Chapitre 1 (partie 2)

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Quand je passe les portes d'entrée du manoir, Vivian se tient devant le grand escalier en compagnie d'Aaron. Il me lance un regard à glacer le sang et part sans même dire bonjour. Charmant. Je prends sur moi pour réprimer mon soupir.

« Vous avez pu faire tout ce que vous désiriez aujourd'hui Meghan ? » Demande Madame Ryland poliment.

« Oui. L'université est fabuleuse ! Mais les couloirs sont un vrai labyrinthe. Un peu comme cette ville, elle est plutôt grande ! »

Elle sourit et acquiesce avant de me répondre.

« Vous allez vite vous y faire, n'ayez crainte. Quand on la connaît, elle est même parfois un peu trop petite... Cette ville. » Dit-elle pour me rassurer avant de prendre subitement un air songeur. Ses sourcils se froncent de façon presque imperceptible. Elle semble contrariée.

« Vivian, tout va bien ? » Ose-je demander.

« Bien sûr, les enfants... Simple tracas de mère poule. » Répond-elle sans attendre. Comme une phrase toute faite déjà répétée cent fois. « Si vous le souhaitez, je vous ferais visiter le manoir demain mais pour le moment je vous prie de m'excuser, j'ai à faire. N'hésitez pas à faire un tour au jardin à l'arrière du manoir, les lys sont en pleine floraison. »

Elle esquisse un pâle sourire puis part en direction d'une pièce que je n'ai pas encore visité. Aaron, Camilla et Vivian ne se ressemblent pas vraiment. Ils ont tous une beauté olympienne mais leurs traits sont différents. Je me demande s'ils sont vraiment de la même famille. Plutôt qu'archéologue ou historienne je devrais me lancer dans une carrière d'investigatrice. J'aime inventer des aventures sordides sans raison valable. Je me rends à l'étage, plongée dans mes songes. Je suis brusquement ramenée à la réalité quand une petite tornade en robe rose déboule de nulle part et se plante devant moi. Camilla affiche un merveilleux sourire qui ferait fondre n'importe que cœur de glace ! Elle est adorable.

« Tu veux bien jouer avec moi ? » Demande la petite avec des yeux doux.

« Bien sûr Camilla ! A quoi veux-tu jouer ? »

Pour toute réponse, elle me fait signe de venir en rigolant. Cette petite à une vraie passion pour le rose. Toute sa chambre est de la même couleur que sa robe. Ce n'est pas la peine de demander qu'elle est sa couleur préférée. De nombreux, que dis-je très nombreux jouets sont éparpillés un peu partout dans la pièce. On dirait un vrai magasin pour enfant. Mon attention s'arrête sur toutes les poupées qui se trouvent sur son lit. Je ne manque pas de cligner des yeux plusieurs fois pour vérifier que ma vision ne me joue pas des tours. Elles sont toutes plus glauques les unes que les autres. Comment une petite princesse comme elle peut posséder des poupées aussi effrayantes ! Elles sont dignes d'un film d'horreur... Un peu comme la peluche quelle avait ce matin. Je ne manque pas de lui demander la raison pour laquelle elle a toutes ces poupées horribles plutôt que des poupées normales comme toutes les petites filles de son âge.

« Les poupées normales sont ennuyeuses et je ne les aime pas. » Répond-elle simplement.

Son joli sourire s'est effacé, elle a l'air irritée. Ne voulant pas gâcher le premier vrai contact que j'ai avec la petite fille que je vais devoir garder pendant presque un an, je décide de faire diversion.

« Tu veux qu'on joue à quoi ? » Demande-je avec conviction.

Le sourire de l'enfant réapparaît instantanément et nous commençons alors à jouer avec ses atroces poupées. Malgré les histoires effroyables qu'elle invente au fur et à mesure, le temps passe plutôt vite. Tout est parfait jusqu'à l'heure du souper où Camilla refuse catégoriquement d'avaler ne serait-ce qu'une seule bouchée. Quand je lui demande pourquoi, elle répond simplement qu'elle n'a pas faim. A mon grand damne, c'est ce moment qu'a choisi Aaron pour faire son entrée dans la pièce.

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