brise, mais aussi un souffle chaud me caresser les cheveux. Tout mon être me disait que j'avais survécu, pourtant j'avais du mal à y croire. Je m'étais peut-être habitué un peu trop facilement à l'idée de mourir.

Il faut dire que même si c'était terrifiant, j'avais la quasi-assurance de retourner auprès du vieux fou. Pour combien de temps ? Ça, je n'en savais rien. Si cela devait arriver, il pourrait très bien me filer un autre poste ou simplement m'envoyer dans l'au-delà. Encore faudrait-il qu'il survive à ma colère.

Rester ainsi aurait été agréable, mais je devais m'assurer de ma situation. Je tentai d'ouvrir les yeux. Une première fois, une deuxième, c'était assez difficile. J'avais l'impression de m'être fait rouler dessus. Ma vue était trouble. Je ne pouvais voir le bleu du ciel, une ombre planait au-dessus de moi. Il me fallut un moment pour stabiliser ma vue.

— Nagami ? Tu es réveillé ? Tu te sens bien ?

L'ombre venait de parler d'une voix pure et cristalline. On pouvait y déceler autant de joie que d'inquiétude.

Les brumes de mon esprit s'étiolèrent, mes pupilles se focalisèrent. Séléna me surplombait, visiblement inquiète pour moi. Ses longs cheveux auburn, légèrement cuivrés tombaient en cascade et venaient renforcer son regard vert émeraude.

Je fus subjugué par ses yeux.

— Réponds-moi s'il te plaît... Tu as mal quelque part ?

Le fait de ne pas lui avoir répondu la première fois semblait lui avoir causé encore plus d'inquiétude.

— Je vais bien, dis-je d'une voix pâteuse.

Je n'étais pas encore totalement sorti de ma torpeur. Je bougeai un peu la tête pour essayer de m'éclaircir les idées. Je vis alors que nous étions toujours dans la clairière où nous avions combattu. Le reste du groupe se trouvait non loin, discutant entre eux. Ils n'avaient pas encore remarqué mon réveil.

J'eus alors une soudaine montée d'adrénaline. Je venais de comprendre ce qu'était le coussin moelleux et chaud.

Il s'agissait des cuisses de Séléna.

Avec un mouvement de panique, je tentai de me relever. Séléna m'en empêcha, elle m'agrippa fermement par les épaules et m'obligea à reposer ma tête sur ses cuisses.

— Repose-toi encore un peu. Après ce qu'il s'est passé, ton corps en a besoin.

— Je me sens bien, je t'assure que ce n'est pas la peine.

Je tentai une nouvelle fois de me lever, sans plus de succès face à la détermination de Séléna.

— J'insiste, s'obstina Séléna, son visage rosissant légèrement.

— Tout le monde va bien ?

Honnêtement, je ne m'inquiétais pas vraiment de la bonne santé des compagnons de Séléna. Je n'avais agi que sur un coup de tête et parce qu'aujourd'hui était un jour où je me sentais l'âme en paix. Sans oublier le point le plus important, je voulais m'excuser pour mon comportement envers Séléna. Il y avait une distinction claire dans mon esprit entre trois catégories de personnes. Ceux qui étaient mes ennemis, ceux qui ne l'étaient pas et ceux qui m'avaient aidé.

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