Northwind

Chapitre 4

Les jours passent à une vitesse folle. Cela fait déjà deux semaines que je suis arrivée et la vie semble être devenue une routine sympathique. Camilla est une vraie petite capricieuse et mon travail avec elle me met régulièrement à l'épreuve. Je commence à me faire aux coutumes locales et à l'alimentation totalement différente. J'ai également pu me rapprocher davantage de Trystan ces derniers jours, cela n'a fait que confirmer ce que je savais déjà. Ce sont bel et bien des vampires. Je reste méfiante et les observe chaque fois que j'en ai l'occasion pour en apprendre plus. Ne sachant toujours pas comment ils peuvent sortir au grand jour. Quant à Elias Weaver, il occupe malheureusement la majorité de mes pensées et cela ne s'arrangera pas de sitôt, étant donné que je le vois en cours trois fois par semaine. Le soleil manque à l'appel depuis presque cinq jours consécutifs. Vivian dit que c'est courant ici, et cela peut même parfois durer tout un mois entier. Ce matin, je sens la grosse migraine en préparation et je ne peux réprimer mon appréhension. Quand elle est là, je ne peux rien faire à part attendre. Je mets mes lunettes de repos pour essayer de la retarder un maximum. Pour en rajouter une couche, c'est une catastrophe avec Camilla. Elle fait exprès de traîner et refuse de prendre le bus. C'est son frère qui doit la conduire à l'école. Quelle peste ! Arrivée à l'université, je me dirige vers l'amphithéâtre indiqué sur mon emploi du temps quand je tombe nez à nez avec Aaron.

« Bonjour... Moucheron ! »

Il semble assez enjoué et affiche même un grand sourire. Je crois que je le trouve encore plus troublant et effrayant quand il est heureux qu'avec son air arrogant et désagréable. Je lui rends son bonjour et essaye de passer pour me rendre en cours mais il se poste devant moi. Je soupire d'agacement et il affiche alors un rictus froid. Voilà qui lui ressemble plus. Oh et cette façon de m'appeler "Moucheron" ! Depuis quand est-ce qu'on traite les gens d'insecte ? Faut dire que t'es assez faible aussi Meghan. Tu ne fais pas vraiment le poids contre un type pareil. Conscience ! Oui, la ferme je sais.

« La prochaine fois que tu fais mal ton boulot auprès de ma sœur et qu'elle loupe son bus, assure-toi que je n'ai pas à réparer tes erreurs. » Crache-t-il méchamment.

« Ce n'est pas moi qui ai voulu rester couchée ce matin, c'était ta sœur. » M'énerve-je. « Donc je fais mon boulot dans la mesure où elle veut bien se laisser faire. Si tu veux bien m'excuser, je vais être en retard en cours. »

Je lui lance un regard las et essaye à nouveau de passer. Il me retient par le poignet et mon cœur s'accélère. Je le fusille du regard.

« Ne t'énerve pas... Moucheron. On pourrait bien s'amuser tous les deux tu sais... »

J'essaye de dégager ma main et à ma grande surprise il ne m'en empêche pas. Je le regarde avec colère avant de le contourner pour me rendre en classe. Seigneur qu'il peut être exaspérant. Lorsque j'arrive devant l'amphi, tout le monde est déjà rentré. Et merde ! Voilà une raison de plus d'en vouloir à Aaron. Je soupire alors que mon mal de tête s'accentue et fait tambouriner mes tempes. Je pousse la porte de la salle et aperçois sur l'estrade le professeur Weaver qui tourne le dos à l'assemblée, en train d'écrire au tableau. Je dévale les marches en silence pour aller m'asseoir à côté de Suzan. J'arrive à sortir mon cahier de note et mon crayon avant qu'il ne se retourne. Je prends un air innocent, espérant qu'il ne m'a pas remarquée. Raté. A peine retourné que ses yeux perçants se posent sur moi avec une intensité qui me met mal à l'aise. Avec la chance que t'as, il va te mettre la honte devant tout le monde en faisant une remarque ! Conscience arrête c'est ta remarque à toi qui va me porter la poisse !

« Bonjour Mademoiselle je-suis-en-retard ! Ravis que vous nous fassiez l'honneur de votre présence. »

Je baisse la tête avec un air dépité. J'aurais mieux fait de rester couchée. Weaver a repris le fil de son cours. Il semble dans son élément et s'est appuyé avec nonchalance contre le rebord du bureau.