Northwind

Chapitre 18

« Tu m'as tellement manqué. » Dit une voix douce derrière moi que je pensais ne plus jamais entendre.

« Maman ?! » L'appelle-je en me retournant remplie d'espoir.

Elle est là. Dans la même tenue qu'elle portait la dernière fois que j'ai pu la voir. Elle m'a tant manqué. J'aperçois derrière elle au loin une lumière. Elle m'appelle, j'ai envie d'aller voir. Je m'avance vers ma mère et me blottit dans ses bras. Je n'avais jamais pu ressentir ça. Les bras de ma mère autour de moi, dans une étreinte protectrice et réconfortante. Une étreinte d'amour inconditionnel d'une mère pour son enfant. Je savoure l'instant, tant que je le peux. Je cueille chaque seconde. Mais une question demeure, je ne suis pas en paix.

« Je suis morte ? » Lui demande-je.

« Non, disons que tu es entre les deux. Tu as le choix trésor. »

« Mais... Tu ferais quoi, toi ? »

« Je ne peux pas t'aider mon étoile, cette décision t'appartiens. »

Je n'avais pas entendu ce surnom depuis tant d'années. La douceur de sa voix me réconforte. Je suis entourée d'une douce chaleur et ce sentiment me grise. La lumière m'envoie à nouveau cet appel silencieux. Je m'écarte de ma mère et lui prend la main, lui souriant comme une enfant. Comme l'enfant qui retrouve sa mère après l'avoir perdue. Je ne veux plus être séparée d'elle. Plus jamais. J'ignore les appels étouffés que j'entends soudainement derrière moi. Je ne prête pas attention à cette voix que je connais pourtant. Mon unique but et de rester près de cette femme qui m'a tant manqué. Que j'aurais tant aimer connaitre davantage et avec qui j'aurais pu partager toutes mes joies et aussi mes craintes.

« Je vais revoir mamie ? »

« Elle t'attend. » Répond-elle avec un sourire qui vient plisser le coin de ses yeux remplis de bienveillance.

Les cris sont plus fort. Je resserre la main de ma mère que je tenais déjà avec fermeté, de peur de ne plus jamais la sentir. « Meghan » hurle la voix mais je ne veux pas l'écouter, elle est si lointaine. Je veux rester avec ma mère. Je veux voir ma grand-mère pour lui dire que je l'aime à défaut d'avoir pu lui dire aurevoir. Je veux rester dans cet amour et cette paix qui m'appelle de l'autre côté de cette lumière, si belle.

« Meghan ! » Pleur la voix devenue totalement clair dans une supplique déchirante.

Une force plus puissante que moi me tire vers l'arrière et je me vois tomber. Ma main s'arrache à celle de ma mère.

« Maman ! » Hurle-je à cette dernière qui s'éloigne de moi pour disparaître dans la clarté de la lumière, inaccessible à présent.

Alors que cette sensation de vide sous mes pieds s'accentue dans mon inconscient, la tristesse et la peur se font ressentir à nouveau. Je suis confrontée à la réalité qui s'impose à moi de plein fouet comme un coup de poignard. La voix. Elias me ramène du côté des vivants. Il m'éloigne de ma mère. Il ne me laisse pas le choix. Il m'éloigne de cette paix et de cet amour. Vient à présent la douleur. Ma tête, comprimée dans un étau ravageur. Mes côtes, cette douleur d'os brisés que j'ai ressenti plus tôt se fait maintenant connaître de part et d'autre de mon muscle cardiaque. Et ce dernier, qui ne demande qu'à s'arrêter tant la douleur de redémarrer est intense, tant il souhaiterait arrêter de ressentir tous ces sentiments négatifs. La colère, l'injustice, l'abandon. Mes poumons repartent à leur tour. L'air qui s'y engouffre est brûlant, laissant une nouvelle souffrance dans tout mon appareil respiratoire. NON ! Pourquoi a-t-il fait ça ? Il n'a pas le droit ! Il ne peut pas choisir à ma place ! Je n'ai pas la force d'ouvrir les yeux. Tout reste noir, mais cette fois-ci, je ne suis pas apaisée, je suis dévastée.