Epilogue

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Les guirlandes lumineuses du sapin de Noël scintillent dans la salle a mangé des Ryland, réchauffant la pièce de ce sentiment léger et convivial induit par les fêtes de fin d'année. Mon cœur est tout sauf à la fête et j'aurais plutôt souhaité rester enfermée dans ma chambre à pleurer le premier Noël que je passe loin de ma grand-mère. La table est mise pour huit personnes mais tous les invités savent déjà que seul quatre couverts seront utilisés ce soir. Elias, Suzan et sa grand-mère ont été généreusement invités par Vivian. Je suis intimement convaincue que c'est pour moi qu'elle l'a fait. Même si elle a du respect pour les deux sorcières, elle ne les porte pas pour autant dans son cœur. Je n'ai plus de famille, en tout cas génétiquement parlant. Les Ryland sont le seul foyer qu'il me reste. Privée de mes pouvoirs, je suis la seule humaine dans une vie de paranormal. La seule humaine parmi des vampires, sorcières, métamorphes et je ne sais quoi encore. Parée dans ma plus belle robe, – offerte par Aaron lors d'une virée en ville avec sa petite sœur pour les derniers achats de cadeaux – j'essuie la larme qui coule le long de ma joue. J'admire une dernière fois mon reflet dans la vitre de la fenêtre de la salle à manger avant de me diriger vers l'entrée, où j'entends la voix de Suzan résonner jusqu'à moi. Sourire et ne rien laisser paraître. Personne ne doit se préoccuper de moi ce soir. Personne ne doit voir que je suis dévastée, que derrière mon sourire souligné d'un rouge pétant, il y a un torrent de tristesse qui menace de déborder. Nous sommes le réveillon de Noël, et l'un de mes vœux les plus cher est de repartir dans l'autre monde. C'est un secret que je me dois de garder. Personne ne comprendrait.

« Meghan ! Quelle beauté ! Non mais regarde toi ! » S'exclame ma meilleure amie en m'étreignant plus fort que nécessaire.

« Merci Suzan. Mesdames, vous n'êtes pas mal non plus ! » Dis-je avec un clin d'œil aux deux sorcières mises sur leurs trente et un. Malgré l'âge, Chenoa garde une allure très gracile et féminine, arborant ses longs cheveux noirs parsemés de gris en un chignon parfait. Les deux femmes saluent le reste de la famille Ryland. Suzan s'attardant avec Camilla et Chenoa partant discuter à l'écart avec Vivian, je me retrouve seule un instant dans l'entrée et profite pour relâcher la pression. Ce n'est qu'une fête de Noël, après tout, rien ne sert de se mettre les nerfs à vif. Une main venant me serrer l'épaule avec affection me tire de ma rêverie en me faisant sursauter.

« Toujours aussi nerveuse... Moucheron. » Dit Aaron en déposant un rapide baiser sur mon front.

« Avec toi il faut que je reste sur mes gardes. » Le taquine-je.

Il me prend dans ses bras et je pose ma tête contre son torse de marbre. Profitant de ce moment d'insouciance pour chasser mes pensées moroses. Le jeune homme chuchote alors à mon oreille.

« Tout va bien se passer. Un simple regard et je serais là. Toujours. »

Je me contente de soupirer de soulagement. Il sait ce qui se passe en moi. Je reste persuadée que c'est la Marque qui met nos esprits en symbiose et j'aimerais qu'il en soit libéré. Aaron est malgré lui une sorte d'esclave consentant et c'est particulièrement malsain même si j'ai besoin de lui, de sa présence. Chacun y trouve son compte, si l'on peut dire. Les lèvres du vampire se rapprochent des miennes. Il est sur le point de t'embrasser ?! Ah non, non NON ! Réagit bon sang ! Sauvée par le gong, on toque à la porte une nouvelle foi et j'entends presque instantanément la voix de Trystan résonner derrière moi. Il était moins une ! Ces fêtes de noël sont décidément trop chaleureuses... Quand c'est au tour de la voix d'Elias de se faire entendre, je sens les bras d'Aaron se resserrer autour de moi. Je m'écarte de lui doucement et le gratifie d'un sourire gêné. Mon professeur de Mythologie se débarrasse de sa veste au moment où je me tourne vers lui. Il est en costume noir avec une cravate rouge ornée de petits sapin verts qui m'arrache un sourire. Une extravagance que je ne lui aurais pas cru possible. Il me sourit et mon cœur se brise et se réchauffe en même temps. S'avançant vers nous, il fait un simple signe de tête à son frère avant de reporter toute son attention sur moi. Me faisant fondre sous son regard de braise. Aaron se penche une dernière fois à mon oreille.

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